bert
02/05/2007
La constante “talibane” est l’importante influence pakistanaise sous-tendant la totalité de la “question afghane”.
Un rapide retour en arrière permet de constater que c’est le Pakistan, notamment sous la présidence de Mme Bhutto, et par l’intermédiaire de ses puissants services secrets (ISI), qui a totalement créé et instrumentalisé les talibans au milieu des années 90. C’est le Pakistan qui fournissait la quasi-totalité de la logistique militaire qui leur permettait de combattre les forces qui s’opposaient à eux, la plus constante d’entre elles étant celle dirigée par AS Massoud.
Jusqu’en 2001, de nombreuses preuves étaient apportées de l’implication complète du Pakistan dans la lutte des talibans sur le sol afghan, matériel militaire, troupes régulières au sol et aviation inclus.
Cette intervention du Pakistan dans les affaires afghane remonte, pour la période la plus récente, à la guerre sovieto-afghane. Le Pakistan, après avoir servi de relais à l’aide occidentale et arabe aux afghans de l’intérieur, revendiqua, par la voix du président Zia Ul Haq, un “droit à l’ingérence, gagné du fait de l’aide apportée”. Le soutien apporté à Gulbudin Hekmatyar dans la période tampon entre la fin du gouvernement pro-soviétique et l’apparition des talibans fut la suite logique de cette politique, et la création des talibans répondit à l’impossibilité pour le Hezb I Islami de Hekmatyar de s’assurer le pouvoir à Kaboul.
Les buts pakistanais tiennent autant à la politique intérieure (gérer les zones tribales, sécuriser une frontière jamais acceptée par l’Afghanistan (“ligne Mortimer Durand”), obtenir l’assentiment des conservateurs religieux…) qu’extérieure (s’assurer une “profondeur stratégique” face à l’Inde).
Entre 1998 et 2001, le Pakistan était le seul pays, avec l’Arabie Saoudite et les Emirats, à reconnaitre les talibans comme gouvernants légitimes de l’Afghanistan, quand l’ONU continuait à ne reconnaitre que le gouvernement largement affaibli de Rabbani. La propre nièce de Richard Helms, Leila Helms, agissait alors en tant qu’ambassadrice officieuse des talibans pour leur reconnaissance à l’ONU avec pignon sur rue à Washington.
Le soutien apporté à la “guerre contre le terrorisme” des USA et de l’OTAN peut parfois paraître paradoxal dans un tel cadre. Dans tous les cas, force est de reconnaitre le double jeu auquel se livre le Pakistan, bien entendu compliqué par le fait que des forces antagonistes (président, armée, services secrets, conservateurs…) se livrent dans le pays une guerre sans merci.
L’ingérence pakistanaise est la principale cause de l’instabilité en Afghanistan, et rien ne sera possible dans les domaines de la sécurité et du développement dans ce pays tant que ne sera pas résolue la question de cette pernicieuse influence.
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