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Article : Le Net contre le JSF

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Propagande ?

Père Iclès

  06/03/2009

Est-ce que ça n’annonce pas une dérive philosophico-journalistiques du type de celles qui ont été observées dans le passé (notamment en France) et qui prendrait par exemple la forme d’un amalgame du style : critiquer le JSF, c’est faire le jeu du terrorisme (ou de tout autre épouvantail commode), critiquer le JSF, c’est anti-capitaliste, et c’est, c’est (ici, feindre de s’étrangler de fureur) antisémite….

Une vision du monde dépassée, décrédibilisée, morte

Christian Steiner

  06/03/2009

Une citation extraite et deux remarques sur votre texte, qui m’a fait carburer (merci).

1. « (...) Il n’y ni “complot”, ni “agenda”, il n’y a pas de coordination, il n’y a pas d’orchestre avec un chef »...

... ce qui est presque l’exact contraire – à ce que j’ai cru comprendre mais vous me corrigerez   de la manière dont la révolution conseratrice américaine a procédé, avec son Manifeste Powell comme « blueprint » ou « Road Map », puis l’activation d’un réseau ad hoc de think tanks, d’intellectuels, de journalistes, de lobbyistes, de pressions etc. pour atteindre le but fixé. Le livre de Susan George (La Pensée enchaînée. Comment les droites laïque et religieuse se sont emparées de l’Amérique, 2007) offre une autre vue du même épisode, décrivant comment la « Wedge tactic », explicitement voulue et construite pour atteindre cette contre-révolution, a été mise en œuvre à travers tout un ensemble d’institutions, de groupements, d’associatons etc., reliés pour l’occasion.

Comme quoi, on voit dans l’adversaire l’image de ce qu’on est soi-même. (On cherche à discerner chez l’adversaire, probablement par angoisse, le même genre de comportement, de tactique qu’on a eu soi-même).

2. « (...) Il n’y ni “complot”, ni “agenda”, il n’y a pas de coordination, il n’y a pas d’orchestre avec un chef » (bis) :

Toujours cette même difficulté à envisager un événement comme pouvant être le résultat de quelque chose de spontané, de non dirigé, de non planifié, d’anarchique, de chaotique. Chacun possède peu ou prou cette tendance implicite, j’imagine, à chercher un ordre, une logique, une explication dans les choses qui nous entourent (après tout, organiser la perception du monde avec un minimum de régularité, de récurrences permet de vivre plus facilement). Mais voire systématiquement derrière chaque événement, chaque mouvement, chaque bruissement de feuille, une finalité, une volonté à l’œuvre, une direction, un but, un plan (un complot) semble être la caractéristique d’un certain type de pensée, dont l’américanisme est un grand représentant.

Le dernier livre de Jean-Philippe Immarigeon centre son sujet sur cette manière de voire le monde qu’est l’américanisme, mélange de croyance en la predestination calviniste, en un déterminisme positivo-scientitiste et dans la recherche utilitariste du bonheur (sonnant et trébuchant) primant sur la liberté. Ce qui revient à une espèce de croyance au Savoir absolu, donc à la « méthode totale ou universelle » permettant de résoudre tous les problèmes qui pourrait se présenter, quelque soit le contexte, l’époque, le sujet. Etrange pragmatisme qui ne croit qu’à ce qu’il voit tout en croyant à la vérité absolue, confondant l’objet et la représentation de l’objet. Rien de neuf sous le soleil : c’est la croyance au managment (à la rationalisation) de toute chose : usines, commerce, finance et économie par le crédit (Aron et Dandieu, « Le cancer américain ») mais aussi hommes, justice, politique, révolution, guerre et stratégie (Immarigeon, « Le monde selon RAND »), gènes (Marie-Monique Robin, « Le monde selon Monsanto »), agriculture, nourriture, évolution, climat, bref, croyance au managment de la Terre entière et de tous les vivants qui y habitent. Tout cela abondamment analysé par la critique européenne des années 30, par vous-mêmes et par d’autres critiques contemporains dans une multitude de domaines divers (et malheureusement trop séparé).

Cette vision du monde, ce « Monde selon Monsanto », ce « Monde selon RAND »  on pourrait en rajouter à n’en plus finir : le « Monde selon Citygroup », le « Monde selon le JSF » etc. etc.  , c’est la vision américaine du monde, rationalisante, réductrice, mécaniste à l’extrême.

C’est aussi cette vision du monde qui est en train de s’écrouler devant nous. Cette vision du monde qui est devenue incapable de répondre aux nouvelles nécessité de ce monde qu’elle a pourtant contribué à changer, une vision du monde dépassée par les événements et les nouvelles réalités, une vision du monde qui bute devant ses propres limites, devenue incapable de donner des réponses pertinentes, crédible, légitime, adéquate.

Et à l’heure d’Internet et de la globalisation finissante, chacun d’entre nous le constate   même les spécialistes militaires usuellement pro-US…

C’est ainsi que finissent… j’allais dire les civilisations, mais ça paraît pompeux et grandiloquent en l’occasion ; mettons la phase hégémonique, impériale, irrésistible des « grandes cultures » : par perte de crédibilité, par abandon de leurs dieux dans lesquels on ne peut soudain plus croire faute d’efficacité, par inadéquation de la vision du monde devenue soudainement inopérante, ubuesque, ridicule… (Voir à ce sujet le dernier numéro des Cahiers de Science et Vie n°109, févier-mars 2009, qui vaut mieux que ce que sa couverture laisse paraître)

Arrivé à ce point, ne pourrait-on faire le rapprochement avec votre thèse sur la mécanisation du monde, ouverte en 14-18, triomphante depuis lors de manière non questionnée, puis resurgissant aujourd’hui sur le devant de la scène des consciences ? Cette vision américaine du monde qui s’écroule, n’est-ce pas l’avatar (l’ultime avatar) de la modernité, mécanique, réductrice, qui se dissout dans l’incrédulité et le dégoût général ?

Pour paraphraser quelqu’un qui n’est plus à citer textuellement (qui ne le fut jamais) : L’American dream est mort ! Et c’est nous qui l’avons tué, insensé que nous sommes ! Voilà que nous allons devoir faire sans, voilà que mous allons devoir traverser des étendues dévastées vers des horizons si lointains…

(Haut les cœurs !)

Pour sûr!

Franck du Faubourg

  10/03/2009

Merci Christian Steiner de votre post!
Dans ce fratras d’interrogations surnage toujours l’idée de complot des “puissants du jour”
On serait tenté de répondre: bien sûr qu’il y a des complots!

Il y en a mème potentiellement à tous les étages; ma concierge complote avec le boulanger d’à coté  contre le voisin qui fait du bruit le soir en rentrant trop tard chez lui, le serrurier machin complote avec l’inspecteur des impots pour faire passer une déduction fiscale, le député intel complote avec le banquier Truc-much pour bénéficier d’un crédit à taux zéro pour financer son projet.., et le gouvernement du Crazyland complote avec Halliburton-ou Monsanto- pour se faire remplir en douce des comptes bancaires, en laissant passer une loi X autorisant ces derniers à sévir…
“Vieux comme le monde”
Il est surprenant de considérer “l’américanisme” ou l’“anglo-saxonisme” indépendemment de l’aspect financier. car la puissance anglo-US est directement liée à ça. Formellement depuis 1694. Avec la naissance de la banque d’Angleterre.
Le Pouvoir est l’Argent. L’Argent sans complots?
C’est de l’angélisme!