jc
06/12/2020
Il me semble avoir déjà fait un commentaire du genre de celui qui suit, peut-être même avec le même titre. Ici j'ai l'impression de progresser un peu (dans mon délire?) en associant "le cœur de la Matrice" (voir ci-dessous) à un œuf à féconder et le choc Covid19 à l'agent fécondant. Comme le dit si bien PhG dans "La crise de la raison (humaine)", "la sagesse, aujourd'hui, c'est l'audace de la pensée".
Partant du constat fait à la fin de l'article "Un climat lugubre"*, selon lequel "le cœur de la Matrice est désormais en jeu, directement menacé, affamé de lui-même, c’est-à-dire prêt à se dévorer lui-même, et gloutonnement.", l'analogie sociologie/biologie licitée par ma citation thomienne favorite** et l'intuition thomienne que l'assertion de nature translogique "le prédateur affamé est sa propre proie" est à la base de l'embryologie animale (que Thom associe à la catastrophe "fronce"), incitent à regarder comment Thom voit les choses en biologie, l'analogue du cœur de la Matrice étant l'œuf juste fécondé (le choc dû au Covid19 jouant le rôle de la fécondation par un gamète mâle***). Il en parle (au moins) dans MMM "Une théorie de la morphogenèse" et dans ES, pp. 80 et 86, écrit 20 ans plus tard. Thom, "à titre éminemment spéculatif", propose dans MMM une explication où il suggère que la première phase est la mise en route d'un grand nombre de cycles de réactions et le déblocage d'un grand nombre de degrés de liberté, qui s'exprime par un "gain de compétence" sans effet morphogénétique immédiat ; il qualifie cette première phase de catastrophe silencieuse. Vingt ans plus tard dans ES il n'est plus question de catastrophe silencieuse mais, plus précisément(?), de turbulence faible et de "marche au chaos" étudiées en dynamique des fluides.
Un rapport avec l'actualité sociale où nous serions en cette première phase de catastrophe silencieuse, alias de "marche au chaos", sans effet morphologique immédiat, phase qui serait vécue comme une période d'attente un peu angoissante pesant sur les psychologies (je tente ici de rebondir sur l'article du jour)?
*: https://www.dedefensa.org/article/rapsit-usa2020-un-climat-lugubre (dernière phrase)
**: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés."
***: "(...) il y a toujours une secousse qui s'est propagée, et cette secousse est de nature épigénétique, elle n'est pas de nature génétique. On ne peut pas dire que l'œuf quiescent programme son propre développement, ce n'est pas vrai. Au fond, c'est peut-être pour cela qu'il y a des mâles dans la nature en
un certain sens : on ne peut pas croire que les mâles soient vraiment très utiles, mais en fait, ils sont là pour donner la secousse ; je sais bien qu'il y a des animaux qui sont parthénogénétiques, mais enfin je ne sais pas très bien comment ça fonctionne, comment l'œuf à un moment donné se déclenche. Je crois que cet aspect-là est assez fondamental. La causalité matérielle est génétique, la causalité efficiente est épigénétique. Si on n'a pas fait cette distinction je crois qu’on ne comprend rien à la distinction génétique-épigénétique."
David Cayla
07/12/2020
En lisant ce texte, je me suis fait la réflexion que par contraste avec les Démocrates, les Républicains sont très attachés à l'ordre, la tradition, et en particulier la loi et le respect de la loi.
Mais, et je parle là des caciques républicains, il semblerait qu'ils n'aient jamais été réellement confrontés à la réalité de leur propre système judiciaire (ou disons qu'ils s'en accommodaient d'autant mieux qu'il cédait aimablement à leurs sollicitations ou savait se montrer indulgent au besoin). Ainsi, derrière ces recours forcenés qui s'empilent les uns sur les autres avec célérité, il y a effectivement ce côté bouffe avec ces recours que les magistrats rejettent les uns après les autres en balayant systématiquement d'un revers de la main les preuves criantes accumulées sous leurs yeux comme autant de poussières ("Va jouer avec cette poussière").
A rebours de cette tendance, ce n'est pas parce que le Wokenisme est un Rien qui s'affiche sans fards que la société américaniste (et américaine pour le cas des élections présidentielles US) n'est pas profondément pour ne pas dire viscéralement injuste qui méritetait d'être abattu ("Delenda est Systemum").
Et c'est là que se rejoignent ironiquement les deux camps adverses car le premier, celui du Système, incarné par les Démocrates, n'a pas hésité - comme vous le pressentiez - à prendre le contrôle du système judiciaire américain et du système électoral non pas tant sans se dissimuler (la fraude électorale ne peut être que grossière quand il s'agit de renverser un résultat des urnes par trop défavorable) qu'en assumant de devoir dévoiler au grand jour la parodie de justice qu'a toujours été le système judiciaire américain.
Sauf que voilà, le second camp, celui de la Réaction (que je préfèrerais à Anti-Système, Réaction évoquant aussi bien le principe action-réaction bien connu en physique que le concept du "Blow Back" bien connu de la CIA), incarné par les Républicains, ne peut en aucune manière accepter que le système judiciaire américain qui les a si bien servi jusqu'à présent ait été à ce point piraté, détourné de sa finalité première qui était de les protéger, d'assurer la pérennité de la société dans laquelle ils vivaient confortablement jusqu'à présent.
Alors bien entendu, et ce n'est finalement pas illogique, les tenants du Système incarnés au sein des médias (Système) et des GAFA (également Système) ricanent ouvertement des "déboires" de la Réaction qui semble découvrir seulement maintenant comment fonctionne vraiment le système judiciaire. Et après tout, peut-être fallait-il que la Réaction découvre cette réalité, et de quelle mannière !, pour "s'emparer" du sujet ?
Quant à penser que la Réaction "comprendra" une fois tous les recours épuisés (y compris et pourquoi pas auprès de la Cour Suprême des Etats-Unis ?) qu'il ne sert à rien de continuer à ruer dans les brancards et que c'est la Volonté du Système qui s'impose et rien d'autre, les prisons sont remplies de révoltés qui n'ont jamais accepté les décisions qui leur ont été imposées. Les uns acceptent leur sort en silence, les nerfs toujours à fleur de peau quand les autres deviennent des aliénés. Il suffit d'ailleurs de voir comment la population réagit aux alternances de confinement et de déconfinement, comment la raillerie se répand avec la colère qui n'est sans doute pas loin derrière pour comprendre que c'est rien moins qu'évident.
Alors avec des gens, ceux qui incarnent la Réaction, qui ont toujours été persuadés d'être du côté de l'Ordre, bien entendu leur Ordre mais qu'importe, qui se retrouvent brutalement confrontés à ce qu'ils considèrent comme une injustice absolue et qui sont particulièrement bien représentés au sein aussi bien des forces de l'ordre que dans l'armée ?
Et pendant ce temps, comme vous l'aviez écrit, pensé, pour nos dirigeants Système, la crise du coronavirus est effectivement devenue La crise. Ils n'ont jamais su aborder les autres crises autrement qu'en tâchant de les planquer sous le tapis, alors que celle-là, ils ont cru pouvoir la prendre à bras-le-corps, y voyant aussi une occasion inespérée aussi bien de contenir la consommation qui commençait à générer de très fortes pressions inflationnistes, le monde étant arrivé au bout de l'ère du pétrole disponible en abondance à des coûts raisonnables, que de contrôler des populations confinées, assignées à domicile, tout en espérant aussi y voir une manière de traiter la crise sanitaire en elle-même. Mais voilà, elle dure, et elle est devenue une crise en elle-même, omniprésente, étouffante, La Crise pour les contrôler toutes ?
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