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Article : Les tristes records de dedefensa.org

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Les records sont partout

Natacha

  24/05/2013

Cher Philippe Grasset, les dieux ne sont peut-être pas préoccupés de votre sort, mais j’ose croire que les lecteurs de Dedefensa le sont, j’espère autant que je le suis, et qu’ils contribueront, par leurs dons, à entériner leur soutien à votre site. Pour ma part, c’est une heureuse coïncidence qui m’a amené à lire vos articles, après un surf aléatoire sur internet, de page en page, et m’a fait découvrir votre site, à contre-courant du mode de pensée en mode turbo, et je l’ai apprécié dès le premier instant. Souvent, le soir, je retrouve vos dernières contributions, et je les savoure. Parfois, le cerveau trop déconnecté après les heures de travail dans ce monde virtuel rempli de symboles et de concepts abscons, il me faut alors relire les phrases pour en saisir la substance, et souvent avec peine: mais c’est alors ce qui me plaît le plus, l’exigence de votre verbe, auquel nous ne sommes plus vraiment habitués en ce monde de pensée facile, et l’effort que cela exige. Sans doute allez-vous me trouver terre à terre, mais peu de personnes peuvent se targuer d’appréhender sans difficultés les concepts et les hypothèses que vous maniez avec tant d’aisance. Ma vie “d’immigrée” en Belgique (immigrée proche: la même nationalité que vous), c’est beaucoup de virtualisme dans le cadre de mon travail, et certains moments de loisirs avec d’autres “immigrés” au bagage culturel assez limité, occupant des emplois boudés par les autochtones, communiquant grâce à des langues communes (français ou anglais, mâtinés de langues slaves) avec un vocabulaire plus que restreint, exprimant leurs sentiments et leurs espoirs en quelques mot bâclés, sans grammaire et sans orthographe, mais avec une grande chaleur qui éclaire ma vie. Et ces gens-là existent avec leurs tripes et leur cœur, et emplissent le mien de joie, tout autant que la lecture de vos articles.
Pour en revenir à l’essence de votre message, vous écrivez que votre rubrique pour la donation mensuelle ne suscite plus beaucoup de réactions, et que celles-ci sont “restrictives mais très bien attentionnées à notre égard” et suggèrent que cet exercice mensuel est inutile voire contre-productif si non teinté d’humour ou de légèreté. Pour ma part, j’ai beaucoup d’intérêt à suivre ces messages, qu’ils soient inspirés ou non, car Dedefensa est propulsée par votre esprit, votre verve et votre énergie, et cette rubrique mensuelle en est (à mon avis) le pouls, qui nous renseigne sur l’état de vos finances. Dans notre monde, on ne peut pas maintenir un site internet digne de ce nom sans l’or vil, et vos messages ont le mérite de le rappeler. D’ailleurs, vous parlez ici de rubrique, mais à mon avis cette rubrique pour la donation n’est autre qu’une chronique. En ce sens, on pourrait même, en exagérant à l’extrême, oser un rapprochement sémantique: la rubrique pour la donation mensuelle est un peu comme une piqûre de rappel révélant la maladie chronique de la fin du mois, cette fin de mois où toutes les interrogations, toutes les angoisses sont permises. Sous cet angle, Dedefensa n’échappe pas à la trivialité des cycles, comme n’importe quelle autre “entreprise” (ou n’importe quel autre ménage pour le rapprocher d’une situation plus individuelle). Et c’est à ce moment critique et chronique, que le soutien des lecteurs s’avère crucial. L’un des problèmes qui pourrait se poser, c’est si le lecteur “lambda” de Dedefensa, dans sa propre vie, se retrouve concerné lui aussi par sa propre fin de mois. Dans mon cas, ce n’est pas la mienne propre qui a empêché un soutien plus abondant, mais il s’agit plutôt des fins de mois d’autres personnes de mon entourage, si chères à mes yeux que la volonté de les aider a affaibli mes moyens de donation pour le site. Je ne peux pas affirmer que cette situation s’applique à tous les lecteurs qui soutiennent Dedefensa, mais l’effondrement dont vous parlez dans l’article reste sur un plan psychologique, alors même que dans ma vie je vois également, autour de moi, un effondrement pécuniaire, à travers mes proches qui traversent les étendues désertes du chômage, ou de longues maladies les laissant sur la paille, autant d’épreuves personnelles qui m’incitent à passer à l’action en les aidant dans leurs démarches administratives et également à ouvrir mon portefeuille, ne serait-ce que pour obtenir un sursis temporaire de leur situation. Simplement je ne peux rester les bras croisés, à regarder mes amis se débattre pour chaque fin de mois.
Bien entendu, je souhaite être “actrice” et aider Dedefensa autant que possible, et ces derniers temps, mes donations sont sans doute limitées, voire épisodiques, mais ma solidarité, d’esprit et de cœur, vous est toute acquise. Et je comprends que vos fins de mois, tout comme celles de mes proches, ne sont pas roses.
Tout cela pour vous dire: s’il vous plaît, continuez, autant que vous le pouvez. Et comme le diraient mes amis, děkuji moc, благодаря много, dziękuję bardzo, merci beaucoup, car vous apportez aux lecteurs bien plus que des textes: votre engagement.