Igor
14/08/2006
Cher Monsieur,
J’adore votre faute de frappe répétée deux fois dans les deux derniers paragraphes de “Le nud gordien de linformation et le cas de 8/10” : SMS substitué à MSM.
Est-ce voulu ? En tout cas, ne la corrigez pas, c’est un lapsus qui apporte un plus à votre article : la “Pravda occidentale”, du niveau intelectuel des SMS des ados. Merveilleux ...
Elle apporte à votre texte le charme d’une mouche sur le visage d’une jolie marquise du XVIIIème siècle.
Trève de plaisanterie, un immense merci pour l’ensemble de vos articles. Ils sont des chandelles dans un monde de ténèbres.
Vous n’imaginez pas le bien que vous pouvez faire autour de vous. Et celà, ce n’est pas virtualisme !
Avec toute mon amitié,
Igor
jean-marc
16/08/2006
Bonjour,
“Répétons-le : si le problème est à terme une question dinformation, il ne lest pas dans limmédiat. Cest notre psychologie qui est en jeu, pas notre jugement. Lessentiel est de résister à la première attaque, qui ne sadresser pas à la pensée (imposer un jugement) mais à la psychologie (la paralyser sous la pression de lattaque pour lui interdire dalimenter un jugement personnel qui soit autre chose que la simple approbation de la thèse virtualiste).”
Autrement dit, cela s’appelle persuader. Qu’est-ce qui me persuade que ce qui m’est présenté est vrai et réel ou, au contraire, faux et virtuel ?
On pourrait objecter, comme l’affirme le biologiste H. Maturana, que le système vivant, et, en particulier, les animaux ne savent pas faire la différence entre perception et illusion.
L’exemple, de H. M., du poisson qui se fait prendre par le pécheur pensant que c’est une proie alors que le pécheur ne fait que profiter de l’incapacité du poisson à faire la différence entre perception et illusion est parlant.
Notre “réaction cognitive” première est donc d’élaborer un système d’apprentissage ou d’analyse lequel nous aiderait à faire la différence entre perception et illusion. Bref, nous reconnaissons indirectement que le monde vivant est “incomplet” ou qu’il manque quelque chose qui est corrigé par notre esprit, notre capacité d’analyse.
Le problème est que l’on place l’information comme quelque chose de ni vrai ni faux mais de vraisemblable donc comme un objet sur lequel est requis notre capacité d’analyse afin d’y déceler ce qui ressort de la perception et ce qui ressort de l’illusion.
Mais en même temps, nous éloignons cet “objet” de notre perception directe lequel nécessite recul donc construction, élaboration de cohérences qui viennent justifier sa validité en tant qu’objet. C’est aussi et surtout, on peut l’imaginer, la volonté des “virtualistes” comme vous le dites : retourner à une perception directe sans passer par la case “objet”. Rien que cela nécessite un ensemble de cohérences liées à la connaissance.
Ce qui a pour conséquence de justifier aussi valable une “théorie du complot” puisque cette dernière n’existe que dans ce cadre : rechercher autant de cohérences possibles (analogie, observation, analyses de faits similaires, etc). Cependant la théorie du complot retourne directement à la case première : impossibilité de faire la différence entre perception et illusion.
Le noeud gordien n’est peut-être pas là où nous croyons qu’il est dans l’information et l’ensemble des cohérences qui détermineront sa vraisemblance ou non. Ce qui revient à réutiliser cette bonne vieille rhétorique afin de persuader le public que cela est vrai, d’ici là qu’on fasse appel à “l’art oratoire” et le tour est joué. Les outils sont bien connus et utilisés depuis des millénaires.
Il se cache, peut-être, dans la manière dont avons choisi de faire de la connaissance ce qu’elle est. Après tout, “l’objet” du recul, autrement dit la raison, a été créé par les Grecs, ou en tout cas, ils ont été ceux qui nous ont le plus persuadé que cela avait une valeur.
Ce noeud gordien de l’information nous confronte directement avec notre faculté de connaître une chose en acceptant, dès le départ, que nous ne savons pas faire la différence entre perception et illusion : la capacité à percevoir directement si une information est vraisemblable ou non. De ce fait nous élaborons un ensemble d’outils d’analyses et ce sont ces outils que nous appelons connaissance.
Les canaux indépendants deviennent ceux qui re-fabriquent une raison (une contre la vérité officielle) à partir d’une information soutenue officiellement (état/média msm) comme quelque chose qui doit être perçu directement tout en bloquant la psychologie donc la capacité de créer des outils d’analyses.
Bref, on redécouvre que le mesonge n’est pas quelque chose qui repose sur le vrai mais sur la véracité, le plausible et le vraisemblable. La psychologie du menteur doit se débrouiller assez subtilement pour convaincre son auditoire que ce qu’il raconte est vrai. (Voir le film “un ticket pour l’espace” de Kad et Olivier où il y un bel exemple de psychologie du menteur). Si l’histoire est cousue de fils trop grossiers alors elle devient un mensonge sinon elle peut devenir quelque chose de vrai…
En conséquence qu’est-ce qui pousse des états, des média à faire en sorte qu’une histoire soit vraie ou la manipulent de telle sorte qu’elle soit prise pour vraie pour les uns et fausse pour les autres ?
Qu’est-ce que rendre vrai quelque chose qui ne l’est pas ? Ou encore qu’est-ce qui me fait croire que ce que j’écris ici est vraisemblable ? Ne suis-je pas en train d’écrire une pensée et essayer de la rendre vraie en utilisant un espace de discussions dans lequel je retrouve certaines cohérences que je partagerai ?
En conclusion le noeud gordien n’est-il pas un cercle vicieux que nous avons fabriqué de toutes pièces lequel deviendrait une sorte d’impasse récursive ?
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