Père Iclès
05/03/2009
On ne peut pas attaquer les US au sol sans passer par le Mexique ou par le Canada (on pourrait imaginer envahir l’Alaska à partir de la Russie mais on n’atteindrait pas de cette manière le coeur des US).
Depuis les années 2000 circule dans les milieux conspirationnistes une interprétation du projet d’un Nouvel Ordre Mondial dans lequel l’ordre mondial serait en voie d’être représenté par un gouvernement mondial fasciste autoproclamé.
Un certain nombre de faits et notamment le déroulement de certaines crises, de la propagande qui les accompagne (et parfois les annonce) et la nature des étranges propositions (voyez celles de Attali) qui sont faites pour les résoudre montrent une fois de plus qu’il n’y a pas de fumée sans feu.
Cet ordre en cours d’édification rencontre un problème sérieux : l’hostilité des citoyens US à l’adhésion à un état mondial… Les citoyens Us ne sont pas les seuls à être hostiles à l’idée mais le pays a les moyens (militaires et plus particulièrement nucléaires) de ce refus.
Les “élites” qui gouvernent ce pays sont sans doute acquises à l’idée d’un état mondial d’autant plus qu’elles s’imaginent à sa tête mais la population, elle, tient à sa liberté, à la spécificité de son système, à son “américanité”. Il suffit de parcourir les forums US pour se rendre compte de l’aversion des citoyens US à toute association avec le reste du monde.
Pour les promoteurs du projet, il est impensable d’attaquer le système US de façon frontale en violant délibérément la société US, et ce qui est présenté depuis deux siècles comme la volonté des pères fondateurs par exemple en imposant l’ordre mondial par l’intermédiaire de troupes de l’ONU car la population US dispose d’armes en grand nombre et que l’armée US basculerait sans doute dans le camp de la population avec armes (dont nucléaires) et bagages. La guerre civile que l’on a patiemment préparée à l’intention de la population US et dont l’objectif est la dislocation du pays, devra rentrer par une des deux portes qui s’offrent : la Canada ou le Mexique.
C’est le Mexique qui a été choisi mais il n’est pas certain que la porte canadienne soit longtemps négligée…
Dans cette théorie, le côté irrationnel de la guerre au terrorisme et de la gabegie en matière de budgét militaire s’expliquent parfaitement : il ne s’agit pas de gagner une guerre mais simplement d’épuiser l’armée US et de la faire détester par la population US ( d’où les tortures hyper-documentées de Abou Ghraib) afin que cette dernière commence à douter du bien fondé de sa Constitution et soit préparée à s’en remettre à une autorité supérieure, en commençant par rêver d’un retour à des “états désunis”...
thierry .
05/03/2009
Bonjour,
intéressant…
Mais où situez-vous la limite entre “bandits”, “chefs de guerre”, et “seigneurs féodaux” ?
Quand les tribus germaniques ont déboulé en Gaule et sur le monde latin, les Romains les ont alors peut-être qualifié de troupes de bandits ; mais la suite a prouvé que ces “bandits” étaient capable de reprendre en charge, sur des bases différentes, un monde qui s’écroulait de lui-même.
Mais la grande particularité de cette métamorphose europénne du 4e et 5e siècle après JC, dont ne s’avise en général pas la pensée moderne, par définition laîque et portée à sous-estimer “l’effet religion”, c’est qu’il y existait à l’époque une tradition jeune et en plein développement, et que c’est elle qui a réalisé l’unité culturelle de ce monde qui devait se définir par la suite comme chrétien.
En l’absence aujourd’hui d’un tel élément capable de réunir les principautés et les pouvoirs dans une certaine unité culturelle à l’échelle mondiale, ce genre de processus pourrait plutôt déboucher à long terme sur une situation analogue à celle qui existait, par exemple, en Afrique noire ou en amazonie au 16e - 18e siècle : une poussière, éclatée à l’extrême, de tribus et de cultures différentes, non pas jeunes et primitives comme le croient nos ethnologues “modernes” et de parti pris évolutionniste, mais restes figés et sclérosés d’anciens royaumes ou empires disparus : la complexité et la rigidité des tabous et structures coutumières semblerait l’indiquer.
Il paraît aujourd’hui saugrenu de penser que celà soit sérieusement possible chez nous, mais si l’actuelle déstructuration de nos sociétés montait vraiment en puissance sans être enrayée par des facteurs et paradigmes extérieurs et surtout radicalement nouveaux, c’est ce qui pourrait nous pendre au nez à long terme, à l’échelle de plus d’une génération, évidemment.
Mais après tout, les modernes partisans d’un “nouvel ordre mondial” ont peut-être d’ores et déjà dans leurs cartons une nouvelle religion à nous proposer…
Cordialement Thierry
Jean-Paul Baquiast
05/03/2009
On doit noter le mépris que NS manifeste à l’égard de l’opinion publique française et européenne. Il va au Mexique, dans le bourbier bien décrit par Dedefensa, sans que personne soit informé de ce qu’il va y faire. On ne parle que de faire libérer la française condamnée à la prison. Que va-t-il vendre, que va-t-il acheter? Nous ne sommes pas jugés dignes de le savoir. Je suppose qu’il n’en sait rien lui-même. Ce génie diplomatique improvisera une fois de plus.
Roman Dominguez
06/03/2009
Bien quon ne puisse pas entrer dans tous les détails, nuances et problèmes qui pose la situation mexicaine, jaimerais bien préciser quelques points sommairement :
1. Par rapport à la question dillégitimité de Calderón : pour une grande partie des mexicains, cest le grand capital (Slim, un des hommes les plus riches du monde, les deux grandes corporations de télévision, Televisa et TV Azteca, parmi dautres) qui, en complicité avec le gouvernement de droite PAN-, lappareil de cooptation du vote (hérité des années du Parti dit officiel PRI-), et même les magistrats de la cour suprême, a opère un véritable coup détat « technique », cest-à-dire ils ont construit en 2006 une élection truquée avec un vainqueur « inattendu ». Cela afin dempêcher que le candidat de gauche, López Obrador arrive au pouvoir.
2. Cela aurait comme fond principal non pas seulement la poursuite du modèle américaniste et l« intégration » économique et militaire de lAmérique du Nord, mais aussi, en cohérence avec ce modèle, laffaiblissement et la postérieure privatisation de lentreprise dÉtat la plus importante du point de vue économique et stratégique : PEMEX (la compagnie pétrolière), les acquéreurs étant, de manière prévisible, des compagnies américaines et même REPSOL (Espagne). López Obrador étant, à son tour contre ladite privatisation et en faveur dun encouragement de PEMEX comme catalyseur dune politique économique nationaliste, quoique modérée (López Obrador nest pas Chavez, comme le voulait la droite, qui a payé de la publicité dans ce sens afin d« effrayer » à certains électeurs).
3. La décision dentreprendre une « guerre contre le crime organisé », nétait pas si naïve, du moins pour une partie de lélite gouvernante (gouvernement + grand capital), car le projet de ce quon appelle « initiative Mérida » contemplait un appareil conjoint de « sécurité » militaire dans les deux États (USA et Mexique). Du point de vue de cette élite, ladite guerre aurait parmi dautres effets, de détourner l« opinion publique » des thèmes comme le contrôle du pétrole et l« illégitimité » de Calderón, un peu à la façon de la « guerre contre la terreur » de Bush Jr, en rassemblant aussi la population en faveur dune cause « juste ». Or, le signe de nos temps, cest quaucune guerre ne saurait en finir, dautant plus une guerre de 4G. Ma hypothèse est la suivante : le dessein inavouable de cette élite (parfois caché même aux yeux des américains), cest justement, en accélérant la militarisation du pays, de provoquer une invasion de larmée étasunienne, afin de sécuriser les points stratégiques, par exemple les puits de pétrole, qui courraient dès lors les risque dêtre attaquées par des terroristes (à ce point-là, la proteste sociale vue déjà comme une partie dudit « terrorisme » dont lautre pôle seraient les cartels de la drogue).
4. Comme corollaire de ma hypothèse, je dirais quil y aurait un dessein plus inavouable encore de la part des certains dirigeants : lannexion de facto, temporelle ou définitive dune partie du Mexique aux USA, ou pour rester en concordance avec DeDefensa, de ce qui resterait des USA. Ce qui montrerait dailleurs le « pro-américanisme primitif » (en contrepartie dun anti-américanisme aussi « primitif ») des certains élites en Amérique Latine, formées en partie aux USA ou en ladoration sans bornes des USA : le délire de sallier aux USA, dans le pire de ses moments de son histoire contemporaine.
5. Une petite remarque : ce nétait pas Zapata le « bandit » cherché par les troupes de Pershing, cétait le « Centaure du Nord », Villa. Et cest connu que les troupes de Villa on été les seuls (à part des anglais, qui disputaient au XIXème siècle le contrôle de ceux qui sont aujourdhui les États du nord-ouest américain) en envahir les USA (la ville de Columbus, dans lArizona) ce qui a provoqué dailleurs l« expédition punitive » de Pershing. De ce fait, Villa serait jusquau nos jours le seul parmi les latins, pour reprendre à nos frais la question de Ferrero et le « Genie latin », (même sil na pas participé personnellement au saccage de Columbus) en oser souiller la « Terre promise ». Il faudra ajouter que cette « Terre » était jusquau milieu du XIXème siècle, toute comme lensemble su sud-ouest américain, « Terre mexicaine ».
6. Il ne faudrait pas oublier non plus que selon des sources différentes, il y aurait autour des 20 millions de gens dorigine mexicaine, avec ou sans papiers, citoyens américains ou pas, aux USA, notamment dans les États frontaliers du Sud. Lorsquune invasion « punitive » se déclenche, qui envahirait qui ?
Laurent Demaret
06/03/2009
Puisqu’il est question de Slim (dont j’avoue avoir ignoré l’existence jusque là) le hasard a voulu qu’en sortant de la lecture du précédent commentaire j’entende son nom cité sur CNBC: il vient d’investir 250 millions de US$ dans le New-York Times d’après une confidence du patron du NT à un journaliste de CNBC live from la “Financial Capital of the World” comme ils s’auto-proclament si fort chaque jour.
Par contre pas un mot sur ses motivations ...
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