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Article : Les nuances de Poutine (et de Novosti) : lost in translation ?

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Humour poutinien (won in translation)

Michel DELARCHE

  08/09/2012

l’entretien que vous analysez (le journaliste pose ses questions en anglais, Poutine porte une oreillette pour la traduction et lui répond en russe) contient un bref passage qui apparaît à première lecture particulièrement savoureux, lorsque le journaliste lui demande s’il pourrait travailler avec Romney qui a adopté un discours très anti-russe:

Could you work with him, Sir?
VLADIMIR PUTIN: Yes, we can.

En fait, la réponse originale en russe est moins humoristique (et plus “matter-of-fact”.)
Ici, Poutine dit simplement “smojim”: “nous pourrons” (présent perfectif à valeur de futur)

PS: l’original des réponses de Poutine en russe est disponible sur Youtube, et si vous les écoutez attentivement vous vous rendrez compte que la traduction est à la fois résumée et fréquemment déformée; par exemple quand vous lisez:

I am not sure that our partners are ready for this kind of cooperation.

Poutine dit simplement qu’il ne sait pas (nie znaiou”) la traduction anglaise ainsi déformée surexprime un sentiment négatif qui ne figure pas dans l’original.

Et maintenant par la voix d'Al Qaïda

David Cayla

  14/09/2012

Debkafiles nous apprend que le nouveau patron de la nébuleuse terroriste Al Zawahiri a personnellement ordonné l’assassinat de l’Ambassadeur américain Stevens, ce qui est déjà une nouvelle intéressante en soi.

Mais il y a plus fort encore. On peut lire sur IRIB que le même Al Zawahiri a appelé de son côté tous les musulmans à soutenir les rebelles syriens pour chasser le président Bachar Al-Assad du pouvoir, ce qui n’est pas une surprise en soi. C’est la suite qui est véritablement saisissante.

“Dans un enregistrement sonore diffusé sur Internet à l’occasion du onzième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, le médecin égyptien a expliqué que la chute du dirigeant syrien permettrait de battre Israël. Il a par ailleurs reproché aux dirigeants musulmans du Moyen-Orient et d’Asie de ne pas soutenir la cause d’un islam politique, reprochant particulièrement au nouveau président égyptien, Mohamed Morsi, de ne pas avoir dénoncé le traité de paix israélo-égyptien de 1979. Al-Zawahiri soutient que les États-Unis appuient l’actuel président syrien parce qu’ils redoutent l’émergence d’un nouveau régime islamiste susceptible de menacer leur allié israélien.”

On pourrait ergoter à l’envie sur les mystérieuses motivations qui poussent Al Qaïda à nous faire part ouvertement et avec une telle régularité de ses sombres desseins les plus secrets, mais peu importe. On pourrait également ergoter à l’envie sur le fait que les médias relaient les dépêches d’Al Qaïda sans jamais questionner leur paternité (tout comme elles relaient les dépêches de l’OSDH sans jamais s’interroger sur les surprenants ressorts qui permettent à une personne tenant seule une boutique de fringues d’abattre le boulot d’une agence de presse en ne disposant que d’un antique téléphone portable, pas même une tablette avec grille-pain incorporé), mais puisque dans nous évoluons dans un monde régi par la communication, eh bien soit ! Tenons-nous en là.

Al Qaïda, donc, nous fait part de son grand plan pour le Moyen-Orient qui vise rien moins qu’à prendre en mains la Syrie toute entière une fois Assad tombé, ce qui ne saurait bien entendu tarder, après évidemment avoir circonvenu dans la foulée les autres groupuscules révolutionnaires. Ils sont tellement sûrs de leur fait, les bougres, qu’ils se permettent d’ailleurs de nous annoncer le programme à l’avance. Et pour faire bonne mesure, et achever de nous convaincre qu’ils ne plaisantent pas, ils ont liquidé la veille de cette annonce tonitruante (quoique relayée plutôt silencieusement par nos médias) le proconsul américain en Libye (pardon, on dit encore ambassadeur).

Si les forces combattantes d’Al Qaïda sont une réalité, je nourris davantage de doutes sur l’identité réelle des têtes pensantes de cette nébuleuse terroriste, mais encore une fois, peu importe. Il y a une réalité, issue certes de la communication, qui est que Al Qaïda se sent désormais suffisamment forte pour annoncer rien moins que la destruction d’Israël par ses soins une fois que la Syrie sera tombée entre ses mains, et qu’elle le sera assurément si on la laisse parvenir à ses fins, ne serait-ce qu’en continuant de soutenir l’Armée Syrienne Libre, dont on sait par ailleurs à quel point elle a été noyautée par Al Qaïda. Peu importe finalement. La seule chose qui compte dans l’histoire, c’est que Al Qaïda peut être sacrifiée, coupée de tout soutien logistique en Syrie (à charge pour les forces de Assad de les éliminer).

S’ils avaient emporté la victoire, évidemment, comme ce fut le cas en Libye, on se serait pincé le nez en déplorant le manque de présence de forces authentiquement démocratiques. Là...