Dedef
18/03/2009
Mais y a t il quelqu’un qui souhaitait vraiment le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN ? si oui QUI ?
Je n’ai pas trouvé un article qui en parle favorablement.
L’ego de NS doit souffrir. Quand à ses objectifs et raisons dans cette affaire, aucune idée.
Si quelqu’un en sait un peu plus, merci d’avance.
Dedef
20/03/2009
J’ai trouvé un article à ce sujet. A lire pour apprecier l’enthousiasme des britanniques.
http://news.bbc.co.uk/2/hi/programmes/from_our_own_correspondent/7942086.stm
CMLFdA
20/03/2009
Ceci est une question vraiment complexe, et je n’ai certainement pas de réponse toute faite. Mais je vais tenter de faire une liste de faits et de considerations… en reflechissant bien, il se pourrait que la decision de la France de rejoindre le commandement integré de l’OTAN soit après tout dans la logique “Gaulliste” de souveraineté, de puissance et d’influence de la France dans le monde. Reste à savoir si la France de Sarkozy, en plein tourbillon de crise systemique globale, sera capable de bien jouer la partie d’échecs qui va suivre…. Etre dans le commandement de l’Otan ou ne pas y être a peut-être au fond moins d’importance qu’on ne le dit. La vrai question est “comment y être” et “que faire à côté de l’OTAN”.
Considerations en vrac:
1. Sarkozy n’a aucune vision strategique; il n’a jamais lu les Mémoires de guerre du Général; il n’a jamais étudié la géopolitique et les relations internationales; il éprouve un amour béat de midinette pour les Etats Unis et pour le système économique anglo-saxon; il a été “introduit” à ce pays grâce à sa belle-mère Christine de Ganay et son second mari Franck Wisner Jr (CIA); il aime les USA en reaction à son aversion pour la France, où il ne s’est jamais senti intégré et accepté par la grande bourgeoisie parisienne…. on pourrait continuer la psychologie du bar Commerce, mais je crois qu’on a tous compris que Sarkozy est ambivalent par rapport à la France ...
2. Cependant, Sarkozy est un homme de pouvoir et le sort (mais aussi sa volonté “d’arriver”) l’ont porté à être élu president de ce pays. Sa réussite personnelle dépend en grande partie de la réussite et du rayonnement de la France dans le monde… cela explique en partie qu’il se laisse parfois entrainer dans des postures “gaullistes postmodernes”, qu’il engueule les USA au Congrès comme personne n’oserait le faire, qu’il sauve Alstom, qu’il parle de changer le capitalisme anglo-saxon, etc.
3. Sarkozy est aussi un “flic”, et un chien de chasse avec un flair extraordinaire. Il flaire les vides de pouvoir, il sait instinctivement quand les autres sont faibles et quand attaquer ... les USA sont faibles en ce moment. Il a foncé et pris leur place pendant la presidence de l’Europe, pendant le conflit en Georgie, et au debut de la crise economique/financière, il a retabli les relations avec la Syrie, il a voulu l’Union de la Mediterrannée, il s’est opposé à la BMDE. Il s’est positionné sur l’echiquier mondial, et il se positionne maintenant dans l’OTAN tout en clamant haut et fort qu’il faut integrer la Russie dans l’architecture de defense europeenne, et qu’il faut construire la defense europeenne…
4. Bien sûr, il ne suffit pas de crier sur les toits qu’il faut faire la defense europeenne pour qu’elle se fasse… mais reintegrer le commandement OTAN a au moins l’avantage de priver les autres pays europeens (soumis aux USA et contents de l’être car cela leur permet d’économiser, ou parce qu’ils ont perdu la guerre et sont occupés par les USA) de leur argument principal contre la defense europeenne proposée par la France: les Français veulent detruire l’Alliance Atlantique pour imposer une defense EU dominée par eux…
5. Sarkozy n’est pas le premier president français à avoir tenté de reintegrer l’OTAN: Mitterrand avait tenté un rapprochement auprès de Bush Senior (bien que cela soit démenti par Dumas, c’est cependant bien vrai!), Chirac avait tenté d’echanger la reintegration de la France au Commandement Intégré contre le poste de commandement Sud de Naples/Mediterrannée - impossible à accepter pour les americains car un français aurait ainsi été en charge de la flotte US…
6. La France est l’un des plus gros contributeurs en termes financiers et participe aux principales Op Mil de l’OTAN, ses soldats sont peut-être sous commandement français mais de facto, elle participe à des Ops plannifiées et dirigées par des anglo-saxons… cf Afghanistan…. Là, en plus, elle se retrouve prise dans une situation ambigue entre ISAF (OTAN) et l’Op americaine Enduring Freedom, sans pouvoir rien dire officiellement. Elle subit, comme on l’a vu cet été au cours de l’embuscade qui a tué nos soldats….
7. La DGA, que je fréquente beaucoup pour des raisons professionnelles, m’a souvent dit “off the record” que la reintegration du Commandement ne changerait strictement rien pour la France. On peut arguer que cela a tout de même son importance en termes d’image et de symbôle, que le signal envoyé au monde est la fin de l’exception française et de l’influence de la France. peut-être… Mais dans les faits, cela n’empêchera en rien la France de continuer à briller dans le monde si elle le veut. Cela ne changera rien à sa politique Arabe si elle veut continuer à avoir une politique Arabe…. Elle pourra continuer à être le pont entre Est et Ouest et entre Nord et Sud. D’ailleurs, dans les faits, Sarkozy n’a-t-il pas aidé la Russie et demandé à ce qu’elle soit inclue dans les futurs plans de defense europeenne? N’a-t-il pas joué un rôle dans la crise georgienne? etc…
8. Je crois qu’il faut vraiment reflechir et se poser la question suivante: dans les circonstances actuelles, qu’aurait fait le General de Gaulle? Pas facile de repondre… Il aurait fait ce qui était bon, tactiquement et strategiquement, pour l’influence de la France dans le monde en plein remodelage…. Est-ce vraiment si sage de se figer sur des positions de 1966 et de ne pas être proactif dans un monde en pleine crise? De Gaulle a obtenu à l’époque ce qu’il voulait: la force de frappe et l’evacuation des troupes US du sol français. Cela, personne ne nous l’enlevera jamais!
Désormais, dans la mesure où l’on décide de rester dans l’Alliance ET de combattre dans des Opex de l’OTAN, alors on a tout interet à faire partie du military planning, non?
9. Sarkozy semble avoir obtenu Norfolk (planning du futur de l’Alliance) et le commandement de Lisbonne (NATO Response Force-NRF)... pas mal, mais cela a au fond bien peu d’importance s’il n’y a pas une politique nationale forte derrière, et une vision strategique.
10. Le test ultime de cette affaire sera dans les efforts de la France (et son succes) à changer la methode des Americains en Afghanistan, à changer l’approche à ce grand “bordel” qu’est l’intervention occidental en Afghanistan… Un autre test sera le progrès de la defense europeenne (commandement integré, nombre de bataillons, acquisition de materiel d’armement europeen, renforcement de l’industrie de la defense europeenne et “préference europeenne”, et renforcement de l’Agence Europeenne de la Defense, etc.)... les autres pays de la LoI (Italie, UK, Espagne, Suède, Allemagne) n’auront plus d’excuse pour ralentir le processus et s’y opposer - comme ils l’ont fait lorsque l’Union de l’Europe Occidentale et le Traité de Lisbonne ont été étouffés et enterrés dans la seconde partie des années 90.
11. Alors, la France a-t-elle “cédé”? S’est-elle alignée pour toujours sur les Etats Unis? Ce n’est sûrement pas la reintegration dans l’OTAN qui peut nous donner la réponse ou quelque indication que ce soit… Mais plutôt, ce sont son attitude et sa politique dans les 10 prochaines années. Ce sont les sommes d’argent qu’elle investira dans les etudes amont “aviation de combat” et la R&D de la defense, et le nombre de rafales et de missiles qu’elle reussira à exporter, et le nombres d’alliances militaires qu’elle reussira à sigler.
Et peu importe si Sarkozy, par ce geste, voudrait couler l’esprit Gaulliste et voudrait la “rupture” pour ce pays qu’il aime et deteste à la fois (n’oublions pas que son grand père maternel, bien qu’étranger juif de Thessalonique, était profondement Gaulliste…), ou s’il pensait faire une faveur aux USA, ou bien faire un geste de “fayot” envers les USA…. Sarkozy n’ayant pas de vision strategique mais seulement de l’instinct pourrait bien, sans le vouloir, maintenir la puissance de la France et faire ce qui est dans son interet à long terme: si l’architecture de defense europeenne et la donne des relations internationales sont remodelées par la crise actuelle, si l’on a un changement de paradigme et d’ordre mondial, alors la France doit y participer pleinement et être partout pour vraiment peser.
12. Attention, je ne dis pas que tout cela finira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais la France restera ce qu’elle a toujours été... avec des moments de faiblesse, certes, mais toujours fièrement independante et souveraine. Et comme dit Sieur Grasset, parfois des scélérats sont portés par l’histoire a faire de grandes choses sans mieme s’en rendre compte… Ce dont je suis sûre, c’est que la reintegration dans l’OTAN n’empêchera jamais la France de continuer son bluff international et d’aller cahin-caha sur son chemin de grande nation universaliste. Il se peut que Sarkozy (et peut-être Merkel aussi…) rêve d’un grand espace euro-atlantique avec une monnaie commune (l’euro-dollar?), mais je ne crois pas que cela pourra se faire.
13. En conclusion, les echos qui me sont arrivés du clan anglo-saxon (des specialistes) sont assez comiques: ils craignent tous l’arrivée officielle de la France dans les structures Otaniennes, et ils disent qu’il va être très dur de devoir les affronter jour après jour, et de les contenir…. Si je voulais être optimiste, je dirais que la France pourrait même contribuer à la destruction ou à la transformation radicale de l’OTAN, qui n’a plus de raison d’être en fait depuis 1991…. L’avenir parlera. L’histoire se fera, en depit de nos inquietudes gaullistes.
CMLFdA
20/03/2009
U.K. Defense Chief Urges NATO Adaptation
By ANTONIE BOESSENKOOL
Published: 20 Mar 09:26 EDT (13:26 GMT) Defense News
Afghanistan is the “greatest test” NATO has faced since the Cold War and will be typical of future conflicts, said U.K. Defence Minister John Hutton at the Center for Strategic and International Studies on March 19.
Therefore, the 60-year-old organization must adapt to tackle the more ambiguous, amorphous threats than it faced in the past.
“NATO has to change because the challenges it faces are changing,” Hutton said. “Insurgency in Afghanistan or a cyberattack on Eastern Europe require very different responses” than threats NATO nations faced during the Cold War, Hutton said.
“Today we face a new set of challenges. NATO today must justify itself again to a new generation who has known nothing but peace and a united Europe, but who do recognize, I think, that our values and freedoms are once again under attack” Hutton said.
“Threats at this time do not come exclusively from enemies in hostile countries that challenge our borders, but instead often originate in hostile ideology that today respects no frontiers and harbors no moral compulsion.”
The United States has done well at putting new theories about the changing nature of warfare into practice, but NATO’s needed transformation might be a challenge for the United States, Hutton said.
“A new NATO depends on Europe having an equal say” in NATO’s future, he said. “The truth, I suspect, has been for much of NATO’s 60-year existence, that America has liked to lead, just as much as Europeans have liked to be led.”
More coordination between NATO and other organizations such as the United Nations, the European Union and the World Bank is needed. So is more consensus among NATO members on discretionary missions that aren’t direct attacks against members. During the Cold War, consensus was strong within NATO of its mission, and the alliance needs to build that strong consensus again, Hutton said.
“In my view, NATO does not need to choose between Article 5 [which states that an attack on any NATO member is an attack on all members], between counterinsurgency operations in Afghanistan and cyber warfare,” Hutton said. “Its priorities can and should be Article 5 and Afghanistan and cyber warfare.”
The lack of consensus about NATO’s aims is already hurting the alliance, he said.
“The NATO Response Force, for example, designed and intended to bridge the gap between Article 5 [and] crisis response has been hamstrung by this total lack of any consensus about its real role,” Hutton said. “As a result, NATO today lacks a rapid reaction force. And for the strongest, most effective military alliance in history, that represents an extraordinary failure.”
Also, more cooperation between NATO member nations and non-NATO allies is needed, he said.
“It’s right that we listen to respective views of our allies who live off NATO’s geographic periphery. They are also on the periphery of potential instability,” Hutton said.
Hutton also answered questions about several other defense issues after his speech, such as NATO’s relationship with Russia and Asia’s growing global economic influence.
Though Russia’s attacks against Georgia last year and its cutting off gas supplies through Ukraine raised “serious issues” NATO needs to address, a positive relationship between Russia and NATO is possible, Hutton said.
“NATO is a defensive alliance. It doesn’t pose a risk to Russia or anyone else,” he said. “It’s for NATO to decide who its members should be, and no one else.”
He added “It’s perfectly possible to have good, strong, positive relations with Russia. We want that. It’s always been our ambition to have that.”
On Asia, Hutton said, “We all have a variety of defense and security alliances involving Asia and Pacific countries. I think they complement overall the policy and direction of where NATO is going,” Hutton said. “I don’t think there’s anything fundamental that’s shifted in the economic balance of trade that we’ve seen in the last 20 years that we can’t rise to when it comes to security challenges and operations.”
Hutton declined to give specifics on acquisition decisions facing NATO, such as whether NATO members will consider canceling orders for the A400M military transport plane given the long delays in that program. He said it was too early to comment on that program.
On the same day of Hutton’s appearance at CSIS, Germany said it may consider canceling orders for the aircraft.
The time is ripe for change within NATO, Hutton said.
“We need to build an alliance for change within NATO,” Hutton said. “Your new administration here in the United States I think has the leverage and the vision to do this. There is an appetite out there for greater efficiency, greater effectiveness and real change.”
Afghanistan “is a conflict that we must win, not just because the future of NATO depends upon it,” Hutton said, “but because the security of every NATO member and all of our [International Security Assistance Force] allies is inextricably ]linked] to it. It is a war that will typify the very nature of future conflicts for this generation and the next.”
Dedef
21/03/2009
J’ai trouvé un autre article à ce sujet , plutot dans le sens indiqué par CMLFdA - (dude686[at]libero.it)
AP Interview: French Defense Minister Opposes Global Role For NATO, Urges Talks With Russia - PARIS, Mar. 17, 2009
http://www.cbsnews.com/stories/2009/03/17/ap/europe/main4872345.shtml
Et merci pour le long commentaire. J’en déduis tout de méme que personne à l’Otan n’était vraiment demandeur, pour dire le moins.
Père Iclès
22/03/2009
Repris par le reseau voltaire, voilà ce que dit John J. Mearsheimer, Professeur de sciences politiques à luniversité de Chicago des effets de l’ingérence du lobby israelien dans l’affaire de la nomination puis de la démission de Freeman.
Le conflit couve…
CMLFdA
23/03/2009
Veuillez noter la correction suivante au paragraphe 10:
À la place de “Traité de Lisbonne”, “Traité de Bruxelles modifié (qui fonde l’UEO)”.
Toutes mes excuses. Un lapsus!
10. Le test ultime de cette affaire sera dans les efforts de la France (et son succes) à changer la methode des Americains en Afghanistan, à changer l’approche à ce grand “bordel” qu’est l’intervention occidental en Afghanistan… Un autre test sera le progrès de la defense europeenne (commandement integré, nombre de bataillons, acquisition de materiel d’armement europeen, renforcement de l’industrie de la defense europeenne et “préference europeenne”, et renforcement de l’Agence Europeenne de la Defense, etc.)... les autres pays de la LoI (Italie, UK, Espagne, Suède, Allemagne) n’auront plus d’excuse pour ralentir le processus et s’y opposer - comme ils l’ont fait lorsque l’Union de l’Europe Occidentale et le Traité de Bruxelles modifié (qui fonde l’UEO) ont été étouffés et enterrés dans la seconde partie des années 90.
Stéphane Reposo
24/03/2009
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