Alexis Toulet
23/11/2015
A moi le rôle peut-être ingrat, mais à mon avis nécessaire, du contradicteur sur ce sujet de la riposte russe suite à la reconnaissance publique par Poutine que le vol 9268 avait bien été détruit par l'Etat islamique.
Y-a-t'il "changement de braquet" et intensification des bombardements russes ? Oui.
Mais pour autant, cela constitue-t-il un changement d'échelle voire de paradigme dans la confrontation, la riposte russe est-elle en quelque sorte inhabituelle voire exceptionnelle ? Non, absolument pas. Ni quant à l'action aérienne, ni quant aux engagements de punir les coupables du meurtre de 224 civils principalement russes.
Rechercher où que ce soit et châtier de manière expéditive les responsables d'attentats ou d'enlèvements contre les Russes, c'est déjà ce que Moscou a fait lors de la deuxième guerre de Tchétchénie, ce qu'avait promis un certain responsable pas encore président en 1999 - il s'agissait bien sûr de Poutine. C'était déjà la politique de Moscou dans les années 1980 lorsque le Hezbollah avait enlevé des diplomates russes et tué l'un d'entre eux - le KGB avait immédiatement riposté contre la famille de responsables hezbollahis. Répéter un engagement similaire, c'est pour Poutine poursuivre ce qui est pour la Russie une politique traditionnelle dans ce genre de situation.
L'action aérienne russe est intensifiée, oui. On parle de 69 appareils basés en Syrie, et non plus d'une grosse trentaine. On parle de 25 bombardiers lourds qui pourraient agir régulièrement contre l'E.I. depuis le territoire russe. Mais cette force est (très) loin d'être grande - elle est petite par exemple aux forces américaines qui ont attaqué l'Irak en 1991 puis 2003 - et elle ne sera pas nécessairement très efficace.
Durant les six semaines de la guerre américaine en Irak en 1991, ce pays a été frappé par pas moins de 88 000 tonnes de bombes, au cours de 100 000 sorties aériennes. A côté de cela, tout ce que Russes, Américains ou Français font ou prévoient actuellement de faire contre l'E.I. pâlit très sérieusement. Or il faut rappeler que l'Irak même vaincu au Koweït ne s'est pas alors effondré, et que malgré douze ans d'embargo ultérieur le pouvoir est resté stable - c'est bien plutôt la population qui souffrait de privations, et avec des conséquences effroyables en termes sanitaires.
Donc l'action aérienne russe, pas plus qu'américaine ou française, ne pourra faire grand chose pour faire s'effondrer l'Etat islamique. Ce ne sont pas quelques milliers de tonnes de bombes qui pourraient en venir à bout. Quant à l'affaiblir et à faire souffrir directement et indirectement la population sous son emprise, cela certes est possible…
Seule l'action de troupes au sol pourrait emporter la victoire, et les puissances lointaines y compris la Russie l'excluent pour le moment, tandis que les puissances moyen-orientales soit ne le peuvent pas soit ne le veulent pas.
La Russie réagit de manière visible, mais pas du tout exceptionnelle, ni par la politique appliquée, ni par son échelle. Cela est le point essentiel.
Et tout comme Etats-Unis, ou encore France et autres Européens, elle n'est pas prête à prendre les moyens pour "éradiquer" l'Etat islamique, comme l'annonçait avec un air si martial le président français.
perceval78
24/11/2015
Petit rappel de ce que disait le Général Desportes au Sénat en décembre 2014 lien
Un mot sur Daech, d'abord ... Quel est le docteur Frankenstein qui a créé ce monstre ? Affirmons-le clairement, parce que cela a des conséquences : ce sont les Etats-Unis. Par intérêt politique à court terme, d'autres acteurs - dont certains s'affichent en amis de l'Occident - d'autres acteurs donc, par complaisance ou par volonté délibérée, ont contribué à cette construction et à son renforcement. Mais les premiers responsables sont les Etats-Unis. Ce mouvement, à la très forte capacité d'attraction et de diffusion de violence, est en expansion. Il est puissant, même s'il est marqué de profondes vulnérabilités. Il est puissant mais il sera détruit. C'est sûr. Il n'a pas d'autre vocation que de disparaître. Le point est de le faire disparaître avant que le mal soit irréversible, avant que ses braises dispersées n'aient fait de ce départ de feu un incendie universel. Il faut agir, de manière puissante et déterminée, avec tous les pays de la région.
Notre président part donc aux états unis ou il est attendu avec impatience pour lui donner des consignes sur les Russes : surtout ne pas faire la connection entre l'Ukraine et la Syrie, oui mais voila nos amis américains n'ont pas confiance (dixit Politico.eu) ...
In public, the White House strikes a confident tone, insisting that Putin won’t get away with any effort to connect Syria to Ukraine.
“We do not in any way want to see any linkage of the Ukrainian issue to the situation in Syria,” deputy national security adviser Ben Rhodes told reporters traveling with the president last week. “The sanctions that have been imposed on Russia are not because of Syria. They’re because of Ukraine, and Russia’s persistent violation of Ukraine’s sovereignty and territorial integrity. But Obama officials aren’t certain of Hollande’s intentions.
Oui mais voila ... Hollande va à Moscou ensuite et les Russes veulent la faire ... la connection Ukraino-Djihadiste ...
The revealed information clearly indicates that the Qatar Ministry of Defense is arranging supplies of the Ukrainian air defense systems to Syria-based terrorist organizations via Bulgaria and Turkey
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Hollande n'est pas de Gaulle mais il doit trancher, notre avenir en dépend très certainement
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