Yan Pascal
12/02/2010
Je lis toujours vos articles avec un grand intérêt. Mais dans celui ci, vous écrivez que “Cette attaque fut conduite par une pensée moderniste déstructurante, aisément identifiable dans un mouvement à la fois technocratique pour la substance et libérale pour l’idéologie, qui caractérise la modernité.”
Que l’attaque soit moderniste, déstructurante et que ce mouvement soit technocratique ne fait aucun doute.
Cela dit, ce mouvement peut être qualifié de tout, sauf de libéral ! Au contraire : Il est viscéralement antilibéral, censeur, dirigiste et ne cache pas ses tendances autoritaires et oppressif (voir pour cela les lois européennes qui nous conduisent, par exemple vers LOOPSI en France).
Le libéralisme prône le laisser-faire dans les affaires économiques. Force est de constater que les étatistes actuellement à l’oeuvre ont réussi le tour de force d’à la fois déjouer les règles de la concurrence et de faire porter le chapeau action à “l’ultra-libéralisme”.
Le fait que ce soit des entreprises privées qui recoivent généreusement des monopoles déguisés en délégation de service publics (assainissement) ou des modèles économiques maintenus artificiellement en vie (industrie du disque) vous induit en erreur, mais n’est en réalité que la conséquence de la profonde corruption et du clientélisme des technocrates en place.
Et je ne parle pas du monde financier, qui a réussi à privatiser le droit on ne peut plus public de gérer sa monnaie. Ceux qui sont à blâmer ne sont pas le banquiers, mais ceux qui leur ont ouvert la boite de pandore !
Cette caste autocratique déconnectées de toute réalitée est tellement imbue de son pourvoir, qu’elle n’hésite pas à demander de revoter lorsque les électeurs d’un pays ou l’autre votent “non” quand l’on demande au bon peuple de légitimer ce cirque.
Ce qui est entrain d’arriver (privatisation des profits, socialisation des pertes) n’est que la conséquence de l’action de personnalités au mieux incompétentes, au pire corrompues, qui n’ont de compte à rendre à personne.
C’est exactement ce qui est à l’origine du mouvement des tea-party aux états-unis.
Francis Lambert
12/02/2010
On peut légitimement douter que “Ce climat explique fondamentalement l’attitude de Merkel”.
Déjà ce “fondamental” me heurte, sinon par humour? Mais je pense plutôt à une projection d’être en explication du monde, pourquoi pas c’est une tentation philosophique et comment ne pas être légitimement aussi Maistrien qu’on l’admire? Moi souvent, mais j’aime me diviser autant dans l’impuissance du commentaire, donc allons y comme on se gratte quand ça dérange:
“Mais qui laisse donc une poignée de spéculateurs déclencher un short de huit milliards de dollars contre l’euro ? C’est une grosse somme pour des opérateurs privés qui risquent une partie de leurs fonds propres… c’est une goutte d’eau pour la BCE : pourquoi ne riposte-t-elle pas ?
Paul Krugman propose une explication : “l’Europe est une sorte de grand corps malade, trop vite cousu de membres épars mais dépourvu d’un système nerveux à la taille de son organisme”. (NB: je préfère ... l’UE est l’invité permanent au “dîner de con” des Nations).
Même si sa formulation est ingénieuse et pertinente, cela nous semble un peu court. Si l’euro rechutait sous les 1,3650 $ jeudi après-midi, après la prise de parole de deux grands leaders européens depuis Bruxelles, c’est parce que la BCE le veut bien.
Et vous ne trouverez pas beaucoup d’industriels européens (exportateurs allemands en tête) pour regretter le récent recul de la monnaie unique : qui ne souffle mot consent !”
Extrait de http://www.la-chronique-agora.com/articles/20100212-2496.html
“Pour la Grèce comme pour l’euro, la BCE pourrait agir autrement” par Philippe Béchade
“Peut-on politiquement laisser tomber la Grèce ?
À mon sens, si les autres pays de la zone euro lui prêtaient de l’argent pour la sauver, ce serait envoyer le mauvais message.
Ce pays n’a jamais respecté la discipline budgétaire depuis le début de l’Union monétaire et ce qui lui arrive n’en est, somme toute, que la conséquence. Le laisser entre les mains du Fonds monétaire international serait la bonne solution.
N’y aurait-il pas un risque d’effet domino ?
Et alors ? Si le Portugal et l’Espagne se retrouvaient en cessation de paiement, ce ne serait pas la fin du monde. Il y aurait simplement une baisse assez nette de l’euro, ce qui serait une bonne chose alors que nous sortons péniblement d’une forte récession.
Cela ne risquerait-il pas de faire éclater la zone euro ?
Pour que la zone euro éclate, il faudrait que des pays décident de la quitter en violant leurs engagements puisqu’il n’y a pas de ticket de sortie de prévu dans les traités. Surtout, si la Grèce réinvente la drachme, elle s’effondrera immédiatement, et sa situation serait infiniment pire que si elle restait dans la zone euro.
Je pense que la zone euro est très solide, car personne n’a intérêt à en sortir.
J’en ai beaucoup d’autres au risque de fatiguer ... quelle utilité à tout ramener à un fondement sinon en manipulation “Bushienne” du bouton salvateur dans sa simplicité biblique. Bush est Maistrien pour l’expliquer? (Bush étant une métaphore américaniste).
Christian Steiner
13/02/2010
@ Yan Pascal [en fait : à cet étiquette de « libéralisme » que daucun essaie encore de sauver de la ruine morale ]
« Le libéralisme prône le laisser-faire dans les affaires économiques » par devant… et par derrière la pression sur ceux qui détiennent les pouvoirs politiques et bureaucratiques, le clientélisme, la corruption etc. Ce sont les deux faces absolument inséparable de la même pièce.
De même quon a jamais vu le Communisme idéal, utopique, des partisans de ce dernier, mais seulement le « socialisme réellement existant » si abondamment critiqué par les détracteurs ou les réformistes en son temps, de même on ne verra jamais, au grand jamais, le Libéralisme idéal, utopique des partisans de ces derniers. Et ce pour la très simple raison, compréhensible par un enfant de 12 ans, quils confondent la liberté avec la licence (et ça, croyez-moi, un gamin de 5 ans fait tout de suite la différence!), et quau niveau conceptuel ils réduisent les ambitions des êtres humains à ce seul faux nez quest le « rationalisme économique », au mépris le plus totale des autres dimensions (sociales, affectives, cognitives, collectives, culturelles, relationnelles, transcendantes, imaginaires, oniriques, créatrices, civilisationnelles, intellectuelles, artistiques) de la vie humaine.
Je pensais que, depuis le temps, cétait clair…
Réfléchir rationnellement aux moyens économiques, nécessaires pour les entreprise humaines, je ne suis pas contre, bien au contraire. Faire de ces moyens la finalité ultime, lidole sur lautel duquel il faut sacrifier tout le reste, y compris et à commencer par les entreprises humaines susmentionnées, cest autre chose.
Il y a vingt de cela (et javais vingt ans à cette époque), jai vu un petit autocollant avec sur le côté gauche le drapeau de lURSS biffé, disant : « One evil empire down », et de lautre côté, côté droit comme il se doit, le drapeau des USA disant « still one to go (down) »
Et en vingt ans, rien, mais rien du tout nest venue démentir ce raccourcis génial. Et pourtant jai regardé à droite, à gauche, au milieu, par en dessous, par en dessus
Quand donc pourrons-nous réfléchir par nous-même ? Ne pas se mettre derrière la bannière du plus fort et du plus hypocrite ?
Je nai, là encore, rien contre le fait de me mettre derrière la bannière du plus fort, du moment que cest juste. Et a contrario, jaime bien les combats perdus davance, si cest juste là également ; mais pour lamour du ciel (ou des humains), arrêtons avec le libéralisme-TINA-Bible-Vérité Ultime pour le Bien de lHumanité !
Si vous tenez vraiment à défendre certaines thèses du libéralisme, faite-le ; il y a assurément des points corrects, utiles, nécessaires, et je pourrais vous les citer moi-même. Mais cessez donc de défendre cette étiquette, le « libéralisme », qui dans son fonctionnement réel, dans le fonctionnement réel des gens qui le défendent intellectuellement, pratiquement, impose structurellement tout ce que vous dénoncez par ailleurs.
jean-jacques hector
13/02/2010
Il faut (re)lire les leçons de Michel Foucault au Collège de France de 1978 à 79. A propos du libéralisme et des tropismes états-uniens et allemands vers des politiques économiques impériales pour asseoir leur domination, à défaut de pouvoir assurer leur légitimité de nations régaliennes par l’histoire.
Ainsi que la façon dont le marché est devenu source de vérité
(véridiction) au 17emé siècle, au détriment des anciennes procédures de droit, mesurant ainsi la légitimité des gouvernement à gouverner à l’aune de l’impact de leurs décisions sur le comportement des marchés.
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