Laurent Caillette
21/11/2014
Ces mots-là, qu’on trouve dans l’article “Le double jeu de Poutine” et qui s’appliquent à la Russie, sont lumineux : “un avantage paradoxal de son fatalisme qui lui évite le désespoir”. On pourrait essayer de réduire le mot de fatalisme à une forme d’acceptation passive et résignée, mais cette réduction apparait vite comme une tricherie flagrante qui ne dure que ce que dure un éditorial du Monde.
En considérant le fatalisme comme une vertu édificatrice on met à nu tout le caquetage hystérico-atlantiste, ce vertige égotique basé sur l’aversion du vide qui constitue pourtant sa substance principale.
Et pourquoi ne pas étendre cette description au Système, le rejeton monstrueux d’une tentative de ramener tout ce qui peut l’être à une dimension intentionnelle, au nom de la flatterie d’un ego qui lui-même n’est qu’un produit manufacturé. Il faut voir la valeur accordée à des mots comme “innovation” et “changement de paradigme”. Bon aujourd’hui quoi de plus lassant que l’innovation et les changements de paradigme ? Le fatalisme c’est frais, naturel et reposant, il faut en importer des tonnes, en riant haut et fort de l’incapacité uniopéenne à imposer un embargo là-dessus.
Accessoirement, la caractéristique fataliste fournit une ligne de partage entre les démarches au service du Système, et celles susceptibles de s’y opposer.
Claude Crouail
21/11/2014
Vous avez tout à fait raison de souligner que le système BAO ne “veut” pas attendre et qu’il souhaite un conflit avec la Russie. En effet, pour ce qui concerne l’Ukraine, il aurait suffi d’attendre une année et Yanoukovitch aurait sans doute été débarqué sans heurts, mais probablement pas par ceux qui sont aujourd’hui aux manettes, tout au moins un gouvernement plus équilibré aurait pu être mis en place.
La même chose ou presque vaut pour la Russie: quand on pense aujourd’hui aux énormes manifestations organisées contre le retour de Poutine en 2012 (Bolotnaia), on peut se demander si le fruit ne serait pas tombé de lui-même dans deux ou trois ans.
Alors, on peut se demander pourquoi cette précipitation ? Vérifier “l’état des troupes” ? C’est “réussi” si on considère dans quel trente-sixième dessous sont tombés les Nemtsov, Kasparov ou autres et à quel niveau de popularité est remonté Poutine. Comme vous le dites bien, dans le cas de la Russie (notamment), l’agression extérieure est une sorte de catharsis qui fonctionne indéfectiblement.
“Donner du temps au temps” n’est pourtant une stratégie absurde. Alors pourquoi cette précipitation ? Y a-t-il à ce point le feu à la maison BAO ?
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