Disciple égaré
22/08/2017
D'abord, merci pour ce texte en avant première, difficile mais beau; content ensuite de savoir que l'auteur de la Grâce de l'Histoire poursuit son oeuvre maitresse; enfin et surtout, merci de témoigner de l'importance de soi. Je m'explique.
On peut parfois, au fil d'une lecture de vos textes, trouver que vous parlez beaucoup de vous. C'était mon cas ce soir en vous lisant. Mais à y réfléchir, ou bien à force d'habitude, on constate que vous témoignez de l'importance de chaque destinée personnelle en témoignant singulièrement de la vôtre; à votre manière, vous affirmez la suprême importance de la vérité de chacun, de l'importance d'en porter témoignage, chacun à sa manière et donc pas forcément via l'écriture. Ce sera que chacun étant unique, son témoignage est irremplaçable.
Je voudrais ajouter qu'il faut un certain courage pour parler de soi avec simplicité, comme vous le faites; et je me faisait tout récemment la remarque qu'à y manquer, on déssèche terriblement le commerce avec autrui. On en réduit de beaucoup l'intérêt. Loin d'être une pudeur de bon aloi, la discrétion ou la prudence du propos serait peut-être davantage, dans certains cas, une omission coupable. Certes il y a des moments où l'on parle trop pour ne rien dire; mais il en est d'autres où, ne parlant pas assez simplement de sa vie intérieure, l'on prive leur prochain de richesses singulières et, j'ajouterai, qui lui sont nécessaires.
L'originalité de votre propos, le fond, n'est donc pas seul à intéresser votre lectorat qui vous en est reconnaissant; je reconnais aujourd'hui que sur la forme ou la manière aussi, ce site et vos écrits sont comme une courroie de transmission efficace d'un message de grande valeur.
EricRobertMarcel Basillais
22/08/2017
J'étudie Dieu d'aussi près que je peux, et je ne peux, pour le moment en tous cas, rejoindre la question du sens Humain de l'Histoire. Cela reste une question ouverte de savoir s'il y a, dans la succession du Temps, une forme de Providence, agissant en masse ou en détail.
Les gens qui, comme vous suivent l'actualité par vocation plus que par profession, semblent attacher un sens à l'Histoire, quel qu'il soit. Comme je suis beaucoup l'actu aussi peut-pêtre suis-je de ceux-là ? Pas sûr ... La multitude non arithmétique qui peuple la Transcendance est telle que le Vertige est assuré ; alors comment "ranger " tout ça dans la ligne (brisée et percée de plein de trous) du Temps ?
En revanche le besoin, humain, de sens, reste quasi-obligé, face à une Histoire qui, non seulement ne se répète que très vaguement, semble ne jamais finir (contrairement aux prédictions des religions apocalyptiques actuelles) et pourtant s'accélère, sur le plan "humain" de manière si barbare qu'elle "travaille" en effet la psyché disons ... au bulldozer…
Cette question n'est pas gratuite, mais existentielle : Je compte terminer mon volume 4 à Noël prochain et la question se pose de tout laisser et garder les chèvres…
En attanedant je continuerai à suivre le monde à travers les lunettes ( vision nocturne enclenchée) de PhG…
ERIC BASILLAIS
https://ericbasillais.wordpress.com/pdf-a-telecharger/
jc
22/08/2017
Il y a quelques jours, sur France Inter ou Culture, j'ai appris que certains viticulteurs faisaient écouter de la musique à leur vigne. Avec un effet bénéfique telle que moindre mortalité des plants. Et j'ai appris que certains chants d'oiseaux aidaient certaines fleurs à s'ouvrir le matin et d'autres chants les aidaient à se refermer le soir.
Mon dernier petit fils vient de recevoir, en cadeau pour sa première bougie, une chienne beauceronne de trois mois pour lui tenir compagnie. Chienne beauceronne qui a la chance de vivre chez elle, en Beauce, près de Bonneval (Bonneval qui fut un temps, paraît-il, le plus gros marché au gibier sauvage de France). Mais le Système et ses pesticides sont passés par-là et la Beauce s'est désenchantée…
Tout cela pour dire que, selon moi, désenchantement de la Nature-désenchantement de Dieu, réenchantement de la Nature-réenchantement de Dieu: même combat.
J'ai lu le billet. Et l'ai relu. Je l'ai aussi survolé en suivant la méthode PhG. En Rafale ou en JSF? Peu importe. Car l'important, à mes yeux, c'est l'artéfact, c'est ça qui désenchante la Nature: narrative, simulacre, artéfact, voilà le tiercé désenchantant.
Le cancer du désenchantement de la Nature se déclenche dès qu'on pense, qu'on croit et qu'on dit que le poumon est un soufflet, le cœur une pompe, et le cerveau un ordinateur: "on" est alors psychologiquement préparé à accepter qu' "on" est un robot…
Lutter contre ce cancer n'est pas chose aisée face à ce penchant proprement diabolique à prendre des vessies pour des lanternes (qui n'a pas pesté un jour parce qu'un carrefour n'était pas à la bonne place, celle indiquée par le GPS). Penchant bien entendu constamment entretenu "à la Pavlov" par la branche "techno" du Système.
Selon moi le réenchantement de la Nature nécessite de se débarrasser de ce cancer, cancer que la branche "communication" du Système nous présente sous le jour radieux de l'homme futur artificiellement augmenté.
Tout cela nous force à nous interroger sur ce qu'est la Nature, sur qui nous sommes, sur la naturalité de l'intelligence et la raison (et donc sur leur artificialité selon le rangement du Système).
Tâche qu'a tenté René Thom et que tente Philippe Grasset. Tâche semée d'embûches ("Fais attention, c'est très casse-gueule"). Tâche qui nécessite de sortir de l'empirisme, du pragmatisme, du positivisme, dans lequel le Système a décidé de d'emprisonner et aussi du (néo)darwinisme (ce que fait PhG: "je ne veux rien savoir ni du hasard ni de la nécessité des forces terrestres").
Thom et Grasset sont tous deux logocrates (Thom: "Je suis convaincu que le langage, ce dépositaire du savoir ancestral de notre espèce, contient dans sa structure les clés de l'éternelle structure de l'Etre") et tous les deux métaphysiciens (Thom: "Seule une métaphysique réaliste peut redonner du sens au monde").
Je suis convaincu qu'un réenchantement de Dieu et/ou de la Nature ne peut que passer par la voie que proposent PhG et RT.
Frederic Dedieu
23/08/2017
Merci pour ce texte magnifique et puissant. Pour le lecteur qui vous lit depuis environ 15 ans (presque) tous les jours il a une sacrée importance. Il permet de faire le lien sur les suppositions que l'ont fait via certaines témoignages au fil de vos écrits et de la bio mis sur le site. Il nous raconte cette alchimie qui fait que vous produisez en effet "une pensée puissante et originale", sans flagornerie de ma part en le disant, comme c'est sans vanité quand vous nous le dites. On suit un être passionnant et on voyage dans les méandres de la psychologie humaine, des affaires du monde, et la communication. Vous êtes un sacré phénomène, c'est pourquoi on vous lit, car personne ne produit ce type de travail en langue française. Il serait intéressant de nous raconter votre méthode de travail, comment vous avait évolué dans la méthodologie éventuellement au fur et à mesure des années et des situations.
En tout cas on suit votre parcours et on reconnait les étapes : on se dit "il quitte la Lanterne en 85, et on en sait un peu plus, ah là il nous raconte la rencontre avec le jeune qui a fait les vidéos de dde en 2010, passionnantes, et nous explique pourquoi et comment cela s'est fait, en regrettant que cela ne se fasse plus, puis là on se dit qu'il aborde la dépression de l'amour de sa vie"...
...Et on apprend que Marie vient de rejoindre la famille Grasset ! Bienvenue à toi, Marie !
Si j'habitais près de chez vous ça ferait longtemps que je vous aurais proposé des entretiens "dde" sur les concepts, vos livres, votre travail, comme vous l'aviez commencé avec ce jeune étudiant. J'ai le matériel et les compétences vidéos, mais j'habite bien trop loin malheureusement. Mais je garde espoir de le faire un jour, si vous en avez aussi l'envie !
Frédéric Dedieu.
Georges Dubuis
23/08/2017
Naissance
Connaissance
Reconnaisance
C'est notre essence.
Dieu comme quiproquo éternel de l'esprit qui soulage et soulève. Un héro sans héroïne, confortablement insensible aux bruits et à la fureur du méconnaissable, narrative indéchifrable du crédo absurdum ...qui plait, une vraie plaie…..qui s'élargit. Facebook est le vrai socialisme du sociétal..Zuckerberg président uber alles !
jc
23/08/2017
La notion d'âme poétique telle qu'évoquée dans la conclusion-qui-est-bien-plus-qu'une-conclusion du tome II de "La Grâce de l'Histoire" m'a paru bien nébuleuse. Elle se précise ici:
"le concept d'âme poétique (...) assemblage de la pensée, du concept, de la perception du monde, avec (...) une certaine beauté, qui apparenterait l'ensemble à la référence artistique".
Je pense que c'est une âme poétique du même type qui anime Thom lorsqu'il écrit:
"L'homme en éveil ne peut, comme le nourrisson de neuf mois, passer son existence à saisir les objets pour les mettre en bouche. Il a mieux à faire: aussi va-t-il penser, c'est-à-dire saisir des êtres intermédiaires entre les objets extérieurs et les formes génétiques: les concepts".
Car si le commun des mortels perçoit les objets extérieurs du monde par ses cinq sens, l'âme poétique perçoit également les êtres intérieurs que sont les formes génétiques et est capable de faire dialoguer ces êtres intérieurs avec les êtres extérieurs.
Ce qui distingue, selon moi, Philippe Grasset et René Thom d'une part, Jean-Paul Baquiast d'autre part, c'est que les premiers ont une âme poétique et que le second n'en a pas, plus précisément n'en veut pas dans sa pratique scientifique, selon sa conception même de la science.
À mes yeux le hasard et la nécessité "terrestres" renvoient à la théorie synthétique de l'évolution, au néo-darwinisme (hasard des mutations génétiques et nécessité de la sélection darwinienne): il ne peut y avoir là de pensée au sens poétique puisqu'il n'y a pas (et il ne peut pas y avoir par refus d'approche métaphysique) de connexion conceptuelle possible entre des formes génétiques indéterminées (car provenant du hasard des mutations) et les objets extérieurs.
La nécessité extra-terrestre dont parle PhG ("que s'il existe une nécessité, elle n'est certes pas d'ordre terrestre, qu'il faut élever le regard pour parfaitement la saisir") renvoie, selon moi, à Héraclite ("Il faut savoir que le conflit est universel, que la justice [l'harmonie] est une lutte et que tout s'engendre selon la lutte et la nécessité"). C'est une nécessité métaphysique qui renvoie à la citation de Steiner pour PhG ("Nous ne sommes pas maîtres de la maison du langage") et à l'irréfragabilité de la géométrie pour RT. Dans tous les cas l'universalité du conflit pointée par Héraclite ne peut que déboucher sur le conflit de l'Être avec lui-même: la Nature qui s'entre-dévore…
À mes yeux RT et PhG disposent d'un atout, l'âme poétique, pour résoudre le paradoxe du sapiens posé par Jean-Paul Baquiast (cf. les dialogues Baquiast-Grasset).
jc
24/08/2017
Petit commentaire technique.
Le paragraphe en italique qui commence par le titre ci-dessus me fait très exactement penser aux chréodes de l'embryologiste Waddington, mathématisées par Thom.
À partir de la chose inspiratrice (mot, phrase, citation) "se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, (...) à l'arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu un être en soi…".
Thom: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés".
"C'était un instant de bonheur fou…":
une embryogénèse langagière?
Thom: "La pensée conceptuelle est une embryologie permanente."
jc
25/08/2017
Nb: J'ai omis le titre de mon commentaire précédent "Il suffit d'un mot…". Ce qui me donne l'occasion de le compléter par une métaphore hydraulique thomienne hivernale où les lexèmes sont des flocons, "le mot, la phrase, la citation" est le chef d'orchestre qui dirige une symphonie de mini-avalanches commençant dans des combes éloignées et autres couloirs de neige, pour se retrouver bien alignés "dans le bon sens" dans la vallée centrale, les lexèmes ainsi ordonnés formant mots, phrases, paragraphes et chapitres.
Antimodernisme vs postmodernisme
Il en est question dans cette introduction au "Premier Cercle" à propos du JSF et du Rafale et dans "Notre raison d'être 2005" rappelé à ce propos.
Pour moi cela recoupe très exactement la distinction que je fais entre globalisme hégémonique (symbolisé par une sphère lisse) et mondialisme stratifié (symbolisé par un cube avec faces-"nations" et arêtes-frontières).
Globalisme technique dans lequel l'humain se dissout (prééminence des objets techniques, l'homme-objet) vs mondialisme anthropotechnique dans lequel l'humain garde la maîtrise de la situation (prééminence des formes génétiques, l'homme-sujet).
Paradoxe du sapiens posé dès le paléolithique: la bite ou le silex…
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