Alex Kara
22/07/2014
Les pays BRICS doivent leur puissance à la globalisation et aux positions de force respectives qu’elle permet (revenus, matières premières etc.). Or la globalisation doit avant tout se comprendre comme une démarche d’optimisation de la production de valeur.
Si on définit le Système comme étant l’expression de notre société technologique, alors le BRICS est un Système-concurrent, en phase de développement, qui vise à remplacer un système obsolète (centré sur les Etats-Unis) par un système plus adapté aux nouvelles conditions technologiques et sociales.
Exactement comme la guerre de 4ème génération englobe la société elle-même (une guerre réellement totale, finalement), le Système actuel reflète la décomposition des sociétés sur laquelle il est bâti (démographie, crise du mariage, addictions, etc. etc.).
Si l’on peut risquer une analogie, la seconde guerre des Boer est le signe de la perte de vitesse de l’appareil militaire britannique, et donc du Système-Empire Britannique. Il faudra la Première Guerre Mondiale pour que le Système-USA le remplace officiellement. Ce que l’appareil militaire britannique fut à l’Empire britannique, la société l’est à l’Empire-USA (on pourrait aussi le nommer Empire-BAO bien entendu).
La politique civlisationnelle de Poutine vise à vaincre sur ce plan là, et pour le Système-USA la bataille est irrémédiablement perdue (d’aucins diront, depuis le 11/09/2001 et les années Bush-fils, mais peu importe). Les USA ne sont plus dans les curs de qui que ce soit, et surtout pour les démunis, ceux justement qui attendent des lendemains qui chantent.
Il y a eu un « American Dream », qui a fondé cette composante sociétale remplaçant la force militaire comme élément de puissance, il y aura sans doute un « BRICS-Dream » (un F2 pour chacun ? Une épouse pour chaque chinois et chaque indien?)
Mais quelle que soit ce nouveau Système, il continuera et optimisera la Technologie, qui sera son sang (tout comme elle l’a été pour les marines portugaises et espagnoles au temps du Traité de Tordesillas, premier Système-Monde, ou pour l’Angleterre de la Révolution Industrielle etc.)
Les robots-ouvriers et robots-soldats, que l’on développe partout aujourd’hui d’arrache-pied, ne seront pas plus cléments s’ils sont Brésiliens que s’ils étaient Allemands, parce qu’ils sont avant tout robots. Le tracteur soviétique a chassé la paysannerie de la campagne tout comme le tracteur américain chassait la paysannerie étatsunienne. Kolkhoze ou grande exploitation privée, pour le paysan c’est le même destin : la ville, l’industrie, la consommation.
Donc pour résumer finalement : le Système-USA (dont nous sommes un composant périphérique) s’effondre, le Système-BRICS prend sa place, plein de vitalité, et la Technologie continue son petit bout de chemin.
Bon bien sûr elle s’effondrera elle-même un jour (Jospeh Tainter, « Collapse of Complex Societies ») mais c’est un autre débat.
René Moreau
23/07/2014
Je trouve intéressant le commentaire de A.Kara, en effet le remplacement d’un système par un autre entaché des mêmes servitudes technologiques (choix du feu… activités économiques complètement dominées par les besoins en énergie et matières premières suscitant la voracité sur ces ressources, etc… ) ne serait qu’une péripétie de plus de l’histoire ?
Ne pourrait on imaginer que à la faveur de la pagaille et des terribles secousses créées par l’effondrement du Système BAO actuel la nécessaire sagesse devant accompagner le développement de toute société technologique complexe pour lui assurer une pérennité “vienne enfin à l’humanité”.
En quelque sorte la Méta-Histoire nous amèneraient à ce point d’achoppement, le franchir victorieusement ou sombrer.
“Le nouveau Système, il continuera et optimisera la Technologie” dit A.Kara.
Et en effet je vois mal une société à ce point engagée dans la science et la technologie comme la nôtre, soudainement y renoncer complètement !
Mais rien n’empêche d’imaginer que des Principes à la fois nouveaux et d’ancienne tradition puissent être remis en cours, les choix de base en résultant seraient complètement différents, rectifiés. le choix central ne serait plus le Feu, mais la nature et la diversité, l’Homme, la planète. Tout l’environnement psychologique en serait transformé, l’atmosphère civilisationnelle seraient tout autre.
Et les comportements déchainés actuels d’avidité et de cupidité (à l’instar du déchainement de la matière) avec les guerres qu’ils entrainent seraient derrière nous, bannis sinon maitrisés.
voir à ce sujet le très intéressant :
http://www.voltairenet.org/article184791.html
qui illustre bien la folie actuelle de la voracité que produit l’idéal de puissance dans sa manifestation énergétique
Une utopie diront certains ? Oui peut-être mais la question que je pose et que m’a semblé soulever A. Kara : paraît en fait se poser d’elle même, comme dans la nature des choses. Ontologiquement si je ne me méprends pas sur le sens de ce terme
Oui ou non, une aventure technologique et scientifique évoluée est-elle possible,maitrisable et surtout durable est elle compatible avec la survie harmonieuse de toute société intelligente ayant pu éclore ici ou là dans l’Univers.
Et comme en ce qui concerne “ici” hé bien on est dedans ! Donc directement concernés. Ne serait-ce pas en quelque sorte l’idéal de perfection qui dans cette perspective serait (devrait être) aux gouvernes ? Le concept de méta-Histoire dont parle Mr Grasset ne nous conduit-il pas obligatoirement vers cette nécessaire bifurcation de civilisation ?
Jean-Paul Baquiast
23/07/2014
J’ai repris ce sujet ici http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=1431&r_id=
En rendant in fine un hommage justifié à cet article remarquable de Philippe Grasset
Aruna Baoro
24/07/2014
Les BRICS ne peuvent pas opposer de réelle alternative au système, c’est une capacité qui se trouve hors du champ des échanges diplomatique et des voeux pieux. Une alternative devrait s’accompagner d’un choix de spiritualité, notre civilisation doit être en mesure de dominer et de réparer les erreurs qui l’on conduite au stade de l’effondrement. Mais il y a peu de chance que l’humanité moyenne modifie largement ses inclinations (mode de vie, consommation de biens, éducation,...). L’aventure BRICS demeurera eschatologique, leurs échanges et leurs liens sont intégrés dans le Système, leurs consensus anti-système n’ont de sens que dans le moment présent (le Big Now). Il est probable que certaines personnes dans l’élite de ces pays veuillent revenir aussi vite que possible dans le giron américaniste-anglo-saxon et occidentaliste pour éviter un conflit global qui mettrait un terme au système et du même coup à leurs intérêts immédiats. Les événements forcent les BRICS à prendre une direction dont ils ignorent eux-même l’aboutissement. D’ailleurs Dedefensa notait il y a quelques temps que Poutine aurait été un homme de compromis avec le Système (dont le noyau dur, les USA), presque un collaborateur absorbé par l’hydre, si les circonstances avaient été différentes.
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