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Article : La “bonne gouvernance” de l’UE en recul, sinon en crise

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Pour une grande partie du monde, la référence première n’est pas la chute du mur de Berlin, les droits de l’homme, c’est d’abord et avant tout la fin

Christian Steiner

  17/09/2008

En écho, cet extrait de l’« actualité commentée par Pierre Hassner », Philosophie magazine n°21, juillet-août 2008 :

« Il est sidérant de voir qu’un gouvernement [Birmanie au lendemain du cyclone Nargis] préfère laisser mourir sa population plutôt que d’ouvrir ses frontières [au navire de guerre français apportant de l’aide]. Mais l’intention morale et humanitaire de l’Occident ne rencontre pas seulement la résistance des tyrannies. Elle passe de plus en plus mal auprès des nations du sud en général. Moi qui suis un militant de l’intervention humanitaire et même de l’ingérence militaire face aux génocides, je crois qu’il faut aujourd’hui contourner deux obstacles. D’abord éviter que le libérateur et le porteur d’aide n’apparaissent comme un occupant potentiel. Ensuite, avoir la conscience qu’on est dans un monde où l’impulsion anti-occidentale est de plus en plus grande. Même face au cas birman, les gouvernements avoisinants pensent : ce n’est pas à eux de nous dire ce qu’il faut faire, l’initiative doit venir de nous. Il aurait donc été plus habile d’associer les pays frontaliers à cette opération. Car la suspicion anti-occidentale est omniprésente. Voyez l’indépendance du Kosovo, qui n’est pas reconnue par aucun pays musulman parce qu’elle apparaît comme une création occidentale. Voyez l’Union pour la Méditerranée de Sarkozy, accueillie avec suspicion par les pays arabe qui refusent de cohabiter avec Israël dans un ensemble défini par les Européens. Même Kadhafi avec qui Sarkozy s’est humilié en le recevant en grande pompe, la rejette. Et même les Turcs, à qui le président français croyait offrir une compensation pour leur exclusion de l’Union Européenne, la refusent. Pour une grande partie du monde, la référence première n’est pas la chute du mur de Berlin, les droits de l’homme, c’est d’abord et avant tout la fin de la domination occidentale. »

De la Birmanie à la Mer Noire

Christian Steiner

  17/09/2008

La citation de mon précédent post, la citation de Pierre Hassner, se référait au refus birman, au lendemain du cyclone Nargis, de laisser accoster l’aide française, qui l’était par ailleurs de manière symptomatique à bord d’un navire militaire (qu’on fasse appel aux militaires peut se comprendre pour certaines raison pratiques d’intendances, mais tout cela commence à avoir de trop troublantes proximités avec les « bombardements humanitaires » tels que l’élite occidentale la pratique en l’étalant au vu et au su du monde entier depuis bientôt une quinzaine d’année.

D’ailleurs les Russes ne s’y trompent pas, qui disent au sujet de la crise géorgienne (je le reprend de votre Bloc-note de du 28/08/08,  « Tension en Mer Noire ») :

»General Anatoli Nogovitsyn, deputy chief of the Russian General Staff, accused Nato of “ratcheting up tension” in the Black Sea. Mr Peskov said: “It’s not a common practice to deliver humanitarian aid using battleships.”»