Lambrechts Francis
09/06/2007
... Vingt-deux ans ont passé depuis qu’ont surgi les premières accusations, en octobre 1985, du versement d’une commission aux Saoudiens en échange du plus gros contrat de vente d’armes jamais signé par le Royaume-Uni. Depuis, tous les gouvernements qui se sont succédé à Londres ont nié l’existence de tels pots-de-vin, invoquant la sécurité nationale et le secret d’Etat.
... Le versement présumé de ces pots-de-vin au prince saoudien a été découvert grâce à une enquête du Serious Fraud Office (SFO, Bureau des fraudes graves), suspendue en décembre dernier sur ordre de lord Goldsmith, l’Attorney général du Royaume-Uni [le plus haut conseiller juridique du gouvernement].
... Les prétextes ne manquent d’ailleurs pas pour les champions du pragmatisme. BAE est un fournisseur officiel du Pentagone, et les ventes aux Etats-Unis représentent 42 % du chiffre d’affaires du groupe.
... Votée en 2002, la législation anticorruption britannique n’a donné lieu à aucune poursuite.
Aux Etats-Unis, le Foreign Corrupt Practices Act a permis de nombreux procès. Or BAE s’est engagée depuis 2000 à respecter les dispositions de cette loi interdisant le versement de commissions à des responsables publics étrangers en vue de l’obtention d’un marché.
Des pressions croissantes pourraient bien inciter le Congrès américain à ouvrir sa propre enquête sur BAE, d’autant plus que le prince Bandar est un proche de la famille Bush. Idem en Suisse et en Suède, deux pays qui ont conclu des affaires avec BAE et où la justice est moins facilement découragée.
... qui sommes-nous pour faire la leçon à l’Afrique sur la lutte contre la corruption ? ( 2007-06-09 The Guardian, http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=74756 )
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