jc
16/10/2024
Je suis étonné par le châpo car je ne m'attendais pas du tout à ça de la part d'un guénonien. Car Guénon distingue soigneusement les règnes de la quantité profane (un, deux, trois, etc.) et de la quantité sacrée (monade, dyade, triade, etc.), clairement plus proche de la qualité que de la quantité, et il lui arrive même parfois de relever le caractère sacré que les pythagoriciens accordent à certains nombres, par exemple le nombre 10 ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Tetractys ).
Je n'ai pas lu "La grande Triade", mais il suffit d'en parcourir l'avant-propos pour voir qu'il y a là un rapport profond avec le sujet de l'article.
En "follower" de la pensée thomienne je ne suis pas du tout d'accord avec le deuxième paragraphe, en particulier avec le fait que l'affrontement puisse devenir un "sans affrontement" lorsque passe des nations (qui ont entre elles des frontières engendrant périodiquement des conflits sanglants) aux civilisations, car au thomien "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés", il me semble clair que l'on peut rajouter : des civilisations (et d'ailleurs aussi des espèces).
Pour moi le conflit entre nations se déplace vers l'abstrait en un conflit entre civilisations, mais les règles qui régissent l'évolution de ces conflits sont les mêmes dans les deux cas. ( La théorie des catastrophes élémentaires classifie les conflits entre deux, trois et quatre actants. Mais ce n'est que le sommet de la partie émergée de la théorie. )
Hei Sing Tso : « ... la stratégie et la tactique peuvent être tirées de la sagesse ancienne de différentes civilisations. » J'en fais la lecture suivante :
1. la tradition évolue ;
2. la sagesse ancienne consiste à transférer les conflits du concret vers l'abstrait, des champs de batailles pleins de sang et de larmes vers le tapis vert (vaincre sans combattre "sur le terrain").
Une analogie mathématique.
Pour moi le transfert du concret vers l'abstrait à effectuer dans les sociétés humaines est à rapprocher du transfert de la géométrie à la topologie amorcé au XXème siècle : on quitte la mesure quantitative des lieux (en premier lieu la terre, bien sûr, étymologiquement la géométrie)-pour ne s'intéresser qu'à la qualité, les nombres profanes de la géométrie analytique de Descartes s'effaçant devant les nombres sacrés des pythagoriciens : les curieux pourront parcourir à ce propos le chapitre 5 de http://www.entretemps.asso.fr/maths/Livre.pdf dont voici la fin (qui ravive la question : d'où nous intuitions hautes et/ou profondes nous viennent-elles?) :
"Au bout du compte - après ce qui a été dit plus haut des discriminants de singularités isolées simples et des catastrophes en Géométrie symplectique - , on voit que la classification des catastrophes en toute dimension se ramène à celle des groupes platoniciens. Retour au Timée de Platon ? ".
Je termine par une remarque concernant la réunion Iran/UE. J'y vois l'opposition cosmos/chaos chère à Thom et aussi un rapport avec la triade/devise unité/harmonie/diversité, le chaos représentant l'unité et le cosmos la diversité. Mais pour la délégation européenne le chaos ne peut être que celui du sens profane et vulgaire, car, nihilisme oblige, il ne peuvent imaginer qu'il puisse être celui de l'harmonie suprême de la coincidentia oppositorum chère à Héraclite (entre autres).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Coincidentia_oppositorum http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41
jc
16/10/2024
J'ai complètement raté ma chute : vaincre sans combattre "sur le terrain" ( dont je parle à propos de la citation de Hei Sing Tso ) c'est évidemment convaincre !
Malheureusement à ce jour Thom ne semble pas avoir convaincu grand monde parmi les philosophes (peut-être tout simplement parce qu'ils ignorent qu'il est l'un d'entre eux !).
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