Thierry Delbosc
28/01/2006
L’Europe atlantiste & constitutionnelle, paravent des seuls intérêts marchands, est mouillée jusqu’au cou et pousse des cris de vierge effarouchée. Comment croire, lors de la guerre sainte au terrorisme et lorsqu’on voit Guantanamo de l’extérieur, que cela puisse être une tâche isolée et non le symptôme d’un système de contrôle ? Quel dégoût !
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Le Devoir (Qc)
http://www.ledevoir.com/2006/01/26/100524.html
En attendant la suite de cette histoire, ce rapport a ceci d’instructif qu’il met encore plus en lumière les mensonges de certains dirigeants européens qui s’étaient empressés, après les révélations du Washington Post en novembre dernier, de nier de tels actes. On le répète : selon le sénateur suisse, ils étaient au parfum.
The European Quandary
By Serge Truffaut
Thursday 26 January 2006
Europe is in a quandary. The reason is simple. The Swiss senator in charge of investigating on CIA prisoner transport, Dick Marty, asserts that various members of the European Union (EU) and of the Council of Europe - which gathers candidates to the EU - cannot feign ignorance. If it is possible that certain heads of state were not informed of the CIA’s actions, one cannot say as much of the intelligence services. With their collaboration, including that of senior officials in certain ministries, the American agency would never have been able to do as it wanted.
In his preliminary report, Senator Marty asserts that these flights are not numbered by the dozens, but in the hundreds. He also asserts that about a hundred of these prisoners, after a layover in Europe, were handed over to third parties, mainly Egypt, that tortured them for the benefit of the United States. And that the Europeans who collaborated with the Americans in charge of this program knew that.
Worse still, as far as Europeans are concerned, the Swiss senator allowed himself to point out their flagrant lack of cooperation in his analysis. Thus, it was only on the eve of the communication of his analysis that he finally received a copy of the documents he had requested from Eurocontrol and the EU’s Satellite Center. Given that fact, Marty is demanding an extension of his mandate in order to verify whether prisons of the Guantánamo Bay variety - that is, of lawless zones - were really implanted in Romania and Poland.
As we await the sequel to this story, this report is instructive in that it further illuminates the lies of certain European leaders who rushed to deny such acts after their revelation by the Washington Post last November. We repeat: according to the Swiss senator, they were in on the deal.
In Great Britain’s case, the Minister for European Affairs has the chutzpah to downplay the work Marty has accomplished, when one of the main witnesses in this affair is none other than the former British Ambassador to Uzbekistan, Craig Murray. Before he was sacked by Foreign Office bosses, this diplomat had proof that the CIA and its British counterpart, i.e., MI6, had chummed up on more than one occasion.
That being the case, the Swiss politician has rightfully allowed himself to remind EU members of their duty, notably with respect to the European Convention on Human Rights, to which one is obliged to adhere if one wants to be a member of the club. By acting as we know they have, some countries have disavowed their own signature affixed to that Convention.
In consequence, “there is reason to analyze, even improve, national procedures of administrative surveillance and parliamentary control of secret services to assure that abuses may not be perpetrated under the cover of the confidentiality of present procedures.” Moreover, Marty denounces the abusive use of those famous “state secrets” and “the country’s higher interests” to the point that he invites the members of parliament to debate these subjects at length. One thing is certain, those MPs have a duty to grant Senator Marty what he requests: an extension of his mandate so that the principles dear to Europeans are not flouted once again.
L’embarras européen
Serge Truffaut
Édition du jeudi 26 janvier 2006
L’Europe est dans l’embarras. La raison en est simple. Sénateur suisse chargé d’enquêter sur le transport de prisonniers de la CIA, Dick Marty assure que divers membres de l’Union européenne (UE) et du Conseil de l’Europe regroupant les candidats à l’UE ne peuvent pas feindre l’ignorance. S’il est possible que certains chefs d’État n’aient pas été mis au courant des agissements de la CIA, on ne peut pas en dire autant des services de renseignement. Sans la collaboration de ces derniers, voire de hauts fonctionnaires de certains ministères, l’agence américaine n’aurait pas pu agir à sa guise.
Dans son rapport préliminaire, le sénateur Marty affirme que ces vols ne se comptent pas par dizaines mais bien par centaines. Il affirme également qu’une centaine de ces prisonniers, après escale en Europe, ont été remis aux mains de services tiers, principalement ceux de l’Égypte, où ils ont été torturés pour le bénéfice des États-Unis. Et cela, les Européens qui ont collaboré avec les responsables américains de ce programme le savaient.
Pis encore, pour les Européens s’entend, le sénateur suisse s’est permis dans son analyse de montrer du doigt leur manque flagrant de coopération. Ainsi, c’est seulement à la veille de la communication de son analyse qu’il a enfin reçu copie des documents qu’il avait demandés à Eurocontrol et au Centre satellitaire de l’UE. De fait, Marty demande une prolongation de son mandat pour vérifier notamment si des prisons du type Guantánamo Bay, soit des zones de non-droit, ont bel et bien été implantées en Roumanie et en Pologne.
En attendant la suite de cette histoire, ce rapport a ceci d’instructif qu’il met encore plus en lumière les mensonges de certains dirigeants européens qui s’étaient empressés, après les révélations du Washington Post en novembre dernier, de nier de tels actes. On le répète : selon le sénateur suisse, ils étaient au parfum.
Dans le cas de la Grande-Bretagne, le ministre des Affaires européennes a eu le culot de réduire le travail accompli par Marty alors qu’un des témoins de poids de cette affaire est nul autre que l’ex-ambassadeur britannique en Ouzbékistan, Craig Murray. Avant d’être renvoyé par ses patrons du Foreign Office, ce diplomate a eu la preuve que la CIA et son pendant britannique, soit le MI6, avaient copiné à plus d’une reprise.
Cela étant, le politicien suisse se permet, avec raison, de rappeler les membres de l’UE à leurs devoirs, notamment au respect de la Convention européenne des droits de l’homme, à laquelle il est obligatoire d’adhérer si on veut faire partie du club. En agissant comme on le sait, certains pays ont renié la signature apposée sur cette convention.
Par conséquent, «il y a lieu d’analyser, voire d’améliorer les procédures nationales de surveillance administrative et de contrôle parlementaire des services secrets pour s’assurer que des abus ne puissent être perpétrés sous le couvert de la confidentialité des procédures actuelles». En outre, Marty dénonce l’usage abusif des fameux «secrets d’État» et «intérêts supérieurs de la nation», à tel point qu’il invite les parlementaires à débattre en long et en large de ces sujets. Chose certaine, ceux-ci ont le devoir d’accorder au sénateur Marty ce qu’il demande, soit la prolongation de son mandat afin que les principes chers aux Européens ne soient pas encore une fois bafoués. “”“”
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