Nicolas Prenant
31/01/2020
C'est amusant car il y a trois jours, sans même savoir que l'horloge avait de nouveau été "réglée", j'écrivais sur mon blog perso :
"A trop faire joujou avec la communication, on peut mettre le doigt dans un engrenage, susciter un emballement, ou au contraire, à la façon de Cassandre, lasser et faire que l'opinion se détourne de tel ou tel sujet. La sur-exposition des problèmes dits climatiques ne finira-t-elle pas par faire du tort à l'écologie, si aucune prédiction ne se réalise dans les cinquante prochaines années ? Est-ce que cette fameuse horloge de la fin du monde, perpétuellement bloquée vers minuit moins deux, trois ou cinq, ne finira pas par se dégripper et annoncer minuit pile à l'heure où un missile partira « malencontreusement » ?
Notons qu'on la nomme aussi « horloge de l'apocalypse », et qu'apocalypse signifie en réalité « révélation ». Que finira ou non par nous révéler cette horloge (symbolique) ?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Horloge_de_la_fin_du_monde
Et comment la rapprochera-t-on encore de minuit, si la tension apparente monte de plusieurs crans mais que rien n'arrive ? Minuit moins 3 secondes, 2 secondes ?
On voit bien que l'on joue à se faire peur, mais que ce n'est pas parce qu'on ne fait que marcher sur le bord du ravin qu'on ne risque pas réellement de tomber… Qui vivra verra ?"
Encore un peu, et on pourra compter en dixième de secondes, pour faire mieux jouer le suspense hollywoodien…
jc
31/01/2020
La corrélation entre le déchaînement du langage et celui de la pensée politique a été remarquée il y a longtemps par Joseph de Maistre qui
"fit valoir la congruence essentielle existant entre l’état du langage, d’un côté, la santé et les fortunes du corps politique de l’autre. En particulier, il découvrit une corrélation exacte entre la décomposition nationale ou individuelle et l’affaiblissement ou l’obscurcissement du langage : en effet, toute dégradation individuelle ou nationale est sur-le-champ annoncée par une dégradation rigoureusement proportionnelle dans le langage… "
Y-a-il une corrélation entre le déchaînement du langage -la chaocommunication- et le déchaînement de la matière (en Matière)? Pour moi oui, assurément: les enchaînements de la matière, du langage, de la pensée ne sont concevables que par des penseurs du continu (René Guénon et René Thom sont de tels penseurs, denrée très rare depuis Aristote).
Je suis convaincu qu'il est impossible de concevoir correctement le changement sans savoir résoudre correctement les paradoxes de Zénon, paradoxes dont la résolution exige d'être un penseur du continu¹. Je me suis tout récemment exprimé en grand détail sur ce site à ce sujet, essentiellement en ce qui concerne le déchaînement de la matière. Mais le problème est le même en histoire: pour moi on ne peut être un véritable historien, c'est-à-dire un métahistorien, sans être -consciemment ou non- un penseur du continu. Cf. tiersinclus.fr/tolstoi-guerre-et-paix/
¹: Cf. les derniers chapitres des "Principes du calcul infinitésimal" de René Guénon.
jc
01/02/2020
Pour PhG le Système tient essentiellement sur deux sous-Systèmes: celui du technologisme d'une part, et celui de la communication d'autre part¹:
"Le Système possède lui-même, comme “outils” essentiels, deux sous-systèmes dans ce cas, mais systèmes en eux-mêmes : le système du technologisme et le système de la communication." .
Aussi je crois qu'il faut concevoir deux horloges de fin du monde: une horloge technologique et une horloge communicationnelle, horloges qui mesurent, chacune dans son domaine, l'état psychologique du monde.
Côté technologisme, ce qui a changé c'est l'automatisation des déclenchements d'armes, y compris peut-être de destruction massive avec intrusion possible de la communication technologique (risque de déclenchement par cyber-intrusion), et on sait que ce qui différencie l'intelligence artificielle de l'intelligence naturelle, c'est son manque total de conscience (Mr Robot: "Même pas peur!").
Mais le sujet de cet article c'est l'autre volet, c'est la communication entre humains. Et l'horloge communicationnelle mesure la température de l'humanité (selon moi beaucoup plus importante pour l'avenir de la planète que la température de ladite planète). Et là tout docteur en sociologie ne peut que constater qu'actuellement cette température monte dangereusement un peu partout dans le monde; et, parmi eux, les "cyclistes" feront le diagnostic que le moteur à explosion social est à la fin de l'âge de fer, phase yang-yang, tout proche de l'explosion. Donc tout proche de l'apocalypse?
(Étymologiquement une apocalypse est un dévoilement qui ne nécessite pas nécessairement une explosion préalable (en traversant la cascade Zorrino dévoile un monde nouveau -le "royaume" du Temple du soleil-).)
Au contraire de l'Histoire, qui nous apprend que l'apocalyse qui clôt le cycle du Manvantara dévoile un paradis terrestre (yin-yin), l'histoire-courante, elle, nous apprend que, presque toujours, les révolutions (en particulier les révolutions des peuples, à distinguer des "coups", révolutions "de palais") sont presque toujours suivies de contre-révolutions top-down, menées par des leaders "charismatiques", bien rarement favorables aux peuples.
Sommes-nous actuellement dans l'histoire ou dans la métahistoire? C'est, je crois, toute la question.
Dans l'hypothèse historique on risque fort de passer par une phase de shoacommunichation. Philippe Grasset fait ainsi remarquer dès le tome II de "La Grâce" qu'en période révolutionnaire des gens dits normaux deviennent des barbares de la pire espèce (cf. pp.267 et suivantes).
(Il y a trois jours j'ai été traumatisé par la découverte du génocide franco-français ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_G%C3%A9nocide_franco-fran%C3%A7ais ), d'autant plus que je me suis marié à La Chapelle Basse Mer où j'étais encore, il y a tout juste une semaine, "en belle-famille". Matière à penser…)
¹: https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-technologisme-versus-communication-1
jc
01/02/2020
Rachel Bronson (relayée par PhG): "L’environnement de l'information est devenu compliqué et il est de plus en plus difficile de séparer les faits de la fiction, ce qui a rendu toutes les autres menaces plus importantes."
C'est pour moi l'occasion de placer une fois encore la citation thomienne suivante:
Lorsqu'on a compris – à la suite de T. S. Kuhn – le caractère « automatique » du progrès scientifique, on se rend compte que les seuls
progrès qui vaillent sont ceux qui modifient notre vision du monde – et cela par l'élaboration de nouvelles formes d'intelligibilité. Et pour cela il faut revenir à une conception plus philosophique (voire mathématique) des formes premières d'intelligibilité. Nos expérimentateurs, sempiternels laudateurs du « hard fact », se sont-ils jamais demandé ce qu'est un fait ? Faut-il croire – ce qu'insinue l'étymologie – que derrière tout fait, il y a quelqu'un ou quelque chose qui fait ? Et que ce quelqu'un n'est pas réduit à l'expérimentateur lui-même, mais qu'il y a un « sujet » résistant sur lequel le fait nous apprend quelque chose ? Telles sont les questions que notre [natur]philosophe devra constamment reposer, insufflant ainsi quelque inquiétude devant le discours volontiers triomphaliste de la communauté scientifique. Bien sûr la Science n'a nul besoin de ce discours pour continuer. Mais il restera peut-être quelques esprits éclairés pour l'entendre, et en tirer profit."
Et celles -ci, pour ceux qui penseraient que la citation ci-dessus ne s'adresse qu'aux scientifiques:
- "(...) il faudrait beaucoup d'outrecuidance pour croire qu'il existe une frontière stricte et clairement définie entre Science et Non-Science."
- "Finalement, le problème de la démarcation entre scientifique et non scientifique n'est plus guère aujourd'hui qu'une relique du passé ; on ne le trouve plus guère cité que chez quelques épistémologues attardés – et quelques scientifiques particulièrement naïfs ou obtus."
- "Il existe au départ un obstacle à l'existence d'une philosophie de la nature : c'est celui que pose le problème de la « démarcation », à savoir l'établissement de critères permettant de distinguer la connaissance scientifique de celle qui ne l'est pas : un « Naturphilosoph » ne saurait être "démarcationniste". Ce problème qui a eu pour l'épistémologie positive et néopositive une importance cruciale a aujourd'hui perdu beaucoup de son acuité."
Je me demande si beaucoup de faits pour les historiens ne sont que des fictions pour les métahistoriens. Et réciproquement?
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