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Le barrage de désinformation dressé par le régime de Saakashvili a eu un effet indirect et imprévu. L’image est celle du rouleau compresseur russe culbutant sans même le remarquer une faible armée géorgienne. Cette construction imaginaire (la fameuse “réponse disproportionnée” dans l’esprit des responsables européens) a certes eu pour effet d’exciter dans beaucoup de médias une hystérie russophobe latente ou déclarée (cf.; le dernier article de Thierry Volton dans Le Monde) mais aussi de donner à la Russie un statut supérieur dans le concert des nations, statut qui serait attaché à une puissance militaire retrouvée. En réalité, l’armée russe est intervenue avec moins de 15.000 hommes (autour de 10.000 selon les estimations les plus fiables) et à peine 150 blindés, soit l’équivalent d’une division. L’armée russe est donc intervenue à un contre deux puisque l’armée géorgienne comptait de 20 à 32.000 hommes et plus de 200 blindés dont certains périmés il est vrai. C’est le sens tactique des généraux russes et une sorte d’allant des troupes russes qui ont scellé la décision en quelques jours, troupes russes qui semblent avoir un moral élevé. Ce ne sont donc pas les opérations militaires en elles-mêmes, d’ampleur modeste, qui ont modifié le paysage géopolitique. Ce qui a modifié la donne géopolitique c’est que la Russie a fait la démonstration qu’elle était capable d’évaluer une situation, de prendre une décision rapidement et de la faire appliquer par un outil militaire adapté à cet usage. Du rôle d’acteur passif dans ses rapports avec l’OTAN et les Etats-Unis elle devient désormais un acteur actif global car capable de donner à ses décisions un contenu concret (militaire mais surtout diplomatique et économique). Elle agit, et veut montrer qu’elle a les moyens de sa politique.