isabelle
15/06/2011
Je vous envoie cet article qui systématise certaines informations.
Source: http://www.opex360.com/
En matière de défense et de sécurité, des gens comme Yves Bonnet, ancien patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST) et Eric Dénécé, ancien officier-analyste à lEvaluation et la Documentation stratégique du Secrétariat Général de la Défense Nationale, ont plus de légitimité quun philosophe influent ayant, par le passé, cité luvre dun écrivain qui nexistait pas pour les besoins dun livre au sujet de Kant.
Ainsi, à linitiative du Centre international de recherche et détude sur le terrorisme et daide aux victimes du terrorisme (CIRET-AVT) et du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), sans oublier le soutien du Forum pour la paix en Méditerranée, Le préfet Bonnet, Eric Dénécé et dautres experts sont allés à Tripoli du 31 mars au 6 avril, puis à Benghazi, du 19 au 25 avril. De ce voyage détude a été tiré un rapport. Et le moins que lon puisse dire est quil prend à contre-pied la plupart des commentaires qui ont été faits au sujet de la guerre civile libyenne.
« Létude des faits nous conduit à affirmer que la révolution nest ni démocratique, ni spontanée. Nous sommes en présence dun soulèvement armé organisé de la partie orientale du pays, dans un esprit de revanche et de dissidence » peut-on lire dans le document, qui vient dêtre publié.
Certes, les experts ne nient pas que le régime du colonel Kadhafi ait violé les libertés individuelles. Mais les motivations de la rébellion, disparate, sont différentes de celles qui ont animé les révoltes populaires en Tunisie et en Egypte. A la base des revendications de ces mouvements, il y avait la situation économique. Or, selon le document, léconomie libyenne se portait plutôt bien, sans chômage, avec un recours accru à la main duvre étrangère (3 à 4 millions de travailleurs immigrés).
Alors que sous la monarchie, la Libye était lun des pays le plus pauvre du monde, il était jusquà récemment au 53e rang mondial pour lindice de développement humain (devant la Russie, le Brésil ou encore lUkraine). Même si le colonel Kadhafi profitait de la manne pétrolière, cette dernière était redistribuée en partie. Certes, pas de façon égalitaire
Ce qui est lune des motivations des rebelles de lest du pays, une autre étant la défiance à légard du guide libyen, pour des raisons historiques et tribales.
Mais pour les auteurs du rapport, le Conseil national de transition (CNT), lorgane politique de la rébellion, est « une coalition déléments disparates aux intérêts divergents, dont lunique point commun est leur opposition déterminée au régime. Les véritables démocrates ny sont quune minorité. » Et qui plus est, au moment de la rédaction du document, seulement 11 membres de cette structure étaient connus, sur 31.
Qui sont, alors, les acteurs de la rébellion, qui suscitent de telles réserves chez ces experts? Le rapport indique que Benghazi, actuel bastion de linsurrection, était jusquà récemment « lépicentre de la migration africaine vers lEurope ». Et de poursuivre : « Le trafic humain sest transformé en une véritable industrie, brassant des milliards de dollars. Une monde parallèle mafieux sest développé dans la ville où le trafic est profondément implanté et emploie des milliers de personnes dans tous les domaines (
) Ce nest que depuis un an que le gouvernement libyen, avec laide de lItalie, a réussi à contrôler ce cancer ».
Aussi, le document indique que cette « mafia locale », désireuse de prendre sa revanche sur Kadhafi, a « été en pointe dans le financement et le soutien à la rébellion libyenne » et que des gangs se sont livrés à des expéditions punitives contre « plusieurs centaines de travailleurs immigrés » dorigine soudanaise, somalienne, éthiopienne, etc
Le clan des Sénoussis, qui pratique une « forme conservatrice et austère de lIslam » fait aussi partie des opposants les plus farouches du colonel Kadhafi. Ses représentants ne lui pardonnent pas davoir renversé le roi Idriss en 1969, lequel était issu de leur rang. « Ces monarchistes intégristes ne sont en rien des démocrates et demeurent opposés à toute forme de gouvernement moderne, malgré leurs déclarations dintentions » notent les experts indépendants.
Autres opposants, ceux de la dernière heure. Ou du moins ceux qui ont vu une opportunité de se débarrasser de celui quils ont servi, parfois avec zèle, pendant des années. Ainsi, le président du CNT, Mustapha Abdujabil al-Bayda, soutenu par les « islamistes et les tribus », nétait autre que le président de la cour dappel de Tripoli qui a confirmé, par deux fois, la peine de mort prononcée contre les infirmères bulgares et le médecin palestinien, emprisonnés de 1999 à 2007 à .. Benghazi, et lancien ministre de la Justice.
Et puis il y a les jihadistes. Des anciens du Groupe islamique de combat libyen (GICL), fondé en Afghanistan dans les années 1990 par des ressortissants libyens venus combattre larmée Rouge. Citant une étude de lAcadémie militaire de West Point, le rapport rappelle que la Cyrénaïque est une « terre de jihadistes » et quelle a été lun des principaux foyers de recrutement de combattants islamistes en Irak.
« La région qui va de Benghazi à Tobrouk en passant par Derna représente lune des plus grandes concentrations de terroristes au monde, avec un combattant envoyé en Irak pour 1.000 à 1.500 habitants » indique le rapport. Les militants islamistes, notamment ceux du GICL, ont fourni des cadres à al-Qaïda. Et cette organisation a appelé, à plusieurs reprises, à renverser le colonel Kadhafi. Lun des dirigeants de groupe libyen, Hakim al-Hasidi, qui aurait eu plus dun millier dhommes sous ses ordres, est membre du CNT de Derna et responsable de la sécurité de lest de la Cyrénaïque.
Doù la conclusion du rapport sur ce point : « La coalition militaire sous légide de lOtan soutient une rébellion comprenant des terroristes islamiques. Nul ne peut nier que des rebelles libyens aujourdhui soutenus par Washington étaient, hier encore, des jihadistes qui tuaient des GIs américains en Irak ».
Lire ce rapport ici : http://www.cf2r.org/images/stories/news/201106/rapport-libye.pdf
Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier