Lambrechts Francis
22/09/2006
TV, Docu. Engagée par le FBI, Sibel Edmunds a été réduite au silence. Traduction interdite, Par Bruno ICHER ( http://www.liberation.fr/culture/television/205220.FR.php )
Sibel Edmunds a 32 ans quand elle est contactée pour la première fois par le FBI, quelques jours après le 11 septembre 2001. Comme nombre d’autres traducteurs, cette Américaine, parlant couramment le turc et le persan, est engagée pour rattraper le retard du renseignement américain à décrypter des milliers d’heures d’écoutes téléphoniques. En quelques semaines,
Sibel traduit des conversations sulfureuses où il est question de blanchiment d’argent sale, de trafic d’armes et de drogue, de corruption impliquant des personnalités politiques américaines, turques et israéliennes…
Deux mois à peine après son entrée en fonction, Sibel est approchée par une de ses collègues traductrices et son mari. Ils lui proposent sans ambiguïté un arrangement financier pour qu’elle ne transmette pas toutes les informations qu’elle traduit. Informant aussitôt sa hiérarchie, Sibel Edmunds entre alors dans un processus infernal qui dure depuis près de cinq ans. Car tous ses interlocuteurs supérieurs directs et direction du FBI lui intiment l’ordre de se taire et de laisser courir. Et quand elle alerte le département de la justice, elle est aussitôt licenciée du FBI et frappée d’une interdiction formelle de parler. Cette procédure rarissime, le State Secret Privilege, l’oblige à garder le silence, même devant un juge, au nom du secret d’Etat.
Le documentaire vise clairement à présenter Sibel Edmunds comme la pasionaria de l’Amérique en colère. A juste titre puisque son combat prend de l’ampleur depuis qu’elle a créé une coalition de «whistle blowers», terme désignant ceux qui dénoncent les dysfonctionnements de l’Etat, regroupant une centaine d’anciens membres du FBI, de la NSA, de la CIA ou de la Justice… Difficile de mesurer ce que ce silence imposé masque réellement:
la profonde incurie des agences de contre-espionnage américaines ou une corruption installée au plus haut sommet de l’Etat? On ne sait que choisir.
( NB : amusant ce choix où les alternatives sont aussi entrelacées )
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