pierre
21/02/2011
L’article ci-dessous a été piqué sur l’Orient-le Jour, torchon haririen qui se laisse parfois aller à dire des choses intéressantes.
Dans ce cas, il s’agit de la réaction du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, répondant à Ehud Barak après que celui ci ait dit à ses troupes de se tenir prêtes à entrer à nouveau au Liban.
Or voici que Sayyed Nasrallah lui répond du tac au tac que si Tsahal entre au Liban, le Hezbollah “reprend” le contrôle de la Galilée…
Déclaration choc qui a mis en émoi tout l’Etat major israélien forcé à déclaré qu’Israël est prêt à se…. défendre. On croit rêver!
L’équilibre des forces est décidément en train de changer vertigineusement au Moyen-Orient. A suivre donc….
Nasrallah et la Galilée, ou le nouvel équilibre de la terreur
En dépit des événements qui semblent se succéder à grande vitesse dans la région et des multiples problèmes internes au Liban, dus à la lenteur de la naissance du nouveau gouvernement, ainsi qu’au spectre de l’acte d’accusation qui, selon les rumeurs, devrait être publié au cours des prochaines semaines, le secrétaire général du Hezbollah a réussi à retenir l’attention générale dans son dernier discours.
Tout le monde escomptait des propos déterminants sur le gouvernement ou de nouveaux éléments pour discréditer le TSL, mais Hassan Nasrallah a choisi de lancer de nouvelles menaces contre Israël. Pour la première fois dans l’histoire des discours arabes, un leader annonce clairement sa détermination à « libérer la Galilée si Israël tente de lancer une nouvelle agression contre le Liban ». Au-delà du fait que l’occasion (la commémoration du souvenir des leaders martyrs de la résistance) se prête aux envolées lyriques et aux propos mobilisateurs, l’annonce de Hassan Nasrallah n’est pas seulement destinée à ses partisans, dans une volonté de les tenir prêts à toute éventualité et de raviver leur engagement, elle adresse aussi des messages dans plusieurs directions. Cette annonce intervient à un moment où, dans les coulisses diplomatiques, on parle de plus en plus des risques de l’éclatement d’une nouvelle guerre israélo-arabe, le gouvernement israélien étant, selon des rumeurs de plus en plus précises, acculé à agir vite, avant que la révolution égyptienne décide de remettre en cause les accords de Camp David et la paix impopulaire dans ce pays signée avec l’État hébreu. Et si les soulèvements populaires atteignent la Jordanie, Israël, qui depuis 1948 se bat pour avoir à ses frontières si ce n’est des pays amis au moins des États neutralisés, se retrouvera dans une situation plus terrible qu’en 1973… C’est pourquoi les dirigeants israéliens songeraient sérieusement à lancer une attaque « préventive » d’envergure contre le Liban ou Gaza. Hassan Nasrallah a donc réagi en faisant monter les enchères pour aboutir à une plus grande dissuasion.
En grand communicateur, qui étudie avec minutie le moindre de ses propos ainsi que ses timings, le secrétaire général du Hezbollah a sciemment lancé sa « bombe » pour d’abord mobiliser ses jeunes, mais aussi pour semer la confusion en Israël. Il a misé sur sa crédibilité considérable chez ses ennemis pour que son annonce soit prise au sérieux. En effet, de telles menaces proférées par un autre leader arabe n’auraient pas eu le même effet que lorsque c’est Hassan Nasrallah qui les lance, d’autant que cet homme a montré, au cours de la guerre de 2006 (notamment lorsqu’il a prononcé son discours alors que ses hommes bombardaient le navire israélien), qu’il ne lançait pas des propos en l’air. De fait, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu s’est vu contraint de faire aussitôt une déclaration pour rassurer les Israéliens en leur affirmant que leur armée est en mesure de les défendre et de protéger leur pays. Et les médias israéliens, qui, depuis quelques mois, occultaient sciemment les discours du leader du Hezbollah pour ne pas lui donner de l’importance, ont interrompu cette politique pour relayer ses propos, qui étaient diffusés en boucle sur les chaînes israéliennes.
En fait, l’annonce du secrétaire général du Hezbollah était prévisible, car à chacun de ses discours, il rappelle qu’il réserve encore de nombreuses surprises aux Israéliens. Après avoir affirmé que son parti ne craignait pas les menaces israéliennes, et après avoir établi un équilibre de la terreur qui repose sur la riposte à l’identique (autrement dit, si Israël bombarde des immeubles, le Hezbollah détruira des immeubles en territoire israélien, s’ils attaquent l’aéroport de Beyrouth, la riposte aura lieu contre l’aéroport Ben-Gourion à Tel-Aviv et ainsi de suite), Hassan Nasrallah est monté mercredi d’un cran, établissant une nouvelle équation, la plus audacieuse depuis des décennies, puisqu’elle annonce une transposition des combats sur la scène israélienne. Pour la première fois dans l’histoire de l’État hébreu, celui-ci doit faire face à une menace à l’intérieur de ses frontières. Même si l’annonce du secrétaire général du Hezbollah ne se concrétise pas (puisqu’elle est conditionnée par une attaque israélienne contre le Liban), celle-ci aura déjà semé le trouble à l’intérieur d’Israël et créé une nouvelle situation dans laquelle la peur aura changé de camp.
Maniant avec aisance l’art de la guerre psychologique, le chef du Hezbollah a ainsi atteint son objectif, obligeant les responsables israéliens à sortir de leur mutisme et à se retrouver dans la position de devoir rassurer leur population. Depuis le leader égyptien Gamal Abdel Nasser, aucun chef arabe n’avait tenu des propos aussi remplis de défi à l’égard de l’État hébreu. Mais à la différence de Nasser, Hassan Nasrallah parle avec confiance, fort de ce qu’il considère être ses victoires sur Israël. En s’adressant aux responsables israéliens, il parle aussi aux foules arabes qui se soulèvent actuellement dans plusieurs pays de la région en cherchant à rappeler que le sujet central reste le conflit israélo-arabe. Enfin, il s’adresse aussi à l’intérieur libanais pour dire à tous ceux qui souhaitent remettre sur le tapis le dossier des armes du Hezbollah que celui-ci n’a jamais été aussi fort ni aussi mobilisé, et que ce ne sont pas quelques déclarations internes qui pourraient modifier cette équation.
Même si rien ne se passe et que le statu quo actuel sur « le front sud » continue de régner, le chef du Hezbollah a réussi son coup, créant la surprise et suscitant commentaires et interprétations, tout en faisant passer au second plan la menace que constitue l’acte daccusation attendu. (mn)
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