laodan
02/02/2022
Cher Monsieur Grasset votre conclusion, « ... le nœud gordien de la Grande Crise se décidera au niveau des civilisations », ouvre l'esprit à de nombreuses questions.
Mais d'emblée il me semble que pour atteindre tout le sens de vos propos, il faut déterminer comment les civilisations sont encore operatives au sein de nos sociétés contemporaines. Et pour cela, il est nécessaire de clarifier les concepts qui sont en jeu : société, culture, civilisation et vision du monde.
Le terme « société » désigne une assemblée, un regroupement, d'individus autour d'une vision partagée du monde. Dans le cas des sociétés humaines, cela signifie partager une culture commune. Mais ce terme « culture » est devenu trop vague, en lui-même, aujourd'hui pour être encore d'une quelconque utilité. Ce terme regroupe en effet des contenus qui furent « activés » en différentes périodes historiques mais qui restent néanmoins actifs dans le présent à travers ce que j'appelle « le Continuum du Champ Culturel Sociétal ».
Les contenus culturels du continuum de ce champ sociétal sont au nombre de 3 :
—- la civilization :
Tout individu, ou qu'il soit de par le monde, partage largement inconsciemment les axiomes du "système de culture sociétale" en vigueur dans l'ère géographique de sa civilization particulière.
Si nous prenons la civilization Occidentale comme référence cela signifie le partage, largement inconscient, d'axiomes centrés sur le "dualisme" (opposés qui sont irréconciliables d’ou l'expression Americaine "good guy - bad guy"). Bush junior en fit un jour une caricature mémorable en prononcant son "You are with us or you are against us"...
En contraste, au sein de la civilization Chinoise, les axiomes sont centrés sur l'idee de "polarité" (polarités qui interagissent : comme les polarités de l'électricité par example).
Le fait est que dualisme et polarisme ont initié deux systèmes axiomatiques qui sont fondamentalement incompatibles mais ceci n'est pas le propos de ce commentaire. Mon propos est l'impact des systèmes axiomatiques des civilizations sur les relations Géopolitiques du moment présent.
—- la vision sociétale du monde :
Au sein de chaque société, qui respecte son nom, les individus partagent une vision commune du monde. Partout dans le monde, nous observons que cette vision est soit une religion, soit un système de connaissances traditionnelles.
Une vision sociétale partagée augmente la confiance entre les individus et cela, à son tour, renforce la cohésion du groupe ou de la société. De plus, le niveau de cohésion de la société est directement lié à la reproduction des institutions sociétales. Seule une forte cohésion sociétale permet en effet d'assurer la reproduction des institutions sur le long terme.
—- la culture du jour :
Le contexte actuel recèle un potentiel de changement à tous les niveaux du fonctionnement de la société. Mais une synchronisation s'opère automatiquement, hors de la conscience des individus, entre d'une part ces potentiels de changement et d'autre part le « continuum du champ culturel sociétal ». Cette synchronisation donne « la culture sociétale du jour » ou ce que nous appelons « le contemporain ». De plus, cette synchronisation est également porteuse d'un potentiel d'évolution sociétale. Mais ceci est une autre affaire.
Après avoir ainsi clarifié les 3 contenus du champ culturel des sociétés, comment alors se décidera « ... le nœud gordien de la Grande Crise … au niveau des civilisations » ?
Bien bien…
Observons d'abord en quoi l'attitude occidentale est une caricature de son dualisme axiomatique.
Du temps où l'Occident a rencontré un « autre » – pendant les croisades – pendant les « grands voyages de découverte » – et aujourd'hui lors de ses pourparlers avec le reste du monde, son attitude quasi générale était, et reste, au mieux paternaliste. et au pire exceptionnaliste.
En d'autres termes, notre dualisme axiomatique nous positionne dans le camp du bon, du bien, du beau, etc… ce qui, à nos yeux, positionne automatiquement « les autres » dans le camp du mauvais, du mal, du laid. , etc.
L'observation de l'attitude occidentale, à travers son dualisme axiomatique, nous donne à voir la caricature d'un despote qui veut imposer aux « autres » sa vision du monde et s'ils refusent le despote croit fermement que sa tâche est de les battre jusqu'à la mort. N'est-ce pas la ce que nous observons dans le chef des États-Unis contre la Chine, la Russie, l'Iran et bien d'autres ? L'avenir du monde semble donc tout tracé… sauf qu’un nouvel ordre mondial pourrait changer la trajectoire suivie par les USA. Cela m'amène à la vision sociétale du monde qui est aujourd'hui partagée par l'Occident.
Dans l'esquisse ci-dessus du « Continuum du champ culturel sociétal », je mentionne que la reproduction des institutions, au fil des générations, nécessite le partage par les individus d'une vision commune du monde.
Mais le fait est que l'alliance du postmodernisme et du néolibéralisme a fini, au cours des 50 dernières années, par anéantir le récit des deux grands méta-systèmes de la pensée occidentale, à savoir le christianisme et plus récemment le marxisme.
L'absence soudaine d'une vision commune du monde a plongé les individus occidentaux dans un trou noir qu'ils ont tenté de combler devant leurs écrans par l'hyper-individualisme et par l'illusion de connaître mieux que personne d’autre la réalité de notre monde. Mais le réveil a été douloureux. Dans leur isolement, ils ont en effet rencontré les affres d'une solitude à laquelle ils n'étaient décidément pas préparés…
Cet état de fait s'est généralisé à l'ensemble du paysage sociétal occidental et le terme qui me semble le mieux adapté pour décrire cette nouvelle réalité est « atomisation sociétale » qui signifie, entre autres, que ces sociétés ont totalement épuisé leurs réserves énergétiques et sont donc actuellement en mode inertie. Il faut donc s'attendre à ce qu'un de ces jours elles cessent de fonctionner… ce à quoi personne ne sera préparé et donc le chaos total qui s'apprête à dévaster les sociétés occidentales !
Ce constat est désormais partagé par les directions de la gouvernance Chinoise et Russe, qui n'ont évidemment aucun intérêt à crier sur tous les toits qu'elles sont occupées à assister l'accélération de ce dénouement.
Tout ceci pour dire que la seule chose à laquelle nous devrions nous attendre, du point de vue de la civilisation, est un approfondissement de la folie dualiste à l'œuvre dans l'esprit des décideurs américains et de leurs sbires européens. Mais dès que leurs institutions cesseront de fonctionner, la folie dualiste de leurs décideurs s'éteindra et ils courront se cacher de la vengeance de leur peuple.
Théo Ter-Abgarian
02/02/2022
Les choses avancent, les temps décantent. On voit que le nouvel ordre mondial, très lentement, se met en place. C'est comme un jeu de plaques tectoniques, des avancées des reculs… Une chose est maintenant acquise, la fin de l'hégémonie anglosaxonne. J'ai eu hier une enseignante de haut niveau, anglaise (je dis anglaise, car elle m'oblige à dire britannique, c'est dire la crispation…), cette dame était au bord de l'apnée. Elle était en août 14. Les raisons de sa "panic attack", c'est le mot qu'elle a employé !!!, terme savoureux. Madame a ses vapeurs, disait -on dans les vaudevilles, avant la vague woke. ..Bref, les motifs de sa crise asthmatiforme, c'était que les Russes attaqueront l'Ukraine. J'en ai déduit immédiatement que la propagande outre-Manche est à son paroxysme.
Bien entendu je ne crois pas du tout au danger russe, je note que depuis l'effondrement de l'URSS, l'OTAN avance inexorablement vers le coeur de l'ennemi héréditaire, pays baltes, Ukraine, Géorgie, Roumanie, Khazarstan, Biélorussie… Des pays chauffés à blanc, qu'est-ce qui prend à la Suède ? Pour le Canada ou l'Australie, c'est devenu un mode de vie.
La question est bien celle de l'ordre mondial… Il y a une bizarre inversion des tendances, la Droite qui est devenue libertaire, la "Gauche" répressive, en chasse, avide de silence dans les rangs, ou sinon, mort sociale pour les contrevenants. Le Viva la Muerte des phalangistes est devenu le cri de ralliement des bien-pensants !!!
Eh bien, c'est pareil pour les nations, Canada et Australie, dans la crise du Covid, se sont révélés d'authentiques états fascisants. L'aspiration des peuples à disposer d'eux-mêmes est sans intérêt, (comme les peuples eux-mêmes, d'ailleurs) la doctrine Wilson de 1918 n'a plus cours, les Russes de Crimée et du Donbass doivent être régis par l'Otan, c'est ça ou rien. De qui sont les bruits de bottes ? Les mouvements de la mentonnière ? Les prédateurs du capitalisme financier sont entrés en période de chasse, et, comme les temps sont durs, seule la rumeur de guerre peut faire oublier aux masses appauvries par l'inflation qu'il est temps de passer à un autre ordre du monde. En fait la crise se joue à Liverpool et à Detroit, les Trudeau, les Biden et les Johnson sont condamnés à exciter les passions qui les font survivre. Mais le compte à rebours continue sa marche. Tic, tac, tic, tac.
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