Ilker de Paris
23/10/2008
Nous sommes en Europe plus protégés qu’aux Etats-Unis où les gens sont, pour le coup, plus aux prises avec la réalité, ainsi une dégradation économique est plus rapidement perçue.
Personnellement, le grand changement aux Etats-Unis n’est pas vraiment le retour d’un sentiment de peur mais la naissance d’un sentiment de désespoir qui est le produit du sentiment de n’être plus en phase avec la réalité, de n’avoir plus raison, de n’être plus libre, plus souverain ou maître (de son propre destin comme celui des autres, ce qu’on appelle l’hégémonie), le désespoir c’est l’impossibilité d’agir.
Les Etats-Unis sont le pays, au moins en croyance, de la liberté, d’une promesse d’avenir meilleure, de la positivité, du progrès qui à leur tour reposent sur les puissances économique, technologique qui valident cette croyance, or, avec l’effondrement systémique que l’on vit, l’horizon s’obscurcit parce que les bases de la capacité d’action sont sapées, ainsi lorsque la légèreté est remplacée par la lourdeur, le nouveau par la routine, le succès par l’échec, la liberté devient fatalité et le sentiment de désespoir se développe.
De plus avec un Président comme Bush qui au lieu de se sacrifier, qui permettrait de créer une rupture avec la l’échec, le fiasco vécus, continue d’affirmer avec un air béat qu’il avait raison, qu’il représente je ne sais quel Axe, il devient alors difficile de “s’en sortir” pour les Américains. Ce président qui ne cesse de parler de “liberté” a réussi ce tour de force d’enfermer la société américaine : c’est ce qui arrive lorsque la parole n’est pas en phase avec la réalité, et que vous chez Dedefensa dénoncez, je crois, comme “virtualisme”.
Cette situation est peut-être analogue avec celle de 1929 avec la “grande dépression”, que nous vivons actuellement avec beaucoup plus de force, car le système libérateur est devenu liberticide, ainsi un nouveau départ américain imposerait une mise en cause du système néolibéral qui a échoué, pour être remplacé par quoi ? En tout cas, Obama, qui dans sa campagne parle de “changement” ce qui est significatif, est plus apte à apporter des réponses, que McCain qui n’a pas compris la gravité, ni pris la mesure de la crise que vivent les Etats-Unis.
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