louis kuehn
25/03/2006
Excellent analyse, car les auteurs ont le mérite de parler franchement, et d’individuer deux noeuds fondamentaux de la phase actuelle des relations internationales.
En premier lieu, la politique étrangère états-unienne, en insistant dans la pénétration de l’espace géopolitique ex-soviétique (Europe orientale et sud-orientale, Caucase, Asie centrale), pousse Moscou à se détacher de l’axe euro-atlantique (car l’OTAN domine celui-ci, et la France a été isolée dans sa tentative de sortir l’UE de la subordination à l’OTAN meme).
Par conséquent, Moscou se rapproche cohéremment de Pékin. A ce propos, j’invite quand-meme tous le monde à considérer comment, sur le long terme, Russie et Chine auront aussi des raisons pour se disputer l’espace sibérien, vu l’impressionant déclin démographique russe et l’appétit énergétique chinois.
De toute façon, dans les cinq prochaines années, il est prévisible que la coopération stratégique russo-chinoise continuéra, et que des politiciens aussi médiocres que soumis tels J. Barroso et sa Commission seront choqués par leur meme faillite.
Le second noeud est donc celui des conséquences dans le déclin du projet d’Europe-puissance, qui a été détourné par les tenants du fédéralisme européen. La vision gaulliste d’une Europe de patrie était, à mon sens, la seule pouvant garantir l’unité dans la politique étrangère et la continuité historique avec la tradition nationale européenne.
La vision fédéraliste, au contraire, est parfaitement compatible avec la volonté états-unienne de détruire les nations et de favorir l’essor de grands espaces intégrés aux structures financières et sécuritaires atlantiques (voir le projet mégalomane du “Grand Moyen-Orient”).
Là encore, le rapprochement russo-chinois déstabilise l’Europe, car cette dernière a choisi l’intégration euro-atlantique et se retrouve incapable de mener une politique de coopération renforcée avec Moscou en autonomie par rapport à Washington. Autrement dit: aujourd’hui, la politique russe des pays européens passe par Washington, car au cas contraire, elle est toute suite attaquée et déstabilisée par les atlantistes (très puissants en Europe).
Ce constat devrait pousser les intélligences européennes à considérer l’hypothèse (française/gaulliste) d’une réstructuration de l’Europe, dans un sens “souverainiste” et pourtant non “anti-européen”. Le fédéralisme européen devrait etre abandonné, et une politique fondée sur la coopération renforcée, sur des sujets-clé (défense, technologie, anti-terrorisme, énergie), devrait y etre substituée.
Encore, la France pourrait retrouver son role d’Etat stratège européen à condition de diminuer le role de la Commission (dominée par les clients de Washington comme Mme Kroes). Aussi, la coopération avec Washington ne devrait pas empecher celle avec Moscou, Pékin, Delhi, voir Téhéran si l’Iran renonce à sa posture violemment anti-occidental dans le futur.
L.K.
Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier