perceval78
31/08/2016
Lorsque du Créateur la parole féconde,
Dans une heure fatale, eut enfanté le monde
Des germes du chaos,
De son oeuvre imparfaite il détourna sa face,
Et d’un pied dédaigneux le lançant dans l’espace,
Rentra dans son repos.
Mme Karine Berger, rapporteure de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire. Madame la présidente, monsieur le ministre, chers collègues, l’examen par notre assemblée du projet de loi de séparation et de régulation des activités bancaires est un moment important de cette législature. Il fait partie de ces moments où la politique et la démocratie démontrent leur force, en prenant la responsabilité de redessiner le monde en faveur de l’intérêt général. Ces moments où la politique et la démocratie prouvent leur capacité à protéger le monde contre les intérêts particuliers de quelques-uns. Et les intérêts particuliers auxquels nous allons nous attaquer aujourd’hui sont puissants. Ce sont peut-être même les plus puissants, puisqu’il s’agit des intérêts de l’argent. Notre Président de la République a dit un jour que ces intérêts-là n’avaient pas de visage. Ils ont pourtant des noms : ils s’appellent finance, trading à haute fréquence, spéculation… Ils ont des noms et, surtout, ils ont à leur tableau de chasse des victoires sur la démocratie : je pense notamment à l’attaque du fonds Soros contre le système monétaire européen en 1992, qui a mis à bas cinquante ans de construction européenne en l’espace d’une semaine.
Heureusement, il y a aussi quelques échecs de ces intérêts particuliers. Le même Soros avait eu cette terrible phrase en 2002 : « Dans le capitalisme global, seuls les Américains votent, les Brésiliens non. » L’avis de M. Soros n’avait pas empêché M. Lula da Silva d’être élu président du Brésil !
Notre dilemme, c’est que ces intérêts-là peuvent aussi être utiles à l’économie, même si leur caractéristique principale est qu’ils ne sont jamais rassasiés. C’est cette soif insatiable, ces excès irrépressibles qui sont dangereux. Leurs excès, leur court-termisme, constituent, je crois, le mal de ce début de millénaire. Face à eux nous devons et nous allons lever l’égide de la régulation.
Dans son Jules César, Shakespeare, par la bouche de Cassius, demande à Brutus d’intervenir face au mal qui menace de dominer Rome : There was a Brutus once that would have brooked the eternal devil to keep his state in Rome as easily as a king. (« Parlez français ! » sur plusieurs bancs du groupe UMP.) C’est un peu à Brutus, monsieur le ministre, que je m’adresse aujourd’hui (Sourires), pour reprendre la main de la régulation face au pouvoir déstabilisateur des excès de cette finance.
Ce mal de la finance folle est le seul et unique responsable de la crise financière de 2008, qui est la plus importante crise économique depuis 1929. Et c’est la dérégulation des marchés financiers dans les années 1980 qui a nourri ce mal.
Un Brutus qui, mourant pour la vertu qu’il aime,
Doute au dernier moment de cette vertu même,
Et dit : Tu n’es qu’un nom !…
Lamartine. Le désespoir.
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