Ni ANDO
02/03/2010
Beaucoup dobservateurs, et les Français sont loin d’être un cas, jugent la Russie non pas sur la base de ce qu’elle est réellement mais sur celle de ce qu’elle devrait être. En sachant que ce qu’elle est réellement semble échapper totalement à une simple appréhension objective. Les Russes eux-mêmes, historiquement, sont un peu responsables de cet état de fait. Mais cette déformation est devenue un tropisme bien ancré dans les médias français.
Au-delà de la vente de quelques bâtiments de soutien logistique et de débarquement, les accords passés ne font que revitaliser une très vieille relation franco-russe passée sous le boisseau à partir de 1918 et dont on pourrait faire remonter le point de départ au mariage dAnne de Kiev au 11 ième siècle (Reine de France de 1051 à 1060). La France est probablement le seul pays d’Europe de l’Ouest pour lequel les Russes éprouvent un intérêt aussi particulier et aussi constant. Il y a manifestement quelque chose en France, dans son style de vie ou dans son histoire, qui attire les Russes.
C’est pourtant cet intérêt particulier qui fut à l’origine du désastre d’octobre 1917. La Russie impériale n’avait guère d’intérêt à nouer une alliance avec la France de Raymond Poincaré. La France, si. Cette alliance conduisit la Russie dans une guerre qui, si elle ne la perdit pas, créa le terreau sur lequel le bolchevisme put prendre son essor. De cette alliance, la France recueillit les fruits, « sa » victoire de 1918 alors quil est manifeste quelle navait ni le potentiel démographique ni le potentiel industriel et économique pour vaincre militairement les armées du Kaiser (ainsi va lhistoire, légende sans cesse reconstruite et renouvelée). De cette alliance, la Russie, évincée du camp des vainqueurs pour cause deffondrement révolutionnaire, reçu les poisons amers dune guerre civile terrifiante, du renversement total de la pyramide sociale (le déferlement des incultes groupés sous la bannière de la dictature du prolétariat), du léninisme et du stalinisme.
On ne saurait trop recommander aux Russes daujourdhui de garder la tête froide dans leur élan francophile.
Francis Lambert
02/03/2010
Citation: “un des points les plus importants ... des relations franco-russes, voire de la conjoncture actuelle de la sécurité européenne.”
Relativement d’accord, éclairons d’une autre perspective ... en toute modestie:
En 1969 Willy Brandt, chancelier de l’Allemagne de l’Ouest, lance son “Ostpolitik” ... une révolution continentale.
GDF Suez et Gazprom ont étendu ce 1er mars 2010 un accord gazier remontant à cette révolution avec l’URSS de 1975.
Allemagne - Russie - France ... une trilogie fréquente dans la balance des “puissances” européennes.
L’opposition des “salonards anglo-américains” était bien plus importante à l’époque !
Les conséquences stratégiques des accords énergétiques, l’‘investissement en réseau de distribution, l’interdépendance constamment croissante, les montants d’énergie importés depuis lors classent la vente de “Mistral” au rayon des jouets divertissants.
Le gazoduc Nord Stream en construction dès avril 2010 est un géant géostratégique à l’aune de notre “petit cap asiatique”.
Encore 1,5 milliard de mètres cubes de plus par an: cela ravale le Mistral au niveau d’un zakouski financier. Ou plutôt une bouée lancée à un chantier naval en train de couler dans la crise. Deux bouées svp tovaritch.
Gazprom 51%, Gasunie (Hollande) 9%, E.ON Ruhrgas et Wintershall-BASF descendent à 15,5 % en faveur de GDF Suez (9%). Ce dernier wagon Français s’accroche quasi au dernier moment. Le leadership russo-germanique me semble évident ...
Et l’Angleterre ? Toujours maritime elle épuise son cadeau pétrolier de la Mer du Nord et relance un raid au bout du monde: les Malouines. Mais elle est bien présente dans les opposants ... évidemment.
Au sud l’Italie agit de même avec la Russie. La Turquie, l’europe centrale, l’asie centrale et jusqu’à la Chine !
Il est évident que le chef d’orchestre est Russe, même s’il ne le voulait pas nous le presserions en douce. La Russie est inévitablement intéressée à un peu moins de divisions dans le poulailler de plus en plus cacophonique au bout du continent asiatique.
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