Forum

Article : La pensée épuisée, le rêve passe

Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier

Misanthrope modéré

  13/09/2007

Pour suivre encore un peu cette affaire, le Monde s’installe dans sa (nouvelle ?) ligne atlanto-sceptique, il semblerait. Après les précautions indispensables sur la dangerosité de l’Iran, l’edito du 13 septembre conclut ainsi :

“Mais le tournant diplomatique de M. Sarkozy pose problème. D’une part, des sanctions hors ONU risquent de faire voler en éclats un très fragile consensus international. Elles inciteraient la Russie et la Chine, voire certains pays européens, à contester une politique qui pourrait être perçue comme émanant d’un nouvel axe Washington-Londres-Paris. D’autre part, un alignement sur Washington, et plus précisément sur une administration Bush qui, elle aussi, fait parfois peur, et dont la diplomatie est fortement contestée, ternirait l’image de la France auprès de tous ceux qui contestent la vision du monde qui est celle du président américain. Concernant l’Iran et le dossier nucléaire, personne ne peut prétendre détenir la clé d’une solution idéale, brandir des certitudes ou donner des leçons de diplomatie. Mais une mise au diapason de Paris sur un George Bush décrédibilisé et en fin de règne est une autre affaire. Même sans certitudes sur l’Iran, ce serait une erreur.”

Etonnant, ce tournant atlanto-sceptique du Monde, s’il se confirme. ça va plus loin que les petites piques du gentil journal de centre gauche au moins gentil Président de centre droit, portant sur le necessaire respect du “pluralisme”, le respect des “contre pouvoirs nécessaires à une démocratie vivante”, voire sur la “dérive bonapartiste” (ouh la la !). ça, c’étaient les critiques bien planplan nécessaires au système pour “se convaincre de sa vertu”, comme vous diriez, me semble-t-il.

Mais que le Monde se démarque de Sarkozy sur une question géopolitique comme celle-là, c’est un développement à suivre. Après, il sera intéressant de voir si le Monde possède toujours l’autorité dont il disposait à une époque pour définir la pensée correcte. Si oui, les politiques devraient s’enhardir pour critiquer Sarko. Hélas pour Le Monde, je ne suis pas sûr que ses avis soient autant redoutés qu’à une certaine époque.

Vous noterez que ce journal pourtant très systémien (justement parce qu’il est systémien, diriez-vous) ne partage pas votre postulat d’une transcendance nationale, ayant survécu à la Révolution, et investissant malgré eux les Présidents, comme jadis les Rois, du souci exclusif de l’intérêt national.

Le Très comme-il-faut Le Monde en devient donc plus radical que vous pour déceler chez Sarko quelque tropisme atlantiste (tropisme dont vous jugez que le Président est sans doute immunisé par sa fonction). Quant à moi, votre très respectable et poétique postulat m’inspire la plus grande sympathie, mais je demeurerai à son égard prudemment agnostique, à cause, peut-être, d’un caractère trop désabusé...