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Article : La rupture de l’American Dream

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MOURIR POUR GRANDIR

Roger Leduc

  21/10/2009

La mort des États-Unis, de l’American Dream, d’une conception mécaniste du monde qui remonte au Siècle des Lumières, à l’industrialisation et au capitalisme moderne, c’est aussi notre mort puisque nous sommes les derniers à porter ce fardeau.
En tant que société, mais aussi en tant qu’individus nous devons apprendre à vivre ce deuil de nous-mêmes. Tous ces mensonges et toute cette saleté que nous découvrons dans l’américanisme, c’est aussi un miroir de notre virtualisme personnel. Arrive toujours le jour où notre fuite en avant n’est plus possible, où les rêves les plus grands, les plus fous, de l’adolescent, doivent mourir. Ce passage est des plus difficile lorsque nous avons vécu submergés dans l’illusion. On ne peut trouver de réponses à l’américanisme avant d’avoir répondu à notre propre énigme. Nous sommes tous l’Amérique, confrontés à notre désintégration. La paix ne peut venir que de nous-mêmes.
L’adolescent mue. Cette mutation est ressentie comme une mort psychologique; une mort à tout ce qui donnait un sens à la vie. Puisque ce sens était non-sens, c’est la désintégration psychique, mille fois pire que la mort par balle. Il faut alors trouver le véritable sens, à l’intérieur de réalité, qualitative cette fois-ci. Là où les plus et les moins disparaissent.
La mort des États-Unis, du dollar et du rêve, c’est l’humanité tout entière qui n’a jamais vécu plus loin que l’adolescence (à part ses quelques sages qui ont réussi la traversée du mirioir). L’effondrement de la civilisation marque ce long passage dans lequel nous entrons. Et il n’y a qu’à l’intérieur de soi que nous pouvons faire face à cette mort inéluctable.
Faire le deuil de soi est la voie des sages, mais l’Amérique n’est pas rendue là. En attendant, elle doit passer par les cinq étapes du deuil.
1. La personne ou la société confrontée à une perte, refuse d’abord les faits et cherche un bouc émissaire (ce peut être les Américains pour nous, ce peut être le conjoint, la conjointe ou les Chinois pour les américains…?) : c’est la phase de LA NÉGATION.
2. La déchirure intérieure de l’individu ou de la société, la paralysie, l’incapacité de changer le monde à sa convenance, conduit à LA COLÈRE (Dies Irae), où se mêlent l’amertume, la révolte et le sentiment d’injustice, suivent habituellement la négation.
3. Lorsque renaît temporairement un espoir, on voit apparaître LE MARCHANDAGE.
4. La mort psychologique, LA TRISTESSE, est une étape marquée par un intense sentiment de solitude pouvant parfois aller jusqu’à la dépression.
5. Arrive enfin L’ACCEPTATION, où la personne prend la décision de vivre avec la réalité, pour le mieux.
Ce pas, quand il s’agit d’une société, peut être très long à franchir. La partie forme le tout.