Forum

Article : La deuxième Guerre de Sécession

Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier

L'empreinte de l'histoire

Morbihan

  13/04/2010

Ayant passé l’essentiel de ma jeunesse en Belgique, j’y ai donc fait mes “humanités”, puisque c’est ainsi que l’on nomme les études secondaires.

J’y ai découvert un professeur d’anglais, et non pas d’histoire, qui nous a alors décrit les causes fondamentales, selon lui - et j’en garde l’empreinte vivace, qui aura contribué à me faire aimer l’histoire et la géographie - de la guerre de Sécession.

Ne perdons pas de vue que la Belgique est un pays fortement imprégné de culture anglo-saxonne: l’anglais (pour éviter les vicissitudes de la guerre linguistique), les uniformes de l’armée belge, ...

Donc, il nous décrit les causes de la guerre de Sécession, selon lui. Le Nord, se constituant une industrie encore fragile, exige la mise en place d’un protectionnisme (toujours en place, malgré les discours) là à l’encontre de la Grande-Bretagne; le Sud, exportateur de son coton - sa seule richesse - a, au contraire, besoin d’un système de libre échange.

La guerre de Sécession n’a alors, comme souvent, d’autre cause que la résolution, au bénéfice du plus fort, d’un conflit économique.

Je suis encore, cinquante ans plus tard, convaincu de la pertinence de ce point de vue. Et convaincu que “l’histoire officielle” n’est jamais que l’apologie du vainqueur. Merci, infiniment, à ce professeur d’avoir ouvert en moi une - petite - capacité de réflexion.

Tout comme ces légions romaines qui, sous les ordres de Jules César, traversaient la Gaule à la vitesse d’un TGV tout en construisant les voies romaines. C’est mignon, lorsque l’on constate à quelle vitesse nos DDE (Directions Départementales de l’équipement) bouchent les trous de nos routes nationales…

Le “politiquement correct” est, aujourd’hui, l’archétype de l’histoire revue et corrigée par le vainqueur (le mâle dominant - le mal dominant?). Sauront-nous - car nous le pouvons - nous en libérer? I hope so. Et je l’espère :-)

diverses façons de récrire l'histoire

geo

  14/04/2010

extrai de Karl Löwith

“De Hegel à Nietzsche.”

(.......)

  La formule « récrire l’histoire », Gœthe dit l’avoir empruntée
à quelqu’un qui « l’avait dite quelque part ». Il la cite dans une
lettre se rapportant à un ouvrage de Sartorius sur le gouver-
nement des Ostrogoths en Italie. En voici le texte : « On a dit
quelque part que l’histoire universelle devait de temps en temps
être récrite, et quand y eut-il une époque qui le rendît si
nécessaire que le nôtre? Vous avez donné un excellent exemple
de la manière d’y procéder. La haine des Romains contre le
vainqueur pourtant doux, leur entêtement à rêver de privi-
lèges révolus, le vœu d’un régime différent, sans qu’ on sût
lequel, les espérances sans fondement, les entreprises à l’aveu-
glette, les alliances dont on ne pouvait tirer aucun fruit, et
tous ces maux qu’entraînent à leur suite semblables époques,
tout cela vous l’avez très bien décrit, et vous nous avez prouvé
  qu’il en alla véritablement ainsi en ces temps-là . »
  Récrire l’histoire n’a donc nullement pour Gœthe la signi-
  fication actuellement en usage. Il ne s’agit pas de confirmer
  le présent, mais au contraire de réhabiliter le passé, de décrire

tout comme il en alla « véritablement » en ces temps-là. Cette
prétention à l’objectivité historique n’est désavouée qu’en
apparence par les allusions à la situation contemporaine :
Gœthe applaudit au tableau que donne Sartorius d’une époque
appartenant à un passé reculé et se réfère implicitement à
l’époque qu’il vit lui-même; sans doute sa lettre, datée de 1811,
parle des vainqueurs et des vaincus de jadis mais il pense aussi à
la réaction impuissante des Allemands contre l’hégémonie napo-
léonienne. L’expérience de « l’époque actuelle », si elle impose
de récrire l’histoire, n’empêche pas, mais au contraire permet
de bien étudier ce qui se passa autrefois, car ce qui arrive aujour-
d’hui rappelle’ ce qui fut jadis. L’histoire répète certaines
formes fondamentales de destinées humaines « sous mille cha-
marrures bigarrées ». Elle doit être récrite « de temps en temps »
parce que les illusions, les vœux, les espérances et les entre-
prises des temps révolus n’apparaissent tels qu’ils ont dû être
qu’à la lumière de circonstances analogues. L’esprit clair de
Gœthe, bien loin de critiquer la connaissance objective de la
vérité historique pour prôner une subjectivité partiale, condam-
nait l’historisme dès qu’il lui semblait « sans probité », parce
qu’accommodé à des desseins subjectifs. Plus nettement encore
que dans la lettre à Sartorius, Gœthe précisa dans l’Histoire de
la théorie des couleurs (à la fin de la troisième section) ce qu’il
entendait par récrire l’histoire. « Que l’histoire universelle
doive de temps en temps être récrite, il ne demeure aujour-
d’hui aucun doute là-dessus. Mais une telle nécessité ne pro-
vient pas de la découverte tardive de certains faits, elle résulte
des vues nouvelles auxquelles accède le contemporain d’une
époque plus avancée, parce que son point de vue lui permet
de dominer et de juger le passé d’une manière nouvelle. II en
va de même dans les sciences. » II fallait surtout se méfier à ce
point de vue du XVIIIeme siècle qu’on pouvait à juste titre appe-
ler siècle « prétentieux », car il fut injuste à plus d’un titre
envers les précédents! « Scepticisme et critique systématique »
aboutirent au même résultat, « une vaniteuse autosatisfaction »,
une condamnation de tout ce qui n’est pas directement
analysable et un inquiétant manque d’indulgence envers toute
« hardie tentative avortée ». Gœthe reprochait essentiellement
aux historiens du XVIIIeme siècle l’absence de profondeur et
d’équité dans leur appréciation des autres siècles et des autres
hommes ; aussi estimait-il nécessaire de refaire leurs travaux.
Gœthe, dans son esprit de justice, refusait « l’exorcisme »
du siècle des Lumières, acharné à chasser non seulement les
« fantômes » mais aussi a l’esprit ». Mais - bien différent des
modernes exorcistes qui prétendent récrire l’histoire - il ne
condamnait nullement l’impartialité historique et humaine vis-
à-vis des autres siècles et des autres hommes.

  Ce fut seulement Nietzsche qui, en s’interrogeant sur la
valeur de toute vérité et l’utilité de la vérité historique, donna
à la formule : “récrire l’histoire” cette signification activiste qui
en fait une justification de tout remaniement arbitraire du
passé. Mais la proposition de Nietzsche : « Ce n’est qu’en
partant de la plus haute force du présent que vous avez le
droit d’interpréter le passé ; ce n’est que dans la tension
maximale de vos qualités les plus nobles que vous devinerez ce
qui du passé est à connaître et à préserver » implique nulle
prétention à une supériorité du présent parce que présent,
Nietzsche entend remplacer une« objectivité» devenue suspecte,
parce que tolérant tout également, par une plus haute objecti-
vité, par la justice qui juge. Ce sens de la justice fut bien
oublié par les successeurs de Nietzsche. Se sentant les « archi-
tectes de l’avenir », ils s’imaginaient incontestablement possé-
der ces qualités les plus nobles sans lesquelles on ne peut déchif-
frer ce que dit le passé. Ils prétendaient, grâce à des “échelles
de valeurs indiscutables”, par leur « engagement », leur ” boule-
versement”, leur « élan », leur “décision existentielle”, remet-
tre en marche une activité scientifique qui tournait à vide, sup-
pléer à une culture qui avait perdu tout élan. L’histoire de
l’Allemagne depuis Charlemagne jusqu’à Bismarck, l’histoire
de la religion chrétienne, l’histoire de la philosophie, de l’art et
de la littérature, tout fut « récrit » c’est-à-dire écrit, non tel
que ce dut être, mais tel que cela répondait à « la conscience
historique du XXeme siècle ».

(.......)

Le traitement le plus cavalier de l’histoire a aussi son histoire , après tout.

Une réhabilitation des Talibans?

Jean-Paul Baquiast

  14/04/2010

C’est curieux mais pour ma part, je lis dans cet article une réhabilitation (sans doute involontaire mais bien ancrée dans l’esprit de l’auteur) des Talibans luttant, avec les moyens qu’ils peuvent, contre l’envahisseur américain. Si cela était, cela voudrait dire qu’implicitement, un nombre croissant d’Américains ne comprennent plus la diabolisation desdits Talibans par la propagande officielle.