Jean Lemoine
24/02/2011
Bien qu’il ne corresponde pas à la ligne éditoriale de ce respectable site, il est dommage que sa traduction fasse perdre au titre original son jeu de mots tout de même assez “goûtu”...
Article édifiant en tout cas !
Francis Lambert
24/02/2011
Francis Lambert
24/02/2011
http://www.urbandictionary.com/define.php?term=cockwhore
NB il manquait le “k”
Laurent Demaret
24/02/2011
Pour Francis Lambert
Il semble que vous ayez omis le k
http://www.urbandictionary.com/define.php?term=cock+whore
[url=http://www.urbandictionary.com/define.php?term=cock+whore]Lien direct ?[/url]
Francis Lambert
25/02/2011
Tout à fait,
j’avais envoyé un message de correction juste après avoir testé mon envoi (ce qui trahit ma profession) ... mais il n’a pas été publié.
Un signe que le syndrome eschatologique se polymorphise jusqu’au commentaire.
Ilker de Paris
27/02/2011
L’un des intérêts également des révoltes arabes c’est qu’elles ont mis à nu, montré sinon démontré (puisqu’il s’agit avant tout de faire illusion, de créer un paysage comme dans les villages Potemkine) l’hypocrisie, les mensonges, de la presse-Pravda.
Par là, ces révoltes ont, en un certain sens, grippé le système (la machinerie)“virtualiste” qui porte ces médias-Pravda autant qu’ils le développent.
Ainsi, plus les mensonges, les manipulations des médias-Pravda seront médiatisés moins ils auront de crédibilité, de force pour déployer la “narrative” faussaire, publicitaire qui sert d’explication du monde - qui est le coeur du problème à mon sens.
A ce titre un article pertinent de Ignacio Ramonet, journaliste, directeur du Monde Diplomatique en Espagne :
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TUNISIE, ÉGYPTE, MAROC
Ces « dictatures amies »
Une dictature, la Tunisie ? LEgypte, une dictature ? En voyant les médias se gargariser maintenant du mot “dictature” appliqué à la Tunisie de Ben Ali et à lEgypte de Moubarak, les Français ont dû se demander sils avaient bien entendu ou bien lu. Ces mêmes médias et ces mêmes journalistes navaient-ils pas, durant des décennies, martelé que ces deux “pays amis” étaient des “Etats modérés” ? Le vilain mot de “dictature”, dans le monde arabo-musulman, nétait-il pas exclusivement réservé (après la destruction de l “effroyable tyrannie” de Saddam Hussein en Irak) au seul régime iranien ? Comment ? Il y avait donc dautres dictatures dans cette région ? Et nos médias, dans notre exemplaire démocratie, nous lauraient-ils caché ?
Voilà, en tout cas, un premier dessillement que nous devons au peuple révolté de Tunis. Sa prodigieuse victoire a libéré les Européens de la “rhétorique dhypocrisie et de dissimulation” en vigueur dans nos chancelleries et nos médias. Contraints de mettre bas les masques, ceux-ci font semblant de découvrir ce que nous savions depuis longtemps [1], que les “dictatures amies” ne sont que cela : des régimes doppression. En la matière, les médias nont fait que suivre la “ligne officielle” : fermer les yeux ou regarder ailleurs confirmant lidée que la presse nest libre quenvers les faibles et les gens isolés. Nicolas Sarkozy na-t-il pas eu laplomb daffirmer, à propos du système mafieux du clan Ben Ali-Trabelsi, quen Tunisie, “il y avait une désespérance, une souffrance, un sentiment détouffement dont, il nous faut le reconnaître, nous navions pas pris la juste mesure” ?
“Nous navions pas pris la juste mesure…” En 23 ans… Malgré la présence sur place de services diplomatiques plus prolifiques que ceux de nimporte quel autre pays du monde… Malgré la collaboration dans tous les domaines de la sécurité (police, gendarmerie, renseignement…). Malgré les séjours réguliers de hauts responsables politiques et médiatiques qui y ont établi, de façon décomplexée, leur lieu de villégiature [2]... Malgré la présence en France de dirigeants exilés de lopposition tunisienne maintenus à lécart, comme des pestiférés, par les autorités françaises et quasiment interdits daccès, pendant des décennies, aux grands médias… Ruine de la démocratie.
En vérité, ces régimes autoritaires ont été (et continuent dêtre) complaisamment protégés par les démocraties européennes au mépris de leurs propres valeurs et au prétexte quils constituaient des remparts contre lislamisme radical [3]. Le même argument cynique utilisé, à lépoque de la guerre froide, par lOccident pour soutenir des dictatures militaires en Europe (Espagne, Portugal, Grèce, Turquie) et en Amérique latine, en prétendant empêcher ainsi larrivée du communisme au pouvoir.
Quelle formidable leçon donnent les sociétés arabes révoltées à ceux qui, en Europe, ne les décrivaient quen termes manichéens : soit des masses dociles soumises à des satrapes orientaux corrompus, soit des foules hystériques possédées par le fanatisme religieux. Or voilà quelles surgissent soudain, sur les écrans de nos ordinateurs ou de nos téléviseurs (cf. ladmirable travail dAl-Jazeera), préoccupées de progrès social, aucunement obsédées par la question religieuse, assoiffées de liberté, excédées par la corruption, détestant les inégalités et réclamant la démocratie pour tous, sans exclusives.
Loin des caricatures binaires, ces peuples ne constituent nullement une sorte d “exception arabe” mais apparaissent semblables, dans leurs aspirations politiques, au reste des sociétés urbaines modernes éclairées. Le tiers des Tunisiens et presquun quart des Egyptiens naviguent régulièrement sur Internet. Comme laffirme Moulay Hicham El Alaoui : “Les nouveaux mouvements ne sont plus marqués par les anciens antagonismes comme lanti-impérialisme, lanti-colonialisme ou lanti-sécularisme. Les manifestations de Tunis et du Caire ont été dépourvues de tout symbolisme religieux. Cest une rupture générationnelle qui réfute la thèse de lexceptionnalisme arabe. De plus, ce sont les nouvelles technologies de communication de lInternet qui animent ces mouvements. Ceux-ci proposent une nouvelle version de la société civile où le refus de lautoritarisme va de pair avec le rejet de la corruption [4].”
Grâce notamment aux réseaux sociaux numériques, les sociétés, aussi bien en Tunisie quen Egypte, se sont mobilisées à très grande vitesse et ont pu bousculer les pouvoirs en un temps record. Avant même que les mouvements aient eu loccasion de “mûrir” et de favoriser lémergence en leur sein de dirigeants nouveaux. Cest une des rares fois où, sans leader, sans organisation dirigeante et sans programme, la simple dynamique de lexaspération des masses a suffi à faire triompher une révolution.
Cest un instant fragile, et des puissances travaillent sans doute déjà, notamment en Égypte, à faire en sorte que “tout change pour que rien ne change”, selon le vieil adage du Guépard. Ces peuples qui conquièrent leurs libertés doivent garder à lesprit lavertissement de Balzac : “On tuera la presse comme on tue un peuple, en lui donnant la liberté [5].” Les “démocraties de surveillance” sont infiniment plus habiles à domestiquer, en toute légitimité, un peuple que les anciennes dictatures. Mais cela ne justifie en rien le maintien de celles-ci. Ni ne doit ternir lardeur de mettre à bas une tyrannie.
Leffondrement de la dictature tunisienne a été si rapide que les autres peuples maghrébins et arabes en ont conclu que ces autocraties - parmi les plus anciennes du monde - étaient en réalité profondément vermoulues, et nétaient donc que des “tigres en papier”. La démonstration sest encore vérifiée en Egypte.
Doù cette impressionnante levée des peuples arabes qui fait inévitablement penser à la grande floraison des révolutions à travers lEurope de 1848, en Jordanie, au Yémen, en Algérie, en Syrie, en Arabie Saoudite, au Soudan et au Maroc.
Dans ce dernier pays, une monarchie absolue où le résultat des “élections” (toujours truquées) reste déterminé par le souverain qui désigne selon son bon vouloir les ministres dits « de souveraineté », quelques dizaines de familles proches du trône continuent daccaparer les principales richesses [6]. Les câbles diffusés par WikiLeaks ont révélé que la corruption y atteignait des niveaux dindécence faramineux, plus élevés que dans la Tunisie de Ben Ali, et que les réseaux mafieux conduisaient toujours au Palais. Un pays où la pratique de la torture est généralisée et le bâillonnement de la presse constant.
Pourtant, comme la Tunisie de Ben Ali, cette “dictature amie” bénéficie dune très grande indulgence, dans nos médias et chez la plupart de nos responsables politiques [7]. Ceux-ci minimisent les signes qui montrent le début dune “contagion” de la révolte. Déjà quatre personnes sy sont immolées par le feu. Des manifestations de solidarité avec les révoltés de Tunisie et dEgypte ont eu lieu à Tanger, à Fez et à Rabat [8]. Saisies de crainte, les autorités ont préventivement décidé de subventionner les denrées de première nécessité pour éviter des “révoltes du pain”. Dimportants contingents de troupes auraient été retirées du Sahara Occidental et acheminées à la hâte vers Rabat et Casablanca. Le roi Mohammed VI et quelques collaborateurs se seraient spécialement déplacés en France, le week-end du 29 janvier, pour consulter des experts en matière de maintien de lordre du ministère français de lIntérieur [9].
Même si les autorités démentent ces deux dernières informations, il est clair que la société marocaine suit avec exaltation les événements de Tunisie et dEgypte. Prête à rejoindre lélan de ferveur révolutionnaire pour briser enfin le carcan féodal. Et à demander des comptes à tous ceux qui, en Europe, pendant des décennies, furent les complices des “dictatures amies”.
Notes
[1] Lire, par exemple, Jacqueline Boucher, “La société tunisienne privée de parole”, et Ignacio Ramonet, “Main de fer en Tunisie”, Le Monde diplomatique, respectivement février 1996 et juillet 1996.
[2] Alors que Mohammed Bouazizi sétait immolé par le feu dès le 17 décembre 2010, que linsurrection gagnait lensemble du pays et que des dizaines de Tunisiens révoltés continuaient de tomber sous les balles de la répression bénaliste, le maire de Paris, Bertrand Delanoé, et la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, trouvaient parfaitement normal daller fêter allégrement le réveillon en Tunisie.
[3] En même temps, et sans apparemment mesurer la contradiction, Washington et ses alliés européens soutiennent le régime théocratique et tyrannique de lArabie Saoudite, principal foyer officiel de lislamisme le plus obscurantiste et le plus expansionniste.
[4] http://www.medelu.org/spip.php ?article710
[5] Honoré de Balzac, Monographie de la presse parisienne, Paris, 1843.
[6] Lire Ignacio Ramonet, “La poudrière Maroc”, Mémoire des luttes, septembre 2008.
http://www.medelu.org/spip.php ?article111
[7] De Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal, en passant par Dominique Strauss-Kahn qui possède un “ryad” à Marrakech, des dirigeants politiques français nont eu aucun scrupule à séjourner dans cette “dictature amie” durant les récentes vacances de fin dannée.
[8] El País, 30 janvier 2011
http://www.elpais.com/../Manifestaciones/Tanger/Rabat
[9] Lire País, 30 janvier 2011 http://www.elpais.com/..Mohamed/VI/va/vacaciones..
et Pierre Haski, “Le discret voyage du roi du Maroc dans son château de lOise”, Rue89, 29 janvier 2011.
http://www.rue89.com/..le-roi-du-maroc-en-voyage-discret…188096
http://www.medelu.org/spip.php?article713
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