AG
21/09/2018
Merci de mettre en évidence cette tendance à l'affectivisme de tous bords. J'avais en effet parfois l'impression que certains commentaires soit-disant anti-système me faisaient penser à la diatribe indigeste qu'on nous sert au quotidien ... les commentaires aux articles du saker sont à ce titre assez consternants d'individus qui étalent leur suffisance et certitudes, des "y'a qu'à faut qu'on" tous plus extrêmistes les uns que les autres ...
Marc Gébelin
22/09/2018
Devant des concepts qui d'une certaine façon se rapprochent des miens je ne peux qu'être d’accord. Devant une situation nouvelle, sans concepts nouveaux pour la saisir, on ne peut la comprendre. Mais il peut aussi y avoir une "prolifération" de concepts qui finissent par brouiller la raison ordinaire. "Affectivisme" me parle, "déchainement de la matière", "raison subvertie" aussi, mais…
Pour apprécier les décisions ou les choix d'une personne en situation il faut être informé. Toutefois chacun mettra dans le concept d'information ce qui lui parait digne d'y figurer. L'IL abattu est une information brute. Les moyens par lesquels il l'a été est une information brute. Après avoir écouté les explications rationnelles de l'état major russe, le rôle des F16 me parait une explication militairement acceptable. C'est une information qui n'est plus tout à fait brute. Peut-être sera-t-elle complétée voire contredite plus tard. Que des F16 aient attaqués la Syrie est une information brute, la "méthode" choisie par les pilotes restera sans doute un secret que les Israéliens ne révèleront pas à leur "ami" russe. Que les batteries de missiles syriens aient riposté, il n'y a aucun doute. Qu'ils l'aient fait selon un protocole déjà bien ficelé (on l'espère, vu les antécédents amicaux des Juifs vis-à-vis de la Syrie), me parait aussi une information brute bien que je ne connaisse pas ce protocole. Le fait qu'il y ait eu bombardement tout près de la base russe de Heimin est une information brute. Mais pourquoi cette attaque, pourquoi ce jour là est une hypothèse que ceux qui suivent l'affaire depuis 2011, font volontiers. Que les Juifs n'aient pas jugé utile de prévenir leurs "amis" Russes est aussi une information brute qu'on est en droit d'interpréter comme une décision de "brutes décidés à foutre le bordel, à tester les Russes et à faire le boulot des Yankees qui ainsi, n'ont pas à monter une opération chimique". Merci Israël ! Ainsi, que les Russes se soient fait avoir une fois de plus n'est pas une information brute et ne me semble pas être une opinion inspirée par de l’ « affectivisme ». Ils ont perdu 15 hommes pour quoi? Depuis qu'ils sont en Syrie, ils en ont perdu combien? Ces pertes ont-elles été toujours justifiées? Résultent-elles d'une mauvaise appréciation de l'état major? C'est possible. Les Russes ne le diront jamais. Diront-ils pourquoi ils sont convaincus que leurs amis juifs israéliens leur feront toujours des politesses dans le ciel syrien? Attendent-ils le coup de fil de Netanyaou pour mettre leur système de défense en alerte, eux qui se sont installés en Syrie en septembre 2015 sans que l'Otan n'y voit rien. Pourquoi ne sont-ils pas en alerte permanente aussi près de leur base? Leurs bateaux qui croisent en Méditerranée orientale n’ont pas vu venir les chasseurs israéliens? On n'en finirait pas de se poser des questions dont nous n'aurons jamais les réponses. Les Russes ne sont pas infaillibles, peuvent faire des erreurs mais on a l'impression que les juifs-israéliens eux, le sont eux infaillibles! De la même façon que personne ne condamne jamais le "tir au pigeon" sur les Palestiniens, Russes compris, personne ne semble choqué que 15 types soient morts pour rien, Russes compris. Poutine parle de "tragédie". Pour qui ? Pourquoi, puisqu'il apprécie tant les références antiques, ne parle-t-il pas de l'hybris juive? Il a peur de vexer Bibi? Qu'on se rappelle les morts du Koursk. Poutine eut du mal à écourter ses vacances sur la mer Noire. Bon, en juillet 2000, il était peu expérimenté, mais maintenant? Qui va payer la pension aux veuves et aux enfants des veuves ? Bibi ? Qui va payer le prix de l'Iliouchine? Le trésor israélien ou les cotisations de Russie Unie ?
Des observateurs attentifs pas plus "anti" ou "pro" poutinien que le Saker, Craig Roberts, font des remarques pertinentes dans les deux sens. L'impression générale est que Poutine à force ne pas vouloir se fâcher avec personne, risque de se "fâcher" avec beaucoup sinon à être méprisé, vu comme un "paillasson" par une certain Turc qui lui dicte sa politique à Idlib après qu'il eut fermement exprimé son intention d'engager le combat lors de la rencontre de Téhéran une semaine ou deux avant. Peut-on à la fois être "ami" avec Téhéran et Tel-Aviv, comme les américains l'étaient avec Hitler et Staline? Eux, au moins, ils savaient ce qu'ils voulaient et que l'ont sait aujourd'hui à moins de méconnaitre l'histoire véritable : d'abord écraser l'Allemagne puis la relever pour attaquer l'Urss! Et ça a marché, non? Avec un petit décalage historique certes, mais ça a marché. Grâce à qui ?
Que veulent les Russes? Que veut Poutine? Faire ami-ami avec le fou de Tel-Aviv, choyer l'Iran désormais sous la menace à la fois américaine et juive ou le laisser se démerder? Avoir de bonnes relations avec l'Arabie des Saoud par l'intermédiaire de Gazprom? Chouchouter Erdogan parce qu'il lui construit une centrale nucléaire… tout en restant un "Européen libéral" croyant traiter d'égal à égal avec le fou de Washington? Caresser ses rabbins russes dans le sens du poil tout en construisant des mosquées pour les Russes musulmans? Tenir le même raisonnement que l'occident pour "calculer" la drastique réduction des retraites? Etc, etc…
On n'en finirait pas de se poser des questions. Poutine n'est pas un dieu. Il peut se tromper, se faire des illusions, se prendre pour le tsar. Les élections récentes (heureusement annulées) à Vladivostok semblant vouloir le prouver. Je persiste à croire que Poutine, même s'il est bon judoka, voire fin joueur d'échec a peut-être tendance à se croire infaillible après 18 ans de pouvoir, des armes nouvelles terrifiantes "que personne au monde ne possède" mais qu'il ne veut surtout pas utiliser en premier, l'adulation de son peuple (qui pourrait ne pas durer s'il continue à gérer l'économie de son pays à l'américaine), etc, etc.
Pour conclure. Examiner ce problème en quelques lignes est impossible, par contre avoir le sentiment, l'intuition, que quelque chose ne tourne pas rond dans la géopolitique russe, n'est pas interdit. Cette intuition n'a rien à voir avec un manque de concepts subtils. L'intuition c'est précisément ce qui ne passe pas par des concepts rationnels mais va au cœur des choses. Selon Wikipédia: "L’intuition serait une manière rapide d'évaluer une situation en la mettant en rapport avec des situations similaires déjà connues". Je dirais pour ma part c’est que c’est une perception suprasensible, quelque chose qui survient d’une zone de la conscience qu’on ne dirige pas mais qui est vraie. En 1991 j’étais à Graz en Autriche. Quand un jet yougoslave a survolé la ville j’ai eu l’intuition de la guerre, senti son odeur. On me traita de Cassandre. Qui a voulu tuer la Yougoslavie sous des prétextes humanistes? Qui continue à tuer partout de plus en plus? De la Palestine au Yémen en passant par le Venezuela ? Le laisser continuer cet "inconnu meurtrier" protège la paix"? Les élections "mit-terms" vont changer quelque chose dans le sens du bien? Il faut être bien fou pour l’espérer et déconnecter du réel pour le croire.
Christian Feugnet
23/09/2018
Un paradigme partagé formate la perception et par là devient affectif , donc source de reflexe conditionné . Ce qui est expose à l'échec en cas de fait nouveau .
En terme mécanique , puique de mécanique il s'agit , le fait nouveau est une accélération de l'accélération . C'est le Temps qui change .
Le recours à une 4e dimension ne suffit pas . Il ne faut plus juger en dimensions de l'espace , en coordonnées méme généralisées , fussent elles , n ; mais en états . Qualitativement , changer d'unités , mesures des qualités , on change de monde et de paradigme .
Ils veulent la jouer comme , çà , on va la jouer comme çà .
( Trés abstrait , j'en conviens , je n'ai pas de boule de cristal )
Christian Feugnet
23/09/2018
Tout à fait de mauvaise foi , je dirais , concrétement , retour à l'espace , sur terre .
Aprés Idlib , le Golan .
Christian Feugnet
23/09/2018
Que je juge stratégique pour le Systéme : la monnaie . C''est au sujet du noueau : les cryptomonnaies .
Le conditionnement y consiste en ce que le succés de ce nouveau , éphémére comme il se doit , selon le Systéme , puisque mu par la volonté de sa disparition , consiste donc en l'innovation de la blockchain . Aussi convient t il de la domestiquer .
Non , l'essentiel est la décentralisation , l'abscence de régulation , c'est à dire de controle par le Systéme . C'est là que çà se joue .
Christian Feugnet
23/09/2018
Dans sa stratégie du faible au fort , indiute de métaphysique la supériorité de sa méthode . Il s'agit d'utiliser la force de l'adversaire et de la retourner contre lui .
Ainsi pas besoin de prétexte , pour le Golan . L'ennemi a agit comme inespéré , il a pris l'initiative de l'agression . Condition préalable nécessaire mais pas encore suffisante . Faut se laisser "pousser" , et que ce soit clair pour les tiers . Gageons que l'ennemi fera lui méme cette partie du travail , pas fini . Il en est trés capable , trés imbu de lui méme .
Alexandre Guillien
23/09/2018
M'est avis que le discours "ils ne comprenent que la force", "il va passer pour une poule mouillée" est exactement du même calibre que le discours système qui villipendie la russie et cherche sa destruction. C'est un discours qui VEUT créer un rapport de force et qui CHERCHE le conflit.
La réaction russe a toujours été une réaction qui évalue les enjeux et réagit en conséquence. Les enjeux, c'est qu'une confrontation militaire peut très vite déraper en conflit nucléaire et donc en fin du monde. Les enjeux c'est aussi le but de l'intervention russe : stopper les US/le système dans sa politique d'agression et de déstabilisation.
Quand on regarde les résultats de la politique russe, c'est un succès : le conflit est contenu dans un cadre, et la politique US/Système a été arrêtée. Certes, ils gesticulent, ils vitupèrent, ils font même parfois vraiment n'importe quoi (cf. skripal ...), mais au final, s'il y a quelqu'un d'embourbé en Syrie ce sont eux. Ils s'accrochent pour ne pas admettre leur défaite, mais chaque mois qui passe montre qu'ils ont échoués (il faut rappeler que les reconquêtes de la ghouta et sud syrien sont relativement récentes). Ne pas regarder ces résultats et prendre ce point de vue "ils ne réagissent pas donc ils sont faibles", c'est se placer dans le référentiel système qui, comme on ne cesse de le voir ici, n'est PAS la réalité, juste le délire de leur psychologie malade.
Pour conclure, je voulais pointer comment la culture cinématographique américaine montre leur psychologie. Dans la plupart des oeuvres américaines récentes, les personnages sont très souvent dans des relations de rapport de force. Ils n'arrivent pas à se parler, il essayent de se dominer les uns les autres, ... comme une prison où les détenus lâchent lors trop plein d'agressivité dans des luttes de gangs "c'est moi le chef et je vais le prouver".
La politique américaine me semble identique : ils veulent prouver que ce sont les plus forts, et essayent donc de créer un rapport de force. Si on entre dans ce jeux ... tout est possible. La politique russe est justement de ne pas entrer dans ce jeux, de laisser les fous dans leur folie et d'agir de façon raisonnée.
Une dernière conclusion, concernant le cas qui crée ces réactions affectivistes. La réalité suite à cette attaque, c'est que les israëliens sont allés la queue entre les jambes à Moscou pour tenter de s'expliquer. S'ils prenaient effectivement les russes comme un paillasson, ce n'est pas la réaction qu'ils auraient adoptés.
Affectivisme vs Réalité : il faut garder la tête froide poure voir la réalité et observer quand on est dans un émotionnel qui déconnecte de la pensée.
jc
23/09/2018
Dans notre époque moderne l'analogie semble exclue du champ de la rationalité (c'est au contraire le dicton "comparaison n'est pas raison" qui semble y avoir force de loi): seules les inférences obtenues par catalogie (kata: de haut en bas), par la déduction, par l'analyse (et la catalyse…) sont seules considérées à notre époque comme rationnelles.
Dans un commentaire de ce jour, Marc Gébelin rappelle que "L'intuition c'est précisément ce qui ne passe pas par des concepts rationnels mais va au cœur des choses" (définition que, j'en suis convaincu, ne saurait renier PhG). Pourquoi exclure du champ de la raison le puissant moyen de synthèse qu'est l'analogie pour tenter de "rationaliser" une intuition (ana: de bas en haut) en remontant au coeur des choses?
En mathématiques c'est la théorie des proportions (due à Eudoxe) qui a donné une assise aux nombres rationnels tel 3/2 (3 est à 2 ce que 6 est à 4), nombres "de raison" en opposition aux nombres entiers -seuls nombres "réels" pour les anciens grecs. Cette théorie a été exportée en biologie, d'abord par Aristote (analogies de structures ou analogies de fonctions -telle "la plume est à l'oiseau ce que l'écaille est au poisson") puis au XXème siècle par d'Arcy Thompson.
Le physicien français François Roddier a récemment fait d'audacieuses analogies entre le fonctionnement d'un moteur thermique (cycle de Carnot) et les cycles économiques, voire les cycles civilisationnels*.
Le mathématicien René Thom a fait une théorie de l'analogie (c'est l'objet de sa théorie des catastrophes): pour lui "toute analogie sémantiquement acceptable** est vraie". Deux exemples d'audacieuses analogies -selon lui sémantiquement acceptables donc vraies): l'une entre mathématique et biologie (analogie entre le développement de Taylor d'une fonction et le développement biologique d'un embryon), l'autre entre biologie et linguistique (analogie entre endoderme-mésoderme-ectodeme et sujet-verbe-objet).
Le problème des analogies -et donc de la synthèse- conduit à celui des archétypes: parmi des situations analogues y en a-t-il une qui est archétypique? Dans le cas numérique précité l'archétype est évidemment 3/2 puisque toute fraction analogue s'écrit 3*n/2*n, n entier. Dans la théorie thomienne de l'analogie ce sont les catastrophes élémentaires (pli, fronce, etc.) qui sont les archétypes (et c'est ce qui, selon moi, fait écrire à Thom: "Le monde de l'analogie est un monde qui porte en quelque sorte son ontologie avec soi").
Nous ne sortirons pas du bourbier conceptuel dans lequel le Système tente de nous maintenir sans une certaine audace de la pensée, audace que recommande PhG. Transgresser l'interdit de l'intuition qu'impose le positivisme et trangresser l'interdit de l'analogie qu'impose le scientisme sont deux telles audaces.
*: cf. sur ce site son article "Vers un effondrement de civilisation".
**: Il faut lire beaucoup de son oeuvre pour se faire une idée de ce qu'il entend par "sémantiquement acceptable".
jc
24/09/2018
Pour Alain Connes*:
1. Le coeur des mathématiques c'est comprendre la géométrie des nombres premiers;
2. Le coeur de la physique (moderne) c'est comprendre la géométrie de l'espace-temps.
Pour René Thom le coeur de la linguistique est également géométrique:
"(...) aucune théorie un peu profonde de l'activité linguistique ne peut se passer du continu géométrique (relativisant ainsi toutes tentatives logicistes qui fleurissent chez les Modernes)."
Je viens de découvrir deux articles d'un certain Guy Vincent, visiblement(?) plus littéraire que scientifique, qui illustre ce coeur géométrique de l'activité linguistique.
1. Voici ce qu'il écrit*** du langage (qui, selon moi, précise le "Nous ne sommes pas maÎtres de la maison du langage" de George Steiner):
"(...) il [Thom] considère que si notre langage peut comprendre le réel, c'est qu'il est structuré de façon identitaire aux processus de la réalité, de même pour l'activité cérébrale."****
(On notera le commentaire désabusé de la fin du paragraphe "Aperçus personnels" de l'article, qui rappelle celui de PhG concernant les historiens salonards et/ou sorbonnards.)
2. La dernière figure "topographique" du paragraphe 2 ("La navigation de Saint Brendan") du chapitre II de "Derades2"***** inspirera peut-être PhG dans son cheminement "logographique" depuis le désenchantement de Dieu jusqu'à son réenchantement.
*: Cf. la vidéo dispo sur la toile "Le coeur des mathématiques et de la physique" par Alain Connes (durée 3')
**: http://www.utqueant.org
***: http://utqueant.org/net/pdf/carthom.pdf
****: Thom: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés, ainsi l'usage de vocables anthropomorphes en Physique est foncièrement justifié." (SSM, Conclusion)
*****: http://utqueant.org/net/der2.html
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