jc
18/09/2019
Thom: "C'est parce que la mathématique débouche sur l'espace qu'elle échappe au décollage sémantique créé par l'automatisme des opérations algébriques."
Je radote avec cette citation dès qu'il est question du F-35, car il y est question de décollage.
L'algèbre est pure manipulation de symboles, symboles avec lesquels jonglent les algébristes selon les règles qu'ils se fixent au gré de leur fantaisie; et la géométrie est là comme juge de paix qui donne un sens (ou non) à ces manipulations formelles. D'où, en mathématiques, l'importance cruciale de la géométrie arithmétique, de la géométrie algébrique, de la géométrie différentielle, etc. Mais ces considérations ne disent sans doute pas grand'chose aux non-matheux.
Il se trouve que je suis en train de commencer à lire (et pas seulement survoler ou parcourir) "Le règne de la quantité ...", c'est-à-dire d'essayer de comprendre ce qu'y écrit Guénon. Je tente donc ici en pur béotien autodidacte une formulation de la chose en terme de métaphysique "à la Guénon". J'y suis invité par le "La structure conceptuelle du F-35 est par nature instable et son logiciel de maintenance a été jusqu’ici un “cauchemar de bugs” ;" de William Astore qui ne peut que faire décoller un thomien au quart de tour puisque figurent dans la phrase les deux mots-pavillon "structure" et "instable".
En consultant Wikipédia je découvre que l'une des dénominations de l'avion en question est "F-35 Joint Strike Fighter", soit en raccourci F-35 JSF. Ontologiquement l'avion "en carbone(?)" est donc un être substantiel, dénommé par le substantif F-35. Ce n'est pas une "materia prima", appellation réservée aux avions tout-puissants (qui peuvent tout faire), c'est-à-dire aux dieux des avions, c'est une "materia secunda" qui, en tant qu'être substantiel, devrait être doué de stabilité structurelle¹ puisque, Spinoza dixit, tout être se doit en effet de pouvoir persévérer dans son être. Ses qualités essentielles, son essence, son principe actif, sa forme (au sens philosophique de ces termes), sont d'être un "Joint Strike Fighter".
Je recite pour la nième fois² l'extrait suivant qui figure en épigraphe d'un chapitre de SSM, extrait qui s'adapte aisément à la situation présente en remplaçant la montre par l'oiseau artificiel F-35 et le triton par un oiseau naturel:
« Le mécanisme de n'importe quelle machine, une montre par exemple, est toujours construit de manière centripète, c'est à dire que toutes les parties de la montre, aiguilles, ressorts, roues, doivent d'abord être achevées pour être ensuite montées sur un support commun.
Tout au contraire la croissance d'un animal, tel le triton, est toujours organisée de manière centrifuge à partir de son germe; d'abord gastrula il s'enrichit ensuite de nouveaux bourgeons qui évoluent en organes différenciés.
Dans les deux cas, il existe un plan de construction; dans la montre, il régit un processus centripète, chez le triton, un processus centrifuge. Selon le plan les parties s'assemblent en vertu de principes opposés. » (J.V. Uexkull, Théorie de la signification.)
Dans le jargon métaphysique on voit ainsi s'opposer deux façons de voir le monde:
- l'approche "existentielle" où l'existence précède l'essence, c'est-à-dire l'approche matérialiste, approche satanique pour Guénon;
- l'approche "essentielle" que préconisent Guénon et Thom³ (et les "tradi"?).
Dans le premier cas il faut d'abord tout construire en espérant que ça marche. Le second cas suggère que l'évolution se fera naturellement (s'il n'y a pas d'empêchement -disait, il y a déjà longtemps, Aristote-).
Thom: "(...) j'accepte, en biologie, le principe lamarckien : la fonction crée l'organe. C'est un principe que les biologistes actuels refusent absolument. Ils pensent, par exemple, que si nous voyons c'est parce que nous avons des yeux et pas du tout parce que d'une certaine manière la vie a décidé de fabriquer des yeux pour voir ! "
Thom: "La célèbre controverse académique de 1830 entre Georges Cuvier et Étienne Geoffroy Saint-Hilaire présente un intérêt théorique considérable. C'est grâce à elle, en effet, que s'est posé le problème des rapports entre structure et fonction." (ES, p.115)
En transposant sans peine l'opposition existentialisme/essentialisme on peut réfléchir à l'opposition IA/IN: l'antéchrist (dont parle Guénon dans les deux derniers chapitres de "Le règne de la quantité ...") en robot-dictateur?
Nous devons choisir notre camp.
¹: Thom: "(...) il est indéniable que notre univers n'est pas un chaos; nous y discernons des êtres, des objets, des choses que nous
désignons par des mots. Ces êtres ou choses sont des formes, des structures douées d'une certaine stabilité; " (SSM, 2ème ed., p.1)
²: En particulier ici https://www.dedefensa.org/forum/notes-sur-lincontrolablemonstre-jsf
³: Thom: "L'attitude matérialiste, traditionnelle en Science, consiste à dire que l'existence précède l'essence (en fait, l'existence implique l'essence) ; le modèle de la T.C. [Théorie des Catastrophes] en Morphogenèse va à l'encontre de cet axiome, car il présuppose que, dans une certaine mesure, l'existence est déterminée par l'essence, l'ensemble des qualités de l'être. On peut y voir une résurgence du schème aristotélicien de l'hylémorphisme : la matière aspirant à la forme."
jc
19/09/2019
Ceux qui ont lu "Le règne de la quantité..." auront remarqué que je n'ai apparemment pas suivi Guénon dans la conception (traditionnelle?) de "materia secunda" puisque pour lui la materia secunda est nombre et que j'ai considéré le F-35 comme une materia secunda. Ce qui suit permet, je crois, de rapprocher les deux points de vue. On peut voir le F-35 de deux façons: d'un point de vue existentiel, structurel ou d'un point de vue essentiel, fonctionnel: c'est le problème du fauteuil soulevé par Eddington de ses définitions/descriptions structurelle et fonctionnelle: alors que la description fonctionnelle est limpide* (pour le fauteuil une chose faite pour poser ses fesses, son dos et ses bras, pour l'avion une chose faite pour voler), la description structurelle est plus délicate.
Dans "Le règne…" (chap. II) Guénon considère deux sortes de quantités: la quantité continue et la quantité discrète et, après argumentation, opte pour interpréter le "quantitae" de Thomas d'Aquin par la quantité discrète. Avec cette option la description ne peut être qu'atomique: un fauteuil est un ensemble d'atomes. En science contemporaine, moderne et profane, le discret s'identifie pratiquement à l'atomique; puisqu'à chaque atome est associé une série de nombres entiers (ou demi-entiers) qui le caractérisent (Pauli, etc.), la matière au sens des atomistes est nombre: c'est ainsi que je fais le lien entre la position de Guénon et la mienne.
J'ai lu¹ que Guénon avait écrit les premiers chapitres de "Le règne…": "Les sept premiers chapitres du livre, difficiles à lire, parlent de la cosmogonie en utilisant de nombreux termes scolastiques : il s'agit, en fait, d'une réponse aux penseurs néothomistes de l'époque. (...) Guénon veut prouver que les néothomistes, qui ont alors une énorme influence au Vatican, se trompent et que leurs solutions pour résoudre la crise du monde moderne ne peuvent pas être les bonnes. Il est indispensable de réaliser ce contexte pour comprendre de nombreux développements doctrinaux au début de l'ouvrage." Du rififi au Vatican?
L'encyclique "Fidei et ratio" a confirmé la ligne thomiste de l'Église. Dans l'encyclique "Laudato si" on trouve un "La réalité est supérieure à l'idée" que Guénon qualifierait sans doute -s'il était encore en vie- de satanique. Dans la querelle scolastique des universaux (idée avant la chose, idée dans la chose, idée après la chose -ante rem, in re, post rem-, c'est-à-dire réalisme philosophique, conceptualisme, nominalisme) le Vatican donne l'impression de virer au nominalisme, ce qui doit faire faire des petits bonds sur leur prie-Dieu aux catholiques néo-platoniciens toutes chapelles confondues. Est-ce que cette position signifie que l'Église admet, voire intègre, la position atomiste?
Je me pose la question car j'ai remarqué que le mathématicien médaillé Fields Cédric Villani (qui vise la mairie de Paris) est membre de l'académie pontificale des sciences². Or trois indices me font penser que Villani est un matérialiste (en ce sens que l'existence implique l'essence). Le premier est que les travaux qui lui ont valu la médaille Fields portent sur les équations de Boltzmann, le "savant" qui a introduit le nombre en physique moderne sous sa forme la plus dégradée, la plus profane, ouvrant la voie d'une discipline nouvelle: la physique statistique. Le second est qu'il est membre de Larem et donc un libéral³. Le troisième, le dernier mais pas le moindre, c'est qu'il est à fond pour l'IA. Un soldat de l'AntéChrist, un SA⁴, un satan au Vatican?
¹: https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_R%C3%A8gne_de_la_Quantit%C3%A9_et_les_Signes_des_Temps
²: Cette place me semble plus naturellement devoir revenir à Laurent Lafforgue, également médaillé Fields et catholique pratiquant, qui s'affiche comme tel dans sa pratique professionnelle (ce qui est rarissime dans ce milieu)
³: L'idée -répandue- que la liberté est la faculté de faire ce qu'on veut induit un rapprochement naturel entre libéralisme et indéterminisme, et donc, pour un scientifique, un rapprochement naturel avec les idées de Boltzmann, des néo-darwiniens (hasard des mutations et pression sélective), etc. Il me semble que cette attitude de l'esprit d'associer étroitement liberté et indéterminisme conduit tout naturellement à identifier unité et uniformité. Guénon étudie avec soin ce problème -avec en préalable celui de l'individuation- dans "Le règne…" et en montre ses conséquences politiques dans "La crise du monde moderne" (chap. "Le chaos social"): pour lui l'individualisme, le libéralisme et le matérialisme sont intimement liés et conduisent à une approche seulement humaine -et non suprahumaine- de la société qui conduit au désastre social que nous constatons. Selon moi l'actuel président de notre république est le petit fils spirituel de Margaret Thatcher qui a montré qu'elle était sur cette ligne de pensée libérale -et donc matérialiste- sans aucune équivoque possible (cf. son célèbre "There is no society"). Il
me semble naturel d'en inférer que Villani est dans cette mouvance.
⁴: Il est d'usage chez les jésuites de signer SJ (Soldat Jésuite)
*: Il en va de même pour les yeux, qui sont faits pour voir. Pour Aristote l'âme est au corps ce que la vue est à l'oeil. Pour quoi sommes-nous faits?
jc
19/09/2019
Dans mes précédents commentaires de cet article on a vu deux points de convergence -deux points seulement, mais selon moi fondamentaux- entre les pensées de Guénon et Thom: ils sont tous deux essentialistes et penseurs du continu. De plus, outre l'article "Les mathématiques modernes: une erreur mathématique et philosophique?", la citation suivante montre non seulement que Thom n'est pas un moderne mais aussi qu'il argumente en faveur de la "Tradition immémoriale":
"Pourquoi, au début de la pensée philosophique, les Présocratiques, de Héraclite à Platon nous ont-ils laissé tant de vues d'une si grandiose profondeur? Il est tentant de penser qu'à l'époque l'esprit était encore en contact quasi direct avec la réalité, les structures verbales et grammaticales ne s'étaient pas interposées comme un écran déformant entre la pensée et le monde. Avec l'arrivée des Sophistes, de la Logique aristotélicienne, de la Géométrie euclidienne, la pensée intuitive fait place à la pensée instrumentale, la vision directe à la technique de la preuve. (...) Il était donc fatal que le problème de la signification s'effaçat devant celui de la structure de la déduction." (MMM, "Topologie et signification", note terminale)
De ce que j'ai parcouru et lu de Guénon je retiens son refus qui m'apparaît comme quasi viscéral de tout ce qui relève du monde sensible -refus qui est peut-être également celui de toute la pensée traditionnelle?-: il suffit de parcourir les chapitres concernant la psychologie (par exemple) pour s'en convaincre. C'est un point -selon moi également fondamental- sur lequel Thom et Guénon diffèrent profondément, la citation ci-dessus le montrant déjà amplement. Thom est un intuitif qui n'hésite pas à enraciner ses intuitions métaphysiques dans le sensible, au contraire de Guénon pour qui le monde sensible m'apparaît perçu comme inférieur, voire satanique (et, peut-être pour ces raisons, indigne de son intérêt). Le dernier message de Thom, à savoir la dernière phrase de ES, son deuxième et dernier livre majeur, est "Seule une métaphysique réaliste peut donner du sens au monde". La théorie de l'analogie issue de sa théorie des catastrophes est pour Thom un puissant moyen d'investigation métaphysique dont le métaphysicien Guénon ne pouvait évidemment pas disposer.
Pour Thom l'intelligence est la faculté de s'identifier à autre chose ou à autrui, d'où il suit que, pour lui, la sensibilité est plus primitive, plus profonde, que l'intelligence "pure", voire que l'intelligence c'est la sensibilité¹: moins il y a de choses à s'interposer entre la pensée et le monde, mieux c'est (cf. la citation initiale). On a vu dans un commentaire précédent que l'intelligence exige le continu -pour pouvoir faire des liens entre des êtres, des choses, des concepts, etc.-. Thom va encore plus loin dans la qualité des liens requis selon lui pour une bonne intellection, en allant jusqu'à parler d'identification amoureuse:
"Le dédain pour la théorie qui se manifeste dans les milieux d'expérimentateurs a sa source dans l'attitude analytique-réductionniste ; or pour découvrir la bonne stratégie, il faut s'identifier à l'un des facteurs permanents du système. Il faut en quelque sorte entrer « dans sa peau ». Il s'agit là presque d'une identification amoureuse. Or comment pourrait-on aimer ce qu'on a, préalablement, cassé de manière irréversible ?
Toute la science moderne est ainsi fondée sur le postulat de l'imbécillité des choses."
¹: Peut-être Thom aurait-il ainsi accepté la formulation de l'encyclique "Laudato si": "La réalité est supérieure à l'idée"?
jc
19/09/2019
Dans "Le règne…" (chap. "Principe d'individuation"), dans "La crise…" (chap. "Individualisme") et aussi vraisemblablement dans "Les états multiples de l'être" (que je n'ai pas lu, ni même parcouru) le métaphysicien Guénon étudie en profondeur le problème fondamental de l'individuation -en particulier en politique, point que Guénon développe dans les chapitres "Unité et uniformité" et "Le chaos social-. C'est évidemment un problème fondamental en morphogenèse et j'ai trouvé intéressant de confronter ce que Guénon écrit dans les chapitres précités à ce que Thom écrit dans l'article "Individuation et finalité" que l'on trouve dans son "Apologie du logos".
jc
20/09/2019
En .3 j'ai écrit que, pour moi Guénon est un "pr" uésotérique, c'est-à-dire un métaphysicien qui rejette dans sa façon de penser tout ce qui peut concerner le monde sensible, matériel, considéré comme satanique, ainsi que tout ce qui a un rapport avec le psy. Et j'ai noté que ce n'était pas le cas de Thom.
Je note ici que ce n'est certainement pas non plus le cas de PhG: pour lui la matière n'est pas le mal (dans sa typographie la matière n'est pas la Matière, n'est pas le Mal). J'ai en effet remarqué un paragraphe à la fin du tome II de "La Grâce…" où il écrit que la Matière n'est pas toute la matière, que je considère seulement comme un indice (dans l'attente du tome III). Mais mon jugement s'est affermi tout récemment lorsque j'ai mis le mot -que je crois juste- qui m'éclaire sur tout un passage du même tome concernant le "persiflage" (passage jusque là assez nébuleux pour moi). Ce mot est "psychisme": pour moi PhG s'intéresse au psychisme des sociétés -et je constate qu'il s'y intéresse de plus en plus-.
En résumé Thom est donc pour moi à la fois un exotérique et un ésotérique (pour PhG j'attends le tome III pour savoir s'il est un ésotérique "impur" -car intégrant le psy-, ou carrément à la fois un exotérique -comme Thom-, admettant que le psychisme d'une société est gouverné, en partie au moins, par le monde sensible, le monde réel-, alors que Guénon est seulement(?) un ésotérique "pur".
De ce que j'ai lu de l'oeuvre de Guénon j'ai retenu en particulier son insistance à faire référence au symbolisme (en particulier de la croix). Or pour Thom le symbolisme naît du conflit entre le réel -le monde sensible, exotérique- et le monde imaginaire (celui des métaphysiciens "purs", des ésotériques).
Thom:
"Selon notre point de vue, le symbolique est issu du conflit entre deux critères d'identité. Il existe en effet deux manières radicalement différentes d'envisager l'identité d'un être :
a) Pour un être spatial, matériel, l'identité peut être définie simplement par le domaine (connexe) d'espace-temps que cet être occupe. En effet, deux objets matériels sont impénétrables l'un à l'autre, comme deux solides. L'identité d'un homme, son nom propre, peut être considérée comme définie par la localisation spatio-temporelle du domaine occupé par son corps. (L'identité « civile » réduit cette localisation aux lieu et date de naissance.)
b) Pour un être de type abstrait, comme une qualité, par exemple, l'identité ne repose plus sur une base spatiale. Une même couleur, vert par exemple, peut être trouvée simultanément en deux endroits différents de l'espace ; la définition même de la qualité est parfaitement indépendante de la localisation spatio-temporelle des objets qui la possèdent. Ici l'identité est de nature sémantique, elle fait appel à la » compréhension » d'un concept.
À partir du moment où la « qualité d'être », le statut ontologique qu'on accorde à un être, est plus de nature sémantique que de nature spatiale, alors rien ne s'oppose à ce que cet être puisse apparaître simultanément – sous des apparences d'ailleurs diverses – en des lieux différents de l'espace. D'où les faits de » participation » que Lévy-Bruhl avait qualifiés de prélogiques, mais qui, en fait, s'expliquent très naturellement dans le cadre d'une logique « intensive », qui met plus l'accent sur la compréhension des concepts que sur leur extension, comme le fait la logique moderne. C'est du conflit – de la dialectique – entre ces deux critères d'identité que naît l'imaginaire²."
(On notera que ces deux critères d'identité apparaissent chez Thom comme chez Guénon dans l'étude du problème métaphysique de l'individuation. C'est bien naturel, au fond; y avoir individuation que s'il y a une volonté ésotérique et une réalité exotérique qui
limite son expansion: "Dans cette prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice").
C'est la position de Thom. Quel est, au fond, le problème? Le problème est de savoir d'où viennent nos intuitions: de l'intérieur de nous ou de l'extérieur de nous, par le biais de la contemplation ou par celui de la méditation et du rêve (ou des deux à la fois, ou autre)? La citation qui revient comme un leitmotiv dans l'oeuvre philosophique de Thom est héraclitéenne: "Le maître, dont l'oracle est à Delphes ne dit ni ne cache, il signifie", que Thom traduit en: "La nature nous envoie des signes qu'il nous appartient d'interpréter". La position de Thom, de ce que je prétends en comprendre, est que l'origine de nos intuitions -de nos idées- est un choc affectif³ réel qui peut être d'origine exotérique comme ésotérique, choc dont la réalité fait que, dans les deux cas,c'est la réalité qui est à l'origine de l'idée.
¹: On notera que ces deux critères d'identité apparaissent chez Thom comme chez Guénon dans l'étude du problème métaphysique de l'individuation. C'est bien naturel, au fond; y avoir individuation que s'il y a une volonté ésotérique et une réalité exotérique qui
limite son expansion, qui lui résiste: "Dans cette prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice"...
²: Note (importante pour moi): compte tenu du début de la citation il me semble le dernier mot de la citation doit être "symbolique" et non "imaginaire". (Je ne connais pas l'origine de la citation.)
³: Dans son article "Topologie et signification" (MMM) Thom cite le poète (métaphysicien?) Baudelaire:
" La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles.
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers. "
(Mon commentaire: il y a des gens plus sensibles que d'autres, certains poètes sont de ceux-là, ils ont un sixième sens.)
⁴: "L'affectivité "déforme" la figure de régulation de l'organisme en la compliquant.' (ES, p.73)
Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier