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Je suis particulièrement ravi de relire cet article( et cela dit en passant, j’avais eu l’idée de vous le proposer lorsque je l’ai lu une première fois sur le site de re open).
Et cel pour les convergences de points de vue qui y apparaissent.

Est-ce que Laurent Fabius ou François Hollande ont fait Normale Sup ? Du tout. Le premier a fait Sciences Po puis l’ENA. Le second a fait HEC puis l’ENA.

Aussi, il y a quelque chose que je ne comprends pas dans cette tirade contre la rue d’Ulm : ni Polytechnique ni l’ENA n’ont jamais eu leur adresse rue d’Ulm. La rue d’Ulm, c’est Normale Sup, et Normale Sup c’est cette institution qui a donné à la France plusieurs médaillés Fields, l’équivalent du Prix Nobel pour les mathématiciens.

Plus curieux encore, si les gens ont souvent entendu parler de l’ENA, de HEC, ou de Polytechnique, très peu connaissent l’existence des autres écoles, et plus rares encore sont ceux qui parleront de la rue d’Ulm qui ne peut désigner qu’une seule école : Normale Sup.

De plus, pourquoi regretter cette belle époque d’il y a cinquante ans où on était nettement plus intelligent avec un certificat d’études qu’en sortant de la rue d’Ulm aujourd’hui ? Laurent Fabius aussi bien que François Hollande ont eu précisément leur certificat d’études il y a cinquante ans ! La même belle époque où selon vos dires un honnête certificat d’études suffisait à caractériser une intelligence brillante !

“il y a déjà longtemps que je peaufine l’aphorisme selon lequel les Grandes Ecoles fabriquent des crétins d’autant plus grands qu’elles sont plus cotée” dites-vous ? Et pour faire bonne mesure, vous avez attaqué la plus prestigieuse, mais aussi la plus discrète d’entre elles, connue seulement ou peu s’en faut des seules personnes à qui il a été donné de tenter le concours d’entrée ?

Cela dit, je ne vais pas vous donner totalement tort sur le crétinisme allégué des diplômés de grandes écoles de ma génération, mais je vais toutefois nuancer le propos. Ils sont très loin d’être les crétins que vous dépeignez, ils ont même été soumis à un stress durant leurs études que vous n’avez jamais pu connaître tant la si vantée démocratisation de l’enseignement (qui a surtout permis de trouver un emploi aux bataillons de jeunes diplômés qui sont sortis de l’université dans les années 70) n’a conduit qu’à une lutte toujours plus féroce pour les premières places (et à un lâcher prise terrible pour tous ceux qui ont abandonné la lutte en cours de route, ce qu’on qualifie le plus souvent de “décrochage scolaire”).

Mais une fois leurs études terminées, après tous ces sacrifices, ils se retrouvent en entreprise ou dans les administrations sous les ordres de personnes qui sont entrées là il y a cinquante ans, qui n’ont que leur certificat d’études, qui ne sont pas forcément bêtes, ce n’est pas mon propos, mais qui refusent en tout cas catégoriquement d’admettre que ces jeunes personnes brillantes puissent avoir un regard neuf sur l’environnement au sein duquel ils vont être amenés à évoluer, et ceci pour la bonne et simple raison que dans une société de l’intelligence, la hiérarchie est censée être fondée sur la hiérarchie des savoirs.

Et s’ils veulent que leurs aînés leur accordent leur confiance, et leur permettent de gravir les échelons de la hiérarchie comme ce fut le cas de J6M Jean Marie Messier Moi Même Maître du Monde qui a su attendre d’être parvenu au sommet pour dévoiler ses ambitions mais a su jouer en attendant les parfaits crétins, eh bien il leur faut accepter de jouer les parfaits crétins. Comme, par exemple, les banquiers vautours de la toute puissante Goldman Sachs, qui excellent à jouer les parfaits crétins pour mieux plumer en beauté les pigeons rassurés par l’inintelligence de ces jeunes têtes décidément bien mal faites.