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Article : Les faits du prince

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Mieux que le prince de Galles, le Pape nous parle de la Crise.

PEB

  09/07/2009

Sur les aspects sociaux et économiques de la Grande Crise, le souverain Pontife a décidé d’écrire (entre autres) à tous les hommes de bonne volonté une encyclique Caritas in Veritate.

Ce document est une réflexion sur l’évolution du monde économique, social et culturel depuis ces trente dernières années.

Il est disponible sur le site du Saint-Siège à l’URL:
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20090629_caritas-in-veritate_fr.html

Bonne lecture!

un jour mon prince viendra

nol

  09/07/2009

Bonsoir
Je lis toujours avec intérêt les articles de ce site. J’ai décidé de créer un compte, chose que j’ai horreur de faire sur Internet ( pourquoi faut-il créer un compte sur dedefensa pour commenter ?) pour y aller de ma petite appréciation : la partie 2 sur les causes de la crise de civilisation ( la civilisation, exactement) est tout simplement brillante. Enfin une analyse qui n’a pas peur du mot “spirituel” et de tous les aspects qu’il implique : esthétique, philosophique, religieux, j’en oublie. Le “spirituel” a été tellement galvaudé, dégradé, nié, moqué, qu’on en est arrivé à une culture qui n’arrive pas à comprendre que “l’islamofascisme” s’est d’abord défini en opposition à elle, ou qui le comprend de manière paranoïaque.  Aucune remise en question, aucune interrogation, aucune analyse autre que “ils nous haïssent pour notre liberté”, servie ad nauseam par des esprits étroits.
Le paysage en Europe et aux US est occupé par une classe politique de techniciens au mieux, d’affairistes au pire, pour qui “there’s no alternative” : ils ont même réussi depuis 25 ans à suffisamment laver le cerveau du petit peuple pour le convaincre de voter contre son propre intérêt. Comme la nature a horreur du vide, ce manque d’alternance politique ou civilisationnelle crédible va déboucher et débouche déjà inexorablement sur une crise spirituelle qui je le crains, va se résoudre tôt ou tard à un niveau brutalement “religieux”, un niveau qui touche au plus profond de l’être humain, et ce ne sera pas de manière pacifique et encore moins “rationnelle”. Les meilleurs des écolos tirent la sonnette d’alarme depuis 30 ans. Faut-il un prince Charles pour que certains écoutent enfin ?

Charles le cynique

Serge LEFORT

  10/07/2009

A la veille de la Révolution française, il y avait aussi des princes conscients que le système féodal ne pouvait plus durer. Étaient-ils révolutionnaires pour autant ? Certainement pas. Ils pratiquaient un cynisme réactionnaire : le monde doit changer, mais sans toucher à mes privilèges.

@nol
Pouvez-vous expliciter “l’islamo-fascisme” ? Le sens de ce concept m’échappe totalement… A-t-il d’ailleurs un sens ?

Vous avez raison, not' bon Prince !

Pedro Fuentes

  10/07/2009

Mazette ! M. Grasset n’est pas un homme de peu de mots !

Mais.

« Il y a plus affaire à interpreter les interpretations qu’à interpreter les choses, et plus des livres sur les livres que sur autre subject : nous ne faisons que nous entregloser. Tout fourmille de commentaires ; d’auteurs, il en est grand cherté. »

Pourquoi fallait-il cet exercice de style ?

Dans “l’Avis au lecteur” des Essais, Montaigne parle assez bien du commentaire et de l’autorité de l’auteur sur son œuvre pour qu’il soit inutile à un trois milliardième d’être humain de noircir plus de papier, fût-il (futile ?) recyclé ou électronique.

Pour la brièveté du commentaire, on peut préférer Bosse-de-Nage et pour l’efficacité politique le bouffon Sarkozy (le prof de “Sarko, je te vois” a été relaxé, “Sarkozy” donc plus d’une injure aux yeux de la loi)

Se laisser aller à la littérature ou la la philosophie quand on ne s’appelle pas Nietzsche, Voltaire, voire simplement Bourdieu n’apporte qu’une passagère satisfaction à son auteur, mais ce n’est pas de cela dont “John Public” a actuellement besoin.

Alors que dire de la fatigue de lire les petites misère ou les petites pudeurs des commentateurs de commentaires.

Pardon pour cette ènième et contradictoire fiente, lecteurs de dedefensa.

@ serge lefort

nol

  10/07/2009

moi aussi, et il n’a aucun sens

De l'individuel au collectif

Ni ANDO

  16/07/2009

Un ouvrage d’un jeune docteur en philosophie qui a priori concerne d’abord les personnes (les malheureux !) en quête d’un sens « dans un monde sans repères ». Mais tout est lié et le regard qu’un individu porte sur son monde est aussi souvent celui que le collectif partage sans s’en rendre compte. Comme le poisson qui ne voit pas l’eau dans laquelle il se meut, l’individu ne « voit » pas le monde psychologique dans lequel il baigne et qui détermine en grande partie son regard. Partant d’une démarche purement individuelle, Fabrice Midal rejoint ainsi la critique de l’Occident considéré comme le résultat d’une systématisation de la pensée métaphysique et de la « légende du monde mort » dont elle a accouché (on notera que F. Midal inclut dans la notion d’Occident le monde russe en raison justement de la puissance de la pensée métaphysique qui s’est développée dans une orthodoxie qui s’est voulue héritière de l’empire romain). L’auteur donne bien une piste (strictement individuelle), mais c’est à chacun de se débrouiller ou de laisser le cours des choses en décider. C’est peut-être bien d’une crise de civilisation dont il s’agit.

« RISQUER LA LIBERTE »
Vivre dans un monde sans repères

Fabrice Midal. Seuil, février 2009.
ISBN 978-2-02-098568-0

“Mais qu’est-ce que la philosophie ? Une manière très singulière de comprendre la présence de quoique ce soit qui signe le destin de l’Occident. Pour elle, la présence est toujours exposée au danger de s’absenter. Tout l’effort de la pensée doit consister à surmonter un tel risque. La philosophie en a ainsi conclu qu’il fallait quitter les choses périssables d’ici-bas pour se consacrer à ce qui est dans l’absolu. Elle s’est alors nommée métaphysique, “au-delà de la physique”,  Elle repose sur l’affirmation d’un arrière-monde, un monde derrière ou au-delà de notre monde qui lui donne sa solidité et permet de surmonter sa fragilité inhérente. Elle établit un fondement qui permet au présent d’être constant – et qu’elle a souvent pensé comme Dieu. La collusion entre la philosophie et la théologie est ainsi devenue une des lames de fond de l’Occident”. […] Mais “la métaphysique se perd, joue avec les concepts, essaie de faire système et abandonne tout lien avec l’expérience”. “…la puissance de la métaphysique est redoutable au point que tous les hommes, même ceux qui n’ont jamais ouvert un livre de métaphysique, en sont marqués et sans doute tout autant que mes professeurs de philosophie”. “Nous sommes tous pris dans les rets de la métaphysique. Lorsque nous employons les termes de “sujet”, d’“objet”, d’essence”, de “théorie”, de “cause”, de “principe”, qui parlent le langage de la métaphysique, nous sommes, que nous le sachions ou pas, en elle”.

“…la métaphysique n’est pas l’objet d’une croyance que l’on peut à volonté concéder ou révoquer, mais l’Occident lui-même en tant qu’il est notre partage. Or, comme la terre s’est tout entière occidentalisée, tous les êtres humains sont aujourd’hui prisonniers de cette manière de considérer toute chose. L’accomplissement de la métaphysique n’est pas la Sorbonne, mais l’usine de fabrication d’énergie nucléaire, l’organisation du transport autoroutier, la gestion globale d’Internet… . Le signe le plus redoutable de cette emprise est le triomphe d’une pensée restreinte à une espèce de calcul visant à la mainmise la plus complète possible sur tout. Tout doit être calculable. La nature n’est plus qu’un unique réservoir géant. Un fleuve devient non la présence que chante un beau poème mais une réserve d’énergie que l’on doit maîtriser à volonté – rationnellement. En ce sens, la technique n’est pas un simple moyen que nous pourrions utiliser à notre guise, mais la manière dont nous nous rapportons à tout ce qui est. Elle est l’achèvement de l’effort de la métaphysique tout entière pour fixer la présence”.

“L’histoire de la métaphysique est la recherche d’une domination totale sur tout et la technique lui permet d’accomplir son rêve. Et par elle, devant chaque chose, nous sommes enclins à chercher comment la dominer absolument, pour que tout soit enfin certain. Ce souci de domination nous paraît seul à même de fixer une présence à l’abri de toute vicissitude”.

“L’important devient de pouvoir soumettre au calcul tout ce qui est, dans une course en avant qui ne s’arrête jamais et conduit nécessairement au ravage de la terre, et qui contraint l’homme à un constant labeur. Voilà comment s’est constituée la légende du monde mort qu’on nous a inculquée comme une nouvelle religion”. […] “Nous sommes tous aveugles à cette emprise de la métaphysique – qui est presque aussi difficile à discerner que voir notre propre visage”.

“Il ne faut rien expliquer car ce que nous voulons au fond de nous, ce n’est pas une aumône, des réponses fragmentaires, ni même d’apprendre quelque chose, mais soutenir un chemin. Un chemin qui ne soit pas connu d’avance, mais se dessine dans le mouvement même où nous le découvrons. Or, en notre temps, précisément, rien ne fait plus chemin. On passe d’une direction à l’autre, d’une perspective à l’autre, et les chemins sont fermés les uns après les autres. Le savoir est remplacé par un autre savoir, dans une immensité écrasante et confuse. La culture est une vaste supercherie comme le rappelle à l’aube de la modernité Cézanne, mais son annihilation par l’organisation du divertissement total, une catastrophe, car elle nous prive de la possibilité même de tout enracinement. Et ce qui se montre encore dans une apparente fidélité, se prétendant tradition, joue à vide des signes et des paroles, des concepts et des slogans. Sans plus y croire, sans plus y réussir. Et cela s’entend. Notre monde repose sur une rupture dont nous refusons l’ampleur irrémédiable. “Nos traditions ont cessé d’être conductrices, branches mortes que n’alimente plus l’énergie des racines” écrit Rainer Maria Rilke. Une rupture telle que jamais plus l’avant ne rimera avec l’après, signe notre époque et imprègne notre rapport à tout ce qui est”.

“Surtout n’essayez pas de faire comme si de rien n’était, cela ne peut que vous enfoncer toujours plus terriblement dans les sables mouvants de la dépression, de la haine et du ressentiment. Ne supportez plus les beaux discours savants et polis, les bavardages érudits qui mettent des briques sur des briques et étouffent toujours plus avant la parole déjà si moribonde. Un message chasse l’autre et nous en sommes bombardés grâce aux athlètes du marketing direct et indirect. Rien ne fait plus chemin. Et l’amas de détritus que les mots et les idées hors d’usage anéantit la possibilité d’un chemin, d’une vie qui soit le risque d’une véritable aventure. Cet amas nous rend imperméable à toute réalité. « « C’est plus solide que le plus épais blindage, disait Kafka. Les gens se mettent à l’abri la-derrière pour échapper aux temps qui changent. C’est pourquoi la phraséologie est le plus puissant rempart du mal. Elle est le plus sûr procédé de conservation de toutes les passions et de toute bêtise » ».

“Nous n’avons plus le recours de nous tourner vers un monde ordonné par la tradition. Un tel monde est mité de toute part, l’héritage de notre civilisation ne tient plus et révèle son infinie fragilité. Pour le dire tout simplement: impossible d’accéder à une vérité claire et convaincante. […]  Je sais combien nous payons cher les consolations faites d’ignorance. Nous leur donnons notre sang, notre âme, notre cœur pour qu’elles puissent continuer de nous leurrer. […]. Nous avons perdu la mémoire du sacré et nous ne savons plus écouter la parole – ne pas le reconnaître, voilà le pessimisme et la détresse. Oui, nous avons perdu la garde du tout-autre qui, seul, délie. Or, de cet évènement, nous refusons de prendre vraiment la mesure alors qu’il est notre seule planche de vie. Nos discours habituels sur la « sécularisation », le « désenchantement », la « crise du monde moderne » sont bien trop courts. Nous refusons de vivre à la hauteur de l’évènement.

La philosophie de Charles.

Arnaud Genevois

  05/08/2009

Bonjour, j’espère que vous lirez ce commentaire posté avec retard, mais je découvre juste dans le livre de Mark Sedgwick, “Contre le monde moderne” (2004, Dervy, 2008, pour l’édition française), une histoire des mouvements traditionnalistes (Guénon, Evola…), que le Prince Charles, sans être lui-même un traditionnaliste de stricte obédience (Sedgwick le qualifie plutôt d’emersonien, jungien et antimoderniste, p. 280), est familier de longue date de cette famille de pensée, qu’il aurait découvert via son ami (et mentor, comme on dit dans ces cas-là), Sir Laurens Van Der Post (lui-même disciple de Jung).
Ce qui se retrouve aisément dans le discours que vous citez, et qui expliquerait par ailleurs, toujours selon Sedgwick, que le Prince Charles soit nettement plus ouvert à l’Islam, si important pour les traditionnalistes (Guénon, Schuon…), que les élites britanniques. Il a ainsi fondé la Temenos Academy, qui explore les savoirs traditionnels et notamment islamiques, et qui accueillit entre autres le célèbre traditionnaliste iranien Seyed Hossein Nasr (http://en.wikipedia.org/wiki/Seyyed_Hossein_Nasr), et fait du lobbying anti-moderniste dès qu’il peut - ce que les journalistes britanniques ne prennent pas vraiment au sérieux, y voyant ou feignant d’y voir une “manie”.

Cordialement !