Alexis Toulet
13/09/2017
Un rappel utile en effet.
C'est l'occasion de remercier Philippe Grasset pour cette attitude qui en ce qui concerne l'étude générale du Système est définie comme inconnaissance, mais qui du point de vue plus étroit certes, mais important, des relations humaines s'appelle tout simplement l'ouverture d'esprit.
jc
13/09/2017
Refroidir (argot) : tuer
Thom (fin de l'article "De l'innovation") :
"Décourager l'innovation
Les sociologues et les politologues modernes ont beaucoup insisté sur l'importance de l'innovation dans nos sociétés. On y voit l'indispensable moteur du progrès et -actuellement [années 1980]- le remède quasi-magique à la crise économique présente; les "élites novatrices" seraient le coeur même des nations, leur plus sûr garant d'efficacité dans le monde compétitif où nous vivons. Nous nous permettrons de soulever ici une question. Il est maintenant pratiquement admis que la croissance (de la population et de la production) ne peut être continuée car les ressources du globe terrestre approchent de la saturation. Une humanité consciente d'elle-même s'efforcerait d'atteindre au plus vite le régime stationnaire (croissance zéro) où la population maintenue constante en nombre trouverait, dans la production des biens issus des énergies renouvelables, exactement de quoi satisfaire ses besoins: l'humanité reviendrait ainsi, à l'échelle globale, au principe de maintes sociétés primitives qui ont pu -grâce, par exemple à un système matrimonial contraignant- vivre en équilibre avec les ressources écologiques de leur territoire (les sociétés froides de Lévi-Strauss). Or toute innovation, dans la mesure où elle a un impact social, est par essence déstabilisatrice; en pareil cas, progrès équivaut à déséquilibre. Dans une société en croissance, un tel déséquilibre peut facilement être compensé par une innovation meilleure qui supplante l'ancienne. On voit donc que notre société, si elle avait la lucidité qu'exige sa propre situation, devrait décourager l'innovation. Au lieu d'offrir aux innovateurs une "rente" que justifierait le progrès apporté par la découverte, notre économie devrait tendre à décourager l'innovation ou, en tout cas, ne la tolérer que si elle peut à long terme être sans impact sur la société (disons, par exemple, comme une création artistique qui n'apporterait qu'une satisfaction esthétique éphémère -à l'inverse des innovations technologiques, qui, elles, accroissent durablement l'emprise de l'homme sur l'environnement). Peut-être une nouvelle forme de sensibilité apparaîtra-t-elle qui favorisera cette nouvelle direction. Sinon, si nous continuons à priser par-dessus tout l'efficacité technologique, les inévitables corrections à l'équilibre entre l'homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques."
Nicolas Prenant
13/09/2017
Merci pour cet article qui rappelle à une certaine sagesse. Je voudrais simplement réagir à ce passage :
"(Détail “opérationnel” : si j’ai tendance à prendre en compte, sans me battre pour elle, certes, la thèse des pro-“réchauffement climatique…”, c’est d’abord parce que c’est elle qui me rapproche le plus d’une mise en accusation du Système [parce qu’elle fait remonter aux origines du “déchaînement de la Matière”], – et alors qu’elle n’est tout de même pas une monstruosité insupportable par rapport à la “vérité scientifique”, référence immensément vertueuse découverte par le groupe Murdoch autour de 2006, avec la montée médiatique des climatosceptiques. On retrouve la ligne de ma pensée.) "
Pour ma part, et de manière quelque peu opposée, mais similaire, je considère plutôt que ce que j'appelle l'hystérie climatique a été crée ou récupérée par le système (ou un peu des deux). Et c'est le cas car si ça ne l'était pas, nous n'entendrions pas autant parler du climat, comme nous n'entendons que très peu parler d'autres problèmes écologiques majeurs qui ne bénéficient pas de la caisse de résonnance du système pour obtenir leur écho auprès du public. En ce sens, et sans être "climatosceptique" stricto sensu, j'ai tendance à considérer avec beaucoup voire énormément de méfiance toute allégation provenant du système (et elles en proviennent pour la majorité) sur le réchauffement "anthropique", d'autant que dès que l'on creuse, on trouve enfouis, rarement très profondément, des conflits d'intérêt assez vertigineux tout à fait à l'inverse de ce que tendent à supposer les gens. En d'autres termes : l'hystérie climatique sert certains agents du système. Aussi, sans rentrer dans le débat lui-même sur le climat (que pouvons nous, de toute façon, y changer ? on nous fait constamment croire que nos actions "éco-citoyennes" vont "sauver la planète" alors qu'elles ne modifient en rien l'activité fondamentale, donc les nuisances du système ; bien vu au passage de parler de réchauffement du au système), je trouve tout de même utile de rappeler, à chaque fois que j'en ai l'occasion, à des gens qui pensent que leur "conscientisation" est bénéfique (par opposition au "scepticisme qui tue"), qu'il se pourrait que certains, qui n'ont aucun intérêt à de véritables actions écologiques de grande ampleur, ont bien voulu qu'ils voient les choses ainsi.
jc
14/09/2017
(Suite) Commentaire de la dernière phrase de la citation thomienne:
"Si nous continuons à priser par-dessus tout l'efficacité technologique, les inévitables corrections à l'équilibre entre l'homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques."
La citation suivante illustre parfaitement, selon moi, la différence entre l'efficacité artificielle, technologique et l'efficacité naturelle et, par delà, la différence fondamentale entre Système et antiSystème:
"Le mécanisme de n'importe quelle machine, telle une montre, est toujours construit d'une manière centripète, c'est-à-dire que toutes les parties de la montre -aiguilles, ressorts, roues- doivent être achevées pour être ensuite montées sur un support commun.
Tout au contraire, la croissance d'un animal, comme le Triton, est toujours organisée de manière centrifuge à partir de son germe; d'abord gastrula, il s'enrichit ensuite de nouveaux bourgeons qui évoluent en organes différenciés.
Dans les deux cas il existe un plan de construction; dans la montre, il régit un processus centripète, chez le Triton un processus centrifuge. Selon le plan, les parties s'assemblent en vertu de principes entièrement opposés."
(J.V. Uexkull, Théorie de la signification) (en épigraphe de "Modèles globaux pour un être vivant", chap. X de SSM)
Je ne parie pas un dollar (il y a peu on disait un kopeck…) sur le succès de "notre" contre-civilisation de "l'efficacité technologique" (cf. le JSF…).
Rq: Dans "Le désenchantement de Dieu" PhG écrit:
« Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou. »
Christian Feugnet
14/09/2017
Effectivement un lien étroit , dés le départ de la question , quoique formulé autrement .
En l'occurrence je regrette l'emploi du terme climatosceptique ou plutot il faudrait expliciter . L'opposition entre pro et anti ne porte pas tant sur le réchauffement que sur ses causes et par conséquent le reméde . A savoir que pour les pro qui sont derechef des prosystémes , par là , quoique qu'ayant l'air de s'y opposer , et que l'ont peut controler le climat , au moins partiellement .
Or cette question a déjà été tranchée il y a quarante ans par un certain Lorentz , à l'origine involontaire de la théorie dites du chaos au sujet , du climat , plus précisément , de deux pb cruciaux : les effets d'un éventuel nuage atomique et les moyens de s'en prémunir et les recherches pour créer des futures sphéres spatiales de la dimension d'ilots humains autonomes et permanents dans l'espace ou sur d'autres planétes .
Pratiquement échecs répétés et trés couteux sur ces deux points mais surtout l'explication de Lorentz définitive , on ne peut controler les phénoménes à cette échelle , faut faire avec .
Mais surtout c'est pire qu'une question de quantités de moyens , ou d'analyse incompléte ,c'est intrinséque , pas tant par ignorance , qualitative des phénoménes que quantitative . C'est à dire qu'on ne peut et ne pourra jamais obtenir suffisemment de précision pour controler .
Celà peut il se nommer inconnaissance ?
Christian Feugnet
14/09/2017
Paradoxalement c'est parce que le systéme dispose d'énormes moyens de controle qu'il progresse , en controle et précision dans le but d'accroitre ce controle que précisemment il le perd et se détruit .
On a là surpuissance , auto destruction , et inconnaissance de cette théorie dite du chaos . Quoique dans ce cas çà reléve du déni : veulent pas savoir .
Christian Feugnet
14/09/2017
Pour avoir l'impression d'étre tout à fait clair .
C'est une question d'entropie/negentropie . La , les précisions , en question , porte sur les éléments , trés nombreux du systéme et les états , évenements , phénomémes auxquels ils sont exposés . On qualifie celà de micro états ; par intégration on a les macro états , ceux du systéme composés de ces éléments , différents qualitativement et conceptuellement . .
Et plus on va loin dans la précision des micro états , plus on s'écarte de l'intégrale des macro états , ceux par qui , on peut obtenir un controle . Du coup , le résultat de l'action s'écarte du but .
Sirius
15/09/2017
Dans cet article sur le climat… On trouve quelque chose de très bien, comme un lapsus (volontaire ?) qui vous fait confondre l'Union Européenne et le réchauffement climatique…
Condamner les climatosceptiques ou les eurosceptiques ?
Vous me dites quoi, si je me trompe ?
« (...) on polémique en ce moment même du côté anti-Trump/progressistes-sociétaux autour de l'idée assez nouvelle et très sexy qu'il faudrait inculper et condamner les eurosceptiques. (The Washington Times du 12 septembre 2017<http://www.washingtontimes.com/news/2017/sep/11/climate-change-activists-want-punishment-for-skept/> : « "Climate change denial should be a crime," declared the Sept. 1 headline in the Outline. Mark Hertsgaard argued in a Sept. 7 article in the Nation, titled "Climate Denialism Is Literally Killing Us," that "murder is murder" and "we should punish it as such." »)) »
jc
15/09/2017
(Suite) Selon moi la citation précédente de Uexkull est à rapprocher de celle-ci ("La Grâce de l'Histoire"*, tome ll, p. 270):
"L' "époque totale" [le temps des cathédrales] est l'époque qui est totalement elle-même, l' "époque totalitaire" [la nôtre depuis notre révolution] est l'époque qui impose une totalité extérieure à elle-même: dans le premier cas, la source est vertueuse et essence même, centre naturel certes; dans le second la source est subversive et littéralement contre-essence, avec le centre usurpé. L'inversion est totale et totalitaire à la fois."
* A lire absolument
Philippe Grasset
15/09/2017
Il est manifeste que le lapsus est bien plus que révélateur, il constitue quasiment la preuve à charge nécessaire et suffisante pour une condamnation sans jugement ni appel. Pour expier comme il importe, nous laisserins donc la trace du crime sous la forme suivante :
« ... condamner les climatosceptiques [ex-eurosceptiques] » (vous verrez que, dans le texte, “eurosceptiques” est barré, ce qui est impossible à obtenir avec les outils disponibles dans ce Forum de pingre).
Toute nos excuses pour cette coquille brisée et bravo pour nous avoir percé à jour.
PhG
jc
16/09/2017
Cette "petite phrase", je l'ai trouvée dans "La Grâce", tome II page 320 (fin de la partie "Anatomie d'une contre-civilisation"):
"Ce malaise puissant [celui qui affecte l'homo sapiens sapiens] et plus contrasté qu'on ne le croit, qui nourrit en nous à la fois l'angoisse inquisitoriale et le sens libérateur du tragique est la cheville ouvrière affective de ce récit"
(Selon moi la cheville ouvrière tout court puisque l'angoisse est de nature affective.)
Je relie cette petite phrase à la citation "L'affectivité déforme la structure de régulation de l'organisme, en la compliquant." (Esquisse d'une Sémiophysique p.73) qui explique, selon Thom, la raison pour laquelle le chimpanzé affamé arrive à avoir l'idée -une intuition haute pour lui!- d'utiliser un bâton comme prolongement du bras pour, disons, "gauler" les bananes qui le rassasieront.
Dans le cas du chimpanzé c'est, pour Thom, la dynamique "fronce" qui se complexifie en "papillon". Dans cet ordre d'idées il n'est donc pas implausible que certains hommes soient capables de déformations nettement plus compliquées (donc d'intuitions hautes…), comme celle complexifiant notre dynamique animale standard "fronce" (prédateur-proie) en "double fronce" (symbolisée -selon moi!- par le calice chrétien…).
PhG: "la force de l'épreuve que nous impose le temps de notre époque catastrophique est la source de grandes souffrances mais aussi d'une lucidité qui deviendrait effrayante à force de densité. (...) La lucidité à ce point, comme une force d'équilibre des souffrances endurées, et à cause de l'intensité de ces souffrances, force les portes du mystère du monde." (p.320)
Thom: "Dans le domaine des sciences humaines, il m'est difficile de me rendre compte si ma tentative présente quelque intérêt; mais en écrivant ces pages, j'ai acquis une conviction; au coeur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les formes naturelles extérieures agissent, OU EN ATTENTE, SONT PRETES A SE DEPLOYER QUAND CE DEVIENDRA NECESSAIRE*." (Stabilité Structurelle et Morphogénèse, 2ème ed., Epilogue, p.328)
* C'est moi qui majuscule.
"Je crois que l'épreuve bronze les âmes et renforce l'esprit, même si cette épreuve exerce la terrible pression sur ce qu'il peut y avoir de plus bas dans l'appareil intellectuel, dans le chef de la psychologie effectivement; mais la psychologie, aussi fonctionnelle qu'elle soit, exerce une fonction fondamentale et nécessaire en ceci qu'elle est le sas de la perception du monde à l'avantage de notre esprit. Pour les esprits avertis par les âmes bronzées, la force de l'épreuve que nous impose le temps de notre époque catastrophique est la source de grandes souffrances mais aussi d'une lucidité qui deviendrait effrayante à force de densité, -mais qui ne m'effraie nullement!... (...) La lucidité à ce point, comme une force d'équilibre des souffrances endurées, et à cause de l'intensité de ces souffrances, force les portes du mystère du monde."
jc
16/09/2017
Le titre complet est:
Fin: la "petite phrase" qui m'illumine tout le corpus
EricRobertMarcel Basillais
16/09/2017
Merci au Commentateur Thomien "JC" pour ses perspectives intéressantes. Notamment, les sociétés chaudes et froides de Levi Strauss. Je serais curieux de savoir quel type de contrainte matrimoniale avaient adopté les sociétés froides.
Ca nous changerait de la pilule.
Pour Thom en particulier, je serais content de recevoir un lien vers le PDF correspondant, s'il existe. La question du rééquilibrage catactrophique (au sens Thomien je suppose) me semble très prometteuse… je suis alléché... mais je n'ai pas d'argent, étant frugal en énergie par tête d'habitant et par mètre carré... et d'autres défauts bien pires dans un monde qui me veut moderne .
SVP, vous pouvez me contacter à
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