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Article : Les “bâtisseurs de vérité”

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ontologie

Dav

  19/12/2022

"Cette introduction du"concept d'"'ésotérisme'" (quelle drôle d'expression pour un si grand mystère) signifie que l'on peut désormais considérer que la perception de la réalité"

et c'est là qu'on touche à l'ontologie,
et à la distinction nécessaire et vitale (la création d'une loi qui discrimine des objets pour les catégoriser dans des champs dont les propriétés sont distinctes) entre :
- la vérité prouvable
- la construction psychologique

Dans ce sens, la guerre hybride est une confusion des classes ontologiques, qui consiste à tenter de faire devenir "réalité prouvable" ce qui au départ n'est qu'une perception de la situation.

Là où un scientifique fait la démarche inverse, d'une réalité prouvée il tente d'en établir un fonctionnement théorique qui permette de rendre cette réalité prévisible.

Dans le premier cas, le fait de tâcher la réalité avec ses perceptions, ou comme les médias le font, le fait de prendre ses désirs pour la réalité (ou de prétendre réelle la réalité dont ils ont besoin pour justifier leur état d'esprit), c'est une démarche antiscientifique, ou du moins un forçage conceptuel pour faire que la réalité entre dans le cadre étroit de ce que l'esprit est capable de concevoir.

Or comme l'inculture est un fond de commerce du pouvoir, il y a ici une collision, entre la construction psychologique qui se simplifie (devient manichéenne) et la réalité qui se complexifie (devient insaisissable avec les critères connus).

Se la prose à l'ésotérisme.

Aziz Ghedia

  19/12/2022

Merci de nous avoir donpresquené ces astuces. Il m'arrive à moi aussi d'écrire des tas de choses qui restent presque toujours à l'état de brouillon. Si je les relisais, ces écrits pourraient peut-être faire l'objet de publication et intéresser sans aucun doute les lecteurs. Avec votre astuce, vous le donnez une bonne idée. En quelque sorte, je viens de bénéficier d'un enseignement qu'on pourrait qualifier d'ésotérisme. 

Un droit dont on ne parle guère parce qu'il est essentiel

Jean-Claude Cousin

  20/12/2022

Bonjour.
Dans ce qui fut un travail qui périodiquement (en fait, souvent) me tint en haleine pendant douze ans, c'est un ami qui a des idées fort proches, qui m'a donné l'idée de rajouter dans les droits constitutionnels l'un des plus importants, donc bien entendu l'un des plus combattus par l'Establishment. Il s'agit du droit à la déconnexion POUR TOUS. Oh, malheureux, la déconnexion ? Mais cela signifie que l'on peut vivre sans que de multiples sangsues, dont l'État, sachent à tout moment ce que je fais ? Pourtant l'adage "Pour vivre heureux, vivons cachés" n'est pas d'hier. Mais insidieusement ce droit s'est usé aux aspérités de cailloux mortels à long terme.
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Il est grand temps, grand temps d'en réaffirmer la primauté sur le CONTRÔLE qui veut nous traquer à chaque instant et par mille moyens. Voilà une véritédesituation tellement précieuse qu'on en reste béat. Pouvoir se promener en forêt sans que nul n'ait à le savoir. Cela signifie : pas de satellites sur orbite basse, pas de communicateur dans la poche, pas de risque qu'un capteur d'identité puisse lire votre carte de paiement ou votre "carte Vitale". Le droit à la déconnection ! Cela peut paraître tellement naturel, qu'on n'y pense même pas.
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Les Grandes Autorités, elles, y pensent, et ne veulent surtout pas que nous leur échappions. C'est pourquoi ce droit si simple va faire l'objet d'un rude combat pour réussir à l'imposer. De plus, ce sera à chacun d'entre nous, et à tous, de continuer à le protéger : les Grands Tarés de notre temps ne s'avouent jamais vaincus. Apprendre en tout temps à n'être joignable que, dans l'urgence,  via un téléphone fixe filaire, et sinon par la simple lettre postale (sur papier recyclé) que tant de gens oublient ! Obtenir l'effacement de nos données chez des administrations, toutes les administrations, mais aussi bien sûr dans les fermes d'ordinateurs de tant de sociétés commerciales ! Un autre piège insidieux est "la carte de fidélité" qui permet de savoir toujours où vous vivez. Il faudra savoir la refuser. C'est bien là où l'on voit que ce droit à la déconnexion est un droit dynamique, un droit auquel il faut penser toujours pour le protéger. Il est aussi puissant que le droit à la liberté de pensée, et il doit appartenir à chacun. N'est-ce pas là une grande vérité-de-situation ?
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À l'ombre de Grothendieck et de Lacan

jc

  26/12/2022

Je suis en train de lire le bouquin du mathématicien Alain Connes (AC) et du psychanalyste lacanien Patrick Gauthier-Lafaye (PGL), dont le point de départ a été la question suivante posée par PGL à AC, que je paraphrase ainsi : la plus molle des sciences molles et la plus dure des sciences dures peuvent-elles se rencontrer ? AC, médaillé Fields et spécialiste de Mécanique Quantique (MQ), ayant d'abord répondu non, est revenu quelques jours plus tard avec une intuition profonde (1) qu'il n'était pas invraisemblable que la réponse finisse par être oui, cette réponse passant par la compréhension des topos de Grothendieck.

L'opposition logos-topos me travaille depuis quelques années, en fait, en y réfléchissant maintenant, depuis que j'ai découvert ce site et son logocrate de rédacteur, qui vient de s'adjoindre un collaborateur (2) (à moins que PhG  n'ait été dédoublé contre son gré par des forces supérieures…). Et je me suis placé instinctivement -sinon intuitivement- en topocrate, non pas pour m'opposer à PhG, mais pour tenter d'avoir un autre point de vue : "Et le verbe s'est fait chair" pour le logocrate" ; "Et la chair se fait verbe" pour le topocrate".

Logologie (synonyme de linguistique) pour l'un, topotopie pour l'autre, difficultés liées à l'auto-référence dans les deux cas : théorème d'incomplétude de Gödel en logologie, théorème de Smale en topotopie (3). Difficultés qu'il est tentant de chercher à résoudre par la logotopie (4) et la topologie.

L'idée de AC est simple mais il fallait oser y penser : au psychanalyste Jacques Lacan qui dit que "l'inconscient est structuré comme un langage", le mathématicien Alain Connes répond que "L'inconscient est structuré comme un topos" (ce qui transparaît d'ailleurs dans le sous-titre du bouquin : "Un topos sur l'inconscient".

René Thom (RT) ayant écrit une Apologie du logos (AL), il reste donc à AC d'écrire une Apologie du topos. Mais lorsqu'on lit ce qui suit dans l'envoi de AL, on se dit que RT a en fait écrit une apologie du topos, et que par suite, AC doit écrire une apologie du logos, afin de rester en phase avec les psychanalystes lacaniens pour qui "Tout est langage". Car ma propre intuition que AG et AC sont des pythagoriciens pour qui "Tout est Nombre" (et non des platoniciens "Tout est géométrie") parce que RT n'a pas écrit une apologie du logos, mais une apologie du topos, comme il apparaît nettement dès l'envoi :

"Ce n'est pas un hasard si, finalement, l'une des meilleures applications de la théorie des catastrophes est encore le modèle de Christopher Zeeman de l'agressivité du chien. Malgré son caractère non commutatif, qui a suscité la dérision des scientifiques professionnels, il a l'avantage inestimable de  montrer ce qui fait la supériorité d'un modèle géométrique sur une construction conceptuelle. Expliquer linguistiquement son contenu oblige à des paraphrases compliquées dont la cohérence sémantique n'est pas évidente.".

J'ai eu l'impression d'avoir eu une révélation hier après-midi -une apocalypse-, au cirque, avec mes petits enfants. En fin de spectacle une immense cage sphérique a été hissée au sommet du mât central, puis fixée par des haubans. Puis trois motards et leurs motos sont rentrées à l'intérieur et ont circulé à grande vitesse dans cette sphère, plaqués par la force centrifuge. Spectacle assez impressionnant qui m'a fait penser à la sphère des fixes des Anciens Grecs, et à une caverne de Platon inversée : ceux qui sont à l'extérieur -les exotériques- sont plaqués dessus par la force centripète (la pesanteur) qui nous enchaîne à notre géo-sphère. Si la sphère est transparence, quel meilleur point de vue du monde que le centre ésotérique de la sphère, que ce soit pour le mathématicien ou le psychanalyste !

AC cite Taine (1870, De l'intelligence) à ce propos (p.63):

"On peut donc comparer l'esprit d'un homme à un théâtre de profondeur infinie, dont la rampe est très étroite, mais dont la scène va s'élargissant à partir de la rampe. Devant cette rampe éclairée il n'y a guère la place que pour un seul acteur. Il y arrive, gesticule un instant, se retire ; un autre apparaît, puis un autre, et ainsi de suite : voilà l'idée ou image de premier plan. Au-delà, sur les divers plans de la scène, sont d'autres groupes d'autant moins distincts qu'ils sont plus loin de la rampe. Au-delà de ces groupes, dans les coulisses et l'arrière fond lointain, se trouvent une multitude de formes obscures qu'un appel soudain amène parfois sur scène ou même sous les feux de la rampe, et des évolutions inconnues s'opèrent incessamment dans cette fourmilière d'acteurs de tout ordre pour fournir les coryphées qui tout à tour, comme en une lanterne magique, viennent défiler devant nos yeux.".

AC est un spécialiste de la géométrie non commutative (un standard en MQ), géométrie dont -on vient de le voir, on peut placer le centre organisateur au centre de la sphère (ou des sphères concentriques). Mais curieusement, dans ses exposés de vulgarisation, il explique sa vision de la non-commutativité géométrique en donnant l'exemple linguistique de l'anagramme pour montrer les effets délétères de la commutativité :

"Le boson scalaire de Higgs" et "L'horloge des anges ici-bas.",

superbe anagramme si on pense que la géométrie étant naturellement associée à l'espace, il est non moins naturel de penser que l'arithmétique est associée au temps : arithmétique commutative ou non ? intéressante question, à mon avis.

Bref je vais lire ce livre lentement avec mes propres clés esquissées ci-dessus, en m'imaginant PhG en logocrate ("Il suffit d'un mot, d'une phrase…", logocrate non commutatif bien entendu ("... et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou. ») puisque la commutativité détruit le sens comme on le voit avec l'exemple de l'anagramme (5). Et en pensant que l'idée originale de topos vient d'Alexandre Grothendieck, dont "La clef des songes" est sous-titrée : "Dialogue avec le bon Dieu".

Bon Noël à tous.



1 :  Je crois que les intuitions des grands mathématiciens -les seuls pour moi dignes de porter ce nom- peuvent être exotériques ou ésotériques : elles peuvent venir de l'extérieur d'eux-mêmes (par contemplation de la nature, par exemple) mais aussi de l'intérieur, par introspection ; peut-être plus ésotériques qu'exotériques, parce que j'ai beaucoup plus souvent entendu ces grands mathématiciens parler de la profondeur de leurs intuitions que de la hauteur de celles-ci. C'est très net pour René Thom qui écrit à la toute fin de Stabilité Structurelle et Morphogenèse :

" En écrivant ces pages j'ai acquis une conviction; au cœur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces extérieures agissent, ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire. La vieille image de l'Homme microcosme reflet du macrocosme garde toute sa valeur: qui connaît l'homme connaîtra l'univers. Dans cet essai d'une théorie générale des modèles, qu'ai-je fait d'autre, sinon de dégager et d'offrir à la conscience les prémisses d'une méthode que la vie semble avoir pratiqué dès son origine? ".

2 : PhG-bis

3 : https://www.jp-petit.org/nouv_f/lacan_jpp.pdf

4 : http://espace.freud.pagesperso-orange.fr/topos/topolo/logotop.htm

5 : RT commence ainsi sa critique de Darwin dans sa préface de "Faut-il brûler Darwin ?" de Jacques Costagliola :

"Il faut réintroduire la qualité, qui est substantiellement différente de la quantité. Considérons le couple des deux premiers entiers naturels : un deux. Tout esprit non prévenu ne manquera pas de dire que la différence entre un et deux et quantitative. Ce n’est pas faux puisque deux égale un + un ; mais si l’on permute les deux nombres, il sera difficile de dire que (1,2) est strictement identique à (2,1). Dans le couple (p,q) q hérite de sa position de second une qualité particulière qui complémente la qualité « premier » de p et ces deux qualités sont qualitativement différentes. Je me permettrai de rappeler que la définition classique de l’organisation biologique se disait en latin situs partium.".
(Plus simplement deux tas de trois pommes est qualitativement différent de trois tas de deux pommes.)

À l'ombre de Grothendieck et de Lacan.1

jc

  27/12/2022

[ À propos des forces centrifuges ésotériques et centripètes exotériques de mon .0 : "J'ai eu l'impression d'avoir eu une révélation hier après-midi -une apocalypse-, au cirque, avec mes petits enfants. En fin de spectacle une immense cage sphérique a été hissée au sommet du mât central, puis fixée par des haubans. Puis trois motards et leurs motos sont rentrées à l'intérieur et ont circulé à grande vitesse dans cette sphère, plaqués par la force centrifuge. Spectacle assez impressionnant qui m'a fait penser à la sphère des fixes des Anciens Grecs, et à une caverne de Platon inversée : ceux qui sont à l'extérieur -les exotériques- sont plaqués dessus par la force centripète (la pesanteur) qui nous enchaîne à notre géo-sphère. Si la sphère est transparence, quel meilleur point de vue du monde que le centre ésotérique de la sphère, que ce soit pour le mathématicien ou le psychanalyste ! " ]

Ça me fait penser à l'épigraphe d'un chapitre de Stabilité Structurelle et Morphogénèse  :

« Le mécanisme de n'importe quelle machine, une montre par exemple, est toujours construit de manière centripète, c'est à dire que toutes les parties de la montre, aiguilles, ressorts, roues, doivent d'abord être achevées pour être ensuite montées sur un support commun. Tout au contraire la croissance d'un animal, tel le triton, est toujours organisée de manière centrifuge à partir de son germe; d'abord gastrula il s'enrichit ensuite de nouveaux bourgeons qui évoluent en organes différenciés. Dans les deux cas, il existe un plan de construction; dans la montre, il régit un processus centripète, chez le triton, un processus centrifuge. Selon le plan les parties s'assemblent en vertu de principes opposés. » (J.V. Uexkull, Théorie de la signification).

Il m'apparaît nettement que la "sphère des fixes" sépare deux mondes : d'une part le monde exotérique et existentiel, où les êtres doivent être construits comme une montre pour exister, et d'autre part le monde ésotérique et essentiel où les êtres sont et ne font que se déployer comme un triton. Il est très clair pour moi que les garçonnets préfèrent jouer à des jeux de construction et que les fillettes préfèrent jouer à la poupée (je l'ai vérifié encore une fois avant hier lors de l'ouverture des cadeaux). Les garçonnets naturellement structuralistes et les fillettes naturellement fonctionnalistes ?

Lacan : "L'homme ek-siste, la femme n'existe pas.". Thom : "On sera frappé par l'abondance des interprétations sémantiques extraites du vocabulaire de la couture : pli, fronce, fente, poche, aiguille… Après tout, si la couture est restée une activité traditionnellement féminine, c'est que, sans doute, la confection des vêtements est chez l'Homme le stade ultime de l'Embryologie…".

Remarque lacanienne. Dans la citation thomienne j'ai très envie de remplacer l'Homme par la Femme.

S'il y a une réalité dans mes propos (et j'ai la faiblesse de le croire) alors le modèle est incorrect parce l'Homme et la Femme ne pourront jamais communiquer, ce que dit d'ailleurs, en substance, Lacan (1). Ceci dit les matheux et Lacan ont de la ressource (la même) puisque, depuis Stephen Smale (le Kurt Gödel de la géométrie), on a un modèle qui rétablit la possibilité d'un rapport inconscient Homme/Femme car on sait retourner la sphère (à notre insu -d'où l'inconscience du rapport- puisque l'opération s'exécute dans un espace euclidien de dimension supérieure à 3) (2). Pour moi (3) ça rétablit la symétrie Homme/Femme que Lacan refuse (1).


1 :  "Les formules de la sexuation confirment ce que le Réel de la clinique nous enseigne, à savoir que la rencontre entre deux êtres sexués est toujours ratée du fait de cette asymétrie qui tient du non rapport sexuel. Ce ratage ne signifie pas qu’il n’y aurait pas de relation sexuelle, mais la disparité des logiques et des jouissances est la règle, suscitant en retour une dialectique bien humaine entre amour et désir qui ne cesse pas de ne pas s’écrire et qui nous livre à un perpétuel malentendu, à un impossible irrémédiable.".

2 :  https://www.jp-petit.org/nouv_f/lacan_jpp.pdf

3 : qui ne suis en rien psychanalyste (je découvre "sérieusement" les formules et diagrammes de la sexuation avec la lecture de "À l'ombre de Grothendieck et de Lacan").
 

À l'ombre de Grothendieck et de Lacan.2

jc

  27/12/2022


En .1 j'écrivais : "Si la sphère est transparence, quel meilleur point de vue du monde que le centre ésotérique de la sphère, que ce soit pour le mathématicien ou le psychanalyste ! ".

Je rectifie : "Si la sphère est transparente, quel meilleur point de vue sur le monde pour le Topocrate (le "Dieu" des topocrates) que celui du centre de la sphère, visiblement en-dessous de nous, pauvres humains enchaînés par la force centripète sur le face externe de cette sphère.

PhG : "Il en résulte ce sentiment de plus en plus présent chez moi d’événements de plus en plus puissants qui nous concernent directement, en train de se faire sans nous, indifférents à nos tracas et à notre sensibilité farcie de “valeurs”, comme s’ils étaient dirigés d’ailleurs et d’au-dessus de nous, et notre rôle réduit à enquêter sur ces événements pour tenter de les comprendre…".

Il suit visiblement que le Logocrate (le "Dieu" des logocrates) n'est pas assis à côté du Topocrate, mais "ailleurs et au-dessus de nous", pauvres humains enchaînés par la force centripète. La métaphore que j'ai à l'esprit est la suivante : le Logocrate est face à l'écran sur lequel se projette la virtualité du monde, et il en reconstitue aisément (1) la réalité à partir des VdS. C'est une histoire d'optique géométrique, rien de plus ni de moins, et je n'ai jamais rien compris à ces histoires d'images réelles qu'on ne voyait pas, et d'images virtuelles qu'on voyait ! (2), ni à ce que Lacan raconte à ce sujet (3).


1 :  La moindre des choses, pour Dieu.
2 :  https://fr.wikipedia.org/wiki/Objet_et_image_(optique)
3 :  https://fr.wikipedia.org/wiki/Stade_du_miroir
 

Bipolarité

jc

  01/01/2023

Il s'agit ici de bipolarité naturelle, non troublée.

Élie Bernard-Weil : " Il faut apprendre ou réapprendre à penser toujours d'une manière bipolaire et de ne pas céder à l'attrait d'une pensée unipolaire, branchée sur un pôle dominant - ce qu'on appelle aussi « pensée unique » de nos jours - une tentation qui fait immanquablement plonger dans l'erreur et l'impuissance. ".

Je pense que certains sont plus aptes que d'autres à avoir une pensée bipolaire. Et pour moi les bons penseurs bipolaires sont ceux qui arrivent à faire avec leurs deux hémisphères cérébraux ce que certains ambidextres arrivent à faire avec leurs mains.

Or je vois les ambidextres de deux sortes : ceux dont les deux mains sont capables de faire la même chose (ambidextres basiques), et ceux dont les deux mains sont en plus capables d'inverser la chose "en miroir" (ambidextres spéculaires).

L'ambidextrie basique est analogue aux essuie-glace "en phase" où le balai de droite recopie ce que fait celui de gauche (1), alors que l'ambidextrie spéculaire est analogue aux essuie-glace "en opposition de phase". Et je préfère nettement les essuie-glace spéculaires, qui donnent l'impression d'avancer "à la brasse" sous l'averse, aux essuie-glace basiques, qui donnent envie au conducteur de suivre leur mouvement avec le volant (conducteur saoul) ...

Léonard de Vinci était-il les deux : ambidextre basique pour les copies "basiques", ambidextre spéculaire pour les "copies en miroir" ?

En transposant aux hémisphères cérébraux, on peut penser que l'ambidextrie cérébrale (néologisme à trouver) est un précieux outil pour se connaître soi-même. Mais après réflexion (c'est le cas de le dire !) cet outil est proprement schizophrène puisqu'il transforme le moi en iom.

C'est peut-être (sans doute ?) pour cela que Lacan ajoute un second miroir destiné à rétablir la situation en nouant le moi avec le iom (2) . Pour éviter la schizophénie, il suit que l'égo devrait être un mot non schizophrène, c'est-à-dire un palindrome. L'anglais "i" est un palindrome imbattable (3). Pour le français je propose le néologisme de mom, le "o" renvoyant à l'ambidextrie cérébrale basique, et les deux m aux deux miroirs de Lacan (5).

1 :  La revanche des gauchers continentaux (j'en suis un) !

2 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Stade_du_miroir

3 : Ceci suggère que le "i" anglais est un leader-follower de lui-même, c'est-à-dire un "druken sailor" qui cherche désespérément un leader (afin de le suivre), même si celui-ci avance au pas cadencé (le cas de l'essuie-glace de droite -we are in England-). https://www.youtube.com/watch?v=2PxSg_kgtp8   https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Joueur_de_fl%C3%BBte_de_Hamelin

4 : - https://www.youtube.com/watch?v=pTAw6eZAbR4
      - https://www.qwant.com/?t=videos&q=m%C3%A9tronomes+synchronis%C3%A9s&o=0%3At-_VPRCtiUg

5 : Peut-être faudrait-il genrer le "mom" en "mam" et "mom" sur le mode "Je suis l'alpha et l'oméga", le "mam" renvoyant au masculin et le "mom" au féminin ? Au principe  était le "mam" ou au principe était le "mom" ? Si l'on suit Aristote (premier selon l'être dernier selon la génération) je pense que les palindromes corrects sont avec le "o" central et féminin, le a étant extrémal et masculin : "o", "amoma", "arimomira", etc. Je rappelle à ce propos la citation thomienne suivante (ES, p.216) :

"Mais la formule d'Aristote suggère une autre réponse, théologiquement étrange: peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée.".

 

Cours de conceptuologie par un bipolaire naturel

jc

  01/01/2023

Il s'agit d'un cours de conceptuologie donné par André Joyal, un mathématicien canadien, à l'IHES (le Princeton français).

Il est très clair pour moi que Joyal est un don pour l'ambidextrie cérébrale spéculaire ! (1). Don heureux pour le théoricien des catégories qu'il est, puisqu'on y jongle en permanence avec la dualité, la catégorie duale d'une catégorie donnée (constituée d'êtres -beings en anglais- reliés par des flèches) s'obtenant en conservant les êtres (beings en anglais) mais en inversant le sens des flèches. On notera l'aridité du sujet, l'auditeur -moi en l'occurence- se posant pratiquement à chaque instant la question : est-ce trivial ou est-ce abyssalement profond ? Il y a dans l'amphi au moins deux médaillés Fields, Laurent Lafforgue et Alain Connes, ce dernier étant au premier rang à l'extrême gauche. On l'entend à 1h12'15. Alors que la cohorte des mathématiciens "analystes" qui dévalent tels des lièvres (d'autant plus vite qu'ils sont partis de bas!), il y a encore quelques tortues "synthétistes" en raquettes qui tentent pesamment mais avec entêtement de se rapprocher de l' "Être en soi", situé au sommet. À ce propos Thom donne en quelques lignes (2) sa vision du rôle du conceptualiste, qui coïncide pour lui avec celle de métaphysicien, lignes qui font référence à ces régions arides de l'Être.

Concept se traduisant en grec par έννοια, j'ai forgé le néologisme d'ennoialogie, pour éviter le barbarisme de conceptuologie (3). Pour moi l'onnoialogie est indissociable de l'ontologie (la science de l'être en tant qu'être, car les concepts sont des êtres (4). Plus précisément je vois l'onnoialogie comme un déploiement de l'ontologie : science des êtres en tant qu'être ET science des rapports de ces êtres entre eux (5).

Je signale à ce propos que le cadre du cours de Joyal est celui de la théorie des catégories, théorie qui apparaît bien comme une théorie des catégories au sens des philosophes. À ce propos il est maintenant très clair pour moi -depuis cette audiovision du cours de Joyal- que les catégories des pythagoriciens, de Renouvrier ou de Thom (6), qui joignent les catégories par paires d'opposés, sont supérieures à celle d'Aristote.


1 : Cf. L'exposé I typiquement de 48'10 à 49'30 -partie droite du tableau- (mais il y a d'autres exemples) https://sites.google.com/site/logiquecategorique/autres-expos%C3%A9s-s%C3%A9minaires-et-colloques/institut-des-hautes-%C3%A9tudes-scientifiques-ihes/topos-%C3%A0-lihes-23-au-27-novembre-2015/tutorials-by-olivia-caramello-and-andr%C3%A9-joyal/andr%C3%A9-joyal-a-crash-course-in-topos-theory-the-big-picture-23-et-24-novembre-2015-ihes  On notera aussi qu'il arrive à Joyal de faire l'essuie-glace spéculaire avec ses bras, pour joindre le geste à la parole (8' à 9'30, 1h12'), avec quelques ratés dans ce difficile exercice, ratés que les psychanalystes relèveront sans doute avec plaisir (26'20; 36'20, 41', 45', 53'20).

2 : "L'image de l'arbre de Porphyre me suggère une échappée en "Métaphysique extrême" que le lecteur me pardonnera peut-être. Il ressort de tous les exemples considérés dans ce livre qu'aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience. En revanche, lorsqu'on veut atteindre les étages supérieurs, on est conduit à la notion d' "hypergenre", dont on a vu qu'elle n'était guère susceptible d'une définition opératoire (hormis les considérations tirées de la régulation biologique). Plus haut on aboutit, au voisinage du sommet, à l'Être en soi. Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal α (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogénèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur). Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer." (ES, p.216).

3 : "Un barbarisme est aussi un mot composé de plusieurs racines d'origine étrangère.". https://fr.wikipedia.org/wiki/Barbarisme

4 : Thom :

4.1 : " L'homme en éveil ne peut, comme le nourrisson de neuf mois, passer son existence à saisir les objets pour les mettre en bouche. Aussi va-t-il "penser", c'est-à-dire saisir des êtres intermédiaires entre les formes extérieures et les formes génétiques : les concepts." ;
4.2 : " Il faut au contraire concevoir que tout concept est comme un être vivant qui défend son organisme (l'espace qu'il occupe) contre les agressions de l'environnement, c'est-à-dire, en fait, l'expansionnisme des concepts voisins qui le limitent dans l'espace substrat : il faut regarder tout concept comme un être amiboïde, qui réagit aux stimuli extérieurs en émettant des pseudopodes et en phagocytant ses ennemis." ;
4.3 : "La pensée conceptuelle est une embryologie permanente.".

5. Je rappelle à ce propos que Alain Badiou considère que les mathématiques sont la seule discipline capable d'expliquer l'être :  https://www.philomag.com/articles/alain-badiou-levenement-ouvre-la-possibilite-quune-verite-inedite-surgisse-dans-un-monde . Thom considère que c'est la théorie générale des systèmes (TGS) qui remplit ce rôle (autrement dit TGS = ennoialogie) (cf. "Individuation et finalité", Apologie du Logos).

6 : Cf. "Thèmes de Holton et apories fondatrices", Apologie du Logos.