Antoine
18/11/2010
À propos de ce ratio de 3% (mais aussi de tout ce qui se passe en ce moment en matière d’économie), il faut lire Frédéric Lordon, « Crise européenne, deuxième service » (en deux parties !) :
http://blog.mondediplo.net/2010-11-08-Crise-europeenne-deuxieme-service-partie-1
http://blog.mondediplo.net/2010-11-15-Crise-europeenne-deuxieme-service-partie-2
« Mais les 3 % eux-mêmes, doù sortent-ils ? Cest ici que la pensée économique atteint ses ultimes raffinements. Car les 3 % sortent de nulle part. Ou plus exactement de la tête de Pierre Bérégovoy, ministre des finances à lépoque de la négociation du traité de Maastricht, désireux dincarner la forme supérieure de la respectabilité économique et, pour cette raison même, deffacer de la mémoire collective la souillure des années Mauroy, ce comble de labomination financière, qui avait fait titrer toute la presse de droite (et celle qui sefforçait de le devenir, Libération, Le Monde, Le Nouvel Observateur ) que la France des socialo-communistes était « en faillite » le déficit à son pire (1983), il est vrai, avait alors atteint linvraisemblable abysse de 3,2 % [6]. On classerait difficilement une rétrospective budgétaire des années 1980 dans la catégorie de lhistoire longue, et cest pourtant déjà assez pour faire jouer tous les charmes relativisateurs du comparatisme historique. Car quel gouvernant actuel ne se damnerait pas pour troquer la situation présente contre « la faillite » de ces années-là, et ny aurait-il pas par hasard quelques leçons à tirer à propos de la réelle validité de la numérologie économique lorsque les normes de la banqueroute dhier apparaissent comme celles de la rigueur daujourdhui ? Toujours est-il que Bérégovoy, lui-même habité par le sentiment de la honte historique des 3,2 %, en avait « déduit » que, 3 % constituant une sorte de seuil de lhorreur, cétait bien là quil fallait placer la barre de lintolérable budgétaire. »
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