Christian Merlinki
06/06/2011
Je me demande parfois si vous croyez réellement ce vous écrivez. Car avec cet article-ci (notamment), j’ai l’impression que vous prenez la majorité de vos lecteurs pour de fieffés crétins. La Matrix qui nous asservirait et régenterait notre conduite à tous est une belle oeuvre d’anticipation mais reste une distraction vespérale. Pensez-vous vraiment que le camp guerrier occidental puisse subir les aléas subséquents à l’avancée du front? Tout d’abord, y a-t-il front? Les méchants nazis libyens doivent avoir des moyens redoutables pour provoquer l’enlisement involontaire de la 1ère puissance mondiale. A ce point redoutables que l’on prévoit trois mois de prolongation. MDR. J’ai l’impression d’être en maternelle. Alors pourquoi Rogozine et (surtout) Lavrov feraient de telles déclarations? Pour justifier leur présence diplomatique et confirmer qu’ils participent au grand show mediatique occidental? Ne voulant ouvrir le tiroir-caisse pour l’aventure guerrière, ils offrent la voix de la fantomatique contestation aux événements, si nécessaire à une opération de ce genre afin de la justifier. Pourquoi les Russes restent donc inertes depuis tant d’années face aux avancées occidentales? Car ils sont acculés à cette posture d’inertie face aux dangers permanents qui les guettent à la périphérie de leur territoire. Vous véhiculez beaucoup l’idée que les USA soient en perte de vitesse et que le système menace de s’effriter. Mais si l’on observe leur présence et les conséquences de leurs actes, dans le monde, ils restent impressionnants d’efficacité. Un pied de nez coutumier aux règles internationales leur font obtenir des avantages qu’ils n’ont jamais pu obtenir jusqu’ici. Ils sont à deux doigts d’emporter la Russie dans leur escarcelle. Rien de moins. Si les Russes paraissent paralysés, c’est qu’ils jouent une partie d’échec dont les déplacements des pièces n’ont pas toujours la même résonnance en Occident qu’en Eurasie. Pour mieux saisir ma pensée, je vous propose de découvrir mon commentaire sur une interview de Jacques Borde posté sur le site http://www.geostrategie.com qui s’intitulait “Tel-Aviv et Moscou, aux abonnés (quasi) absents suite au virage à 180° des Russes dans la guerre de Libye :
L’attitude russe peut décontenancer la plupart des gens ayant l’il rivé sur le continent eurosibérien. Moi-même, je fus troublé par l’annonce, mais elle ne fut pas la seule qui déstabilisa, en l’occurrence la pièce de monnaie mondiale qu’a présentée Medvedev à la presse en juillet 2009 en surprît une grande part. Mon opinion est que Medvedev, n’étant pas favori pour la présidentielle de 2012, a joué le retour de Poutine aux commandes présidentielles en contrepartie de la fuite en avant sur la carte de l’ouverture à l’Occident en matière commerciale, économique et financière. Une sorte de suicide politique et populaire. La Russie a besoin du commerce extérieur pour relever son économie de manière durable. A cette fin, Medvedev sacrifie son nom, que les Russes oublieront vite, sur l’autel de l’adhésion de la Russie à l’OMC, étape primordiale pour les Russes qui pourront traiter sur pieds d’égalité avec les autres puissances et protéger ses fleurons commerciaux. Medvedev, juriste, représente le courant libéral patriotique qui, malgré son ouverture déclarée à l’Europe néolibérale, a peu de chances d’emporter les élections de par son soutien restant assez minoritaire dans la population. Tandis que Poutine, nationaliste et géopoliticien à la vision globale assez affûtée, conserve le paradoxe, et ce malgré l’usure du pouvoir, du soutien d’une grande partie des bases populaires des grandes agglomérations qui le remercie de son soutien à l’Eglise qui est devenue beaucoup plus proche du pouvoir depuis. Le règne de Medvedev ne peut être que de courte durée car les peuples ne comprennent pas le mobile de son rapprochement permanent avec l’Occident. A ce point que je présume qu’il ne soit même pas élu premier ministre aux législatives de cette fin d’année. Il retournera sans doute dans les coulisses du “pouvoir Poutine” faisant oublier son nom mais pas son uvre influente qui est subordonnée à une géopolitique visionnaire de rétablissement d’un empire russe fort. Ce dont les peuples russes ont pris conscience très tôt, dès le début du règne de Poutine. Alors que Medvedev n’est considéré par eux que comme l’agent de l’Occident. Et pourtant, tous deux partagent les mêmes espoirs : la grandeur future de la Nouvelle Russie qui émergera sur les terrains économiques, grâce à des échanges étendus avec l’Europe, à l’élargissement de l’économie nationale qu’ils refusent de voir axée exclusivement sur les ressources énergétiques en s’ouvrant sur les technologies du futur par des projets d’envergure tel “Skolkovo” et les nanotechnologies dont la Russie dépend des experts occidentaux; financiers grâce au nouveau Pôle Financier International que Medvedev aura soutenu de toute sa conviction avec l’aide des Européens; militaires grâce à Rosoboronexport qui étend son influence dans le monde, pour preuve l’achat d’hélicoptères par les USA à destination de l’Afghanistan, des chasseurs à l’Inde et le perfectionnement prometteur de l’armement en général à usage domestique et stratégique; énergétique avec Lukoïl, Rosneft et Gazprom qui associent volontiers des intérêts étrangers afin de rentabiliser les nouveaux territoires arctiques; sans omettre les matières premières dont dépendront de plus en plus les Etats occidentaux (la Russie sera le grenier alimentaire du 21ème siècle européen, ce qui est une des clefs muettes de Poutine); etc.
Qu’est-ce que ce tableau (idyllique?) représente dans la situation actuelle des relations extérieures russes, me demanderez-vous? Moscou laisse les Occidentaux prendre leur part, tant qu’ils le peuvent, par des moyens contestés par l’opinion mondiale, au grand dam de ceux qui soutenaient la Russie jusqu’ici. Car Moscou ne déclare pas urbi et orbi ses intentions, après avoir été admis à l’OMC et sans doute voir placer éventuellement un membre des puissances émergentes au FMI qui lui serait favorable; à savoir que l’on pourrait s’attendre, comme en 2008 sur l’indépendance autoproclamée du Kosovo lorsque Poutine déclara “ça vous reviendra dans la gueule”, à une réponse du berger à la bergère dans les Balkans (South Stream, Bulgarie et Serbie), Yougonostalgie (non plus fédérale mais confédérale voire Bloc slave), dans le Caucase avec la Géorgie en proie à une révolution qui pourrait bien placer une opposante plus ouverte à la Russie, l’Arménie dans son conflit du Nagorni Karabagh où Moscou pourrait jouer un rôle déterminant en cas de crise chaude contre l’extension de l’influence turque, en Asie centrale avec l’Afghanistan qui table sur un retour russe dans les affaires intérieures en tampon avec l’Iran et le Pakistan antioccidentaux et soutenus concomitamment par la Chine, le Kirgizistan et l’Ouzbékistan où les USA pourraient perdre davantage leurs positions, etc. La Russie voit la Chine s’affaiblir avec le temps par la contestation sociale interne, sa réserve de plus de 1125 mds $, son commerce extérieur trop centrée sur le marché étatsunien et européen, qui pourraient connaître une déconvenue magistrale à court ou moyen terme par les crises internes (monnaies, banques, nationalismes régionalistes indépendantistes). La Chine est son unique concurrent sérieux sur le long terme, et la Russie veut gagner la bataille grâce à l’Occident qu’elle compte bien utiliser pour l’émergence de sa future grandeur. On nimagine pas à quel point les Russes fantasment sur le rôle premier que pourrait tenir la Russie dans l’avenir. Et le laxisme actuel dans les relations extérieures russes peuvent en décevoir beaucoup pour sa mollesse, mais la Russie joue son avenir sur le long terme et ce n’est pas ce qui peut sembler être une défaite (temporaire?) au Moyen-Orient et en Afrique qui la fera dévier de sa trajectoire, car ce qu’elle a à gagner de cette faiblesse actuelle peut s’avérer être un investissement qui lui assurera le rôle de première grandeur de la planète dans 50 ans. L’occident gaspille beaucoup militairement, la Russie économise, thésaurise, investit, rentabilise, progresse à un rythme exponentiel. Si l’Occident devait être mis dos au mur du monde multipolaire(?), qui je me demande s’il ne serait pas un leurre pour les gusses dans mon genre pour combattre l’adversaire commun, c’est la Russie qui en tirerait tous profits pour sa croissance sans entraves et le renforcement de la Russie impériale à venir, qui est rêvée par des millions d’Européens et croient en une Eurosibérie unique de Porto à Vladivostok insufflée par une révolution conservatrice continentale qui serait leur salut eschatologique. L’aigle bicéphale slave, si elle venait à grandir, étendrait sûrement ses ailes sur l’UE mais aussi, conséquence inattendue, déplacerait le centre de gravité du “New World Order” vers l’Est. Désolé de chagriner ceux qui croient en la sincérité d’un monde multipolaire proclamé par les autorités russes qui, une fois la puissance sacrée recouvrée, reprendraient le flambeau étatsunien des visées mondialistes des financiers apatrides. Au moins, cela se situerait sur Notre continent et nous engloberait. Consolation? Après leur consécration au statut de 1ère puissance mondiale dirigeant la planète, il m’étonnerait que leur nationalisme sacré russe ne nous assujettisse pas, nous périphériques, à l’enseigne de ce que les USA nous auront fait chuter dans l’esclavage depuis un siècle.
Alain Vité
06/06/2011
Après une citation de Lewis Carroll ce jour, voilà que Tolkien aussi s’invite, il a envoyé un troll.
(A ma maman qui se pose des questions sur les complots, j’ai dit que les complots rassurent d’abord ceux qui les soupçonnent : au moins, quelqu’un est aux commandes, c’est un vilain et il faut le combattre, mais quelqu’un sait ce qui se passe. Si ce n’est pas un complot, alors qui comprend ce qui nous arrive ? personne ? vraiment personne ?
argh, nan, toumèpaça)
Avant, il y avait l’inexplicable, il y avait “plus de choses dans le ciel et sur la terre, Horatio…”, etc.
Horatio, aujourd’hui, s’appelle Caine, il passe sur toutes les télés du monde, il a Google dans son smartphone et pas une seconde à consacrer à l’inconnu ou à l’immense.
On n’a plus besoin de Dieu, on a la science (enfin, ce qu’on appelle la science, qui n’est en fait que le machouillis sans conscience de notre ruine de l’âme)
On a la science, et grâce à elle on a les complots, c’est le nouveau Dieu. Voyez comme ceux on parle des comploteurs : tous puissants, omniscients, infaillibles et sur le point de nous imposer le Jugement Dernier.
Merde, j’aimais mieux Dieu, Lui, Il pardonnait.
Ou alors les fans de complots n’ont pas eu assez du tonnerre de papa en colère quand ils étaient petits, et ils s’inventent des monstres impalpables et tout puissants pour compenser. Victimes de la féminisation du monde ? quelqu’un pourrait poser la question à Zemmour, notre mignon petit troll à nous ?
(désolé, j’ai pas résisté)
Fabrice
07/06/2011
Mouais non…. Je préfère encore qu’on me prenne pour un crétin sur ce site. Je me sentirais moins con. Trop de pièces ne rentrent pas dans votre puzzle sans l’explication de “eux même ne savent pas trop ce qu’ils font et suivent surtout leurs instincts”.
Au final c’est quand même bien plus simple à comprendre et à croire.
Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier