Yodalf
16/03/2006
l’article est excellent, et ça fait vraiment plaisir d’avoir trouvé l’existence de ce
site…
Maintenant, je crois retrouver mes propres commentaires dans cet article. J’ajouterai deux constatations et un doute, et mon commentaire.
La première constatation, c’est que les Etats Unis prétendent exporter la démocratie, et comme chacun le voit, ne parviennent qu’à réorganiser des sortes de féodalismes claniques ou religieux, des maffias, tout en important les symboles de leur culture, entre Disney, Madonna, qui ne font certainement pas le poids dans des régions où, sous le fondamentalisme, persistent les subtilités de millénaires de civilisation.
La seconde, que les Etats Unis ne vivent pas qu’une crise financière ou de leur dette, mais aussi une profonde crise culturelle ou spirituelle. La situation du rural profond, qui
affronte une véritable intoxication à la méthamphétamine (“cristal”), après les autres
secteurs de la société, qui sont les premiers consommateurs de drogue du monde (Demandez aux
Colombiens…)montre bien que les bases traditionnelles du XIX ème siècle sont
définitivement perdues.
Pour conclure ici que le déclin du capitalisme défini par Brzezinski est sans doute réel,
mais ne couvre pas l’ensemble du drame: il y a un déclin politique et moral manifeste (et
les Musulmans l’exploitent assez…).
Le doute, c’est sur la “nature” de cette “révolution mondiale”. Qu’il y ait un essor des populismes, c’est certain. Qu’il y ait politisation - au sens que, par exemple, où les
Indigènes de l’Equateur ou de Bolivie se mobilisent et parviennent à faire tomber des
gouvernements, ou à contrecarrer des multinationales ou le TLC, c’est aussi certain. Par contre, qu’il s’agisse d’une tendance qui pourrait se qualifier de révolution, je n’en suis pas certain, parce qu’une révolution doit avoir un projet alternatif de société, et les
“révolutionnaires” être capables non seulement de proposer des initiatives, mais aussi de
les prendre au moment opportun. Les événements dont nous sommes témoins en Amérique du Sud
ne donnent pas cette impression.
Il en va bien sûr autrement si le mot de révolution se réfère à des transformations
sociétales comme la révolution industrielle, l’imposition du néolibéralisme etc.
Les observations de Brzezinski me semblent montrer que la mondialisation a pour effet aussi
de mondialiser les populations, de les confronter, dans les quartiers de La Paz même, aux débats et aux décision politiques des grandes puissances - et donc de les “élever” à un niveau de débat politique qui est celui de la “Triade”. C’est incontestablement nouveau,
mais une conséquence de la mondialisation.
Mais, dans ces pays du “Nord”, une opposition efficace au néolibéralisme ne s’est pas fait
jour (voir les non-conséquences du NON français sur l’Europe) - et il est peu probable que
Evo Morales ou Hugo Chavez fassent mieux . Ce n’est pas, non plus, en additionnant les
mécontentements souvent contradictoires, des mouvements sociaux, sociétaux ou écologistes ou
indigènes, ou altermondialistes, que l’on forme une perspective politique alternative, même
après que le néolibéralisme ait commencé à montrer ses vrais effets - notamment dans
l’apauvrissement des classes moyennes, et l’augmentation de la pauvreté.
Le déclin de l’Empire américain pose donc un défi à l’humanité, c’est celui de trouver par
quoi on pourra le remplacer. Or le déclin n’amène pas une amélioration de la qualité du
débat ou de la théorie politique, bien au contraire,il y a plus de risques d’une
dégradation. De même les écrivains de la fin de l’Empire romain n’ont pas apporté autant que
ceux qui débattaient (et mouraient, parfois) lors de son installation.
Le déclin américain, alors, serait le signe manifeste d’une double impasse qui existe au
niveau planétaire et qui est à la fois capitaliste et spirituelle.
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