jc
02/04/2020
Thom a fait une carte légendée du sens¹ sur le mode de la carte du tendre. On y trouve:
"Cela donne une idée assez précise du rôle du langage comme support de ce que Heidegger appelle le souci. Il dit que l’existence est liée au sentiment d’inquiétude, au besoin que nous avons de réagir au danger qui nous menace. C’est peut-être une présentation trop concrète pour un métaphysicien, mais c’est assez réel. Le logos existe seulement dans cette zone où règne le danger, mais celui-ci peut être conceptualisé, et donc traité en fonction de connaissances antérieures et, du même coup, neutralisé."
PhG: "... jamais une telle tension ne s’est abattue sur le monde (...) qui (...) nous pousse à hurler, à délirer, à explorer des voies insensées et diverses ..."
Pour aider à conceptualiser le danger qui nous menace, on peut essayer de se représenter en image, de s'imaginer la situation actuelle et son évolution comme un col aplati en plateau, encadré comme il se doit par des sommets et des vallées. Les gens et les idées qu'ils véhiculent courent dans tous les sens sur le plateau. Mathématiquement l'idée de plateau renvoie à celle de faible gradient, de marais altimétrique, comme en météo il y a des marais barométriques. Toujours mathématiquement cela signifie qu'on est tout proche d'une singularité (ici de la fonction altitude). Cette singularité peut être un col simple à deux vallées (de ceux qu'on rencontre habituellement) ou plus compliquée comme un col en selle de singe à trois vallées, ou plus compliquée encore. Ce plateau-col donne une image du point de bifurcation de l'histoire de notre civilisation dans lequel nous sommes. Le peuple français doit choisir sa vallée (on va toujours vers les vallées, dont les fonds sont stables, et jamais vers les sommets, singularités instables.
Puisque "les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés", on peut faire l'analogie avec une situation biologique. Que fait un animal dans une situation analogue²? Il suit le chemin qui minimise sa douleur et accroît son plaisir, c'est ça le critère qui guide son choix de vallée, qui est très souvent celle où il a repéré une proie. Le peuple français, qui a un souci (cf. la citation initiale), va très vraisemblablement réagir. Quelle vallée va-t-il choisir? S'il n'a pas d'autre idée, par exemple, une (ou plusieurs) idée(s) de nouvelle organisation sociale, il me semble inéluctable qu'il se cherche une proie, c-à-d un bouc émissaire à la Girard, pour moi tout trouvé. Mais les idées d'organisation sociale -je suppose que ça ne manque pas- ne peuvent, à mon avis, soulever les masses, ça ne se passe pas comme ça. Pour que le déclic se fasse, il faut que le peuple sache où il veut aller (l'équivalent de la proie pour l'animal), c'est-à-dire qu'il lui faut se trouver une cause à défendre, une cause finale. Dès qu'il s'en sera trouvé une, alors je suis convaincu que les choses iront très vite (comme l'animal qui a repéré une proie et qui fond sur elle). Car c'est la fonction qui crée l'organe (c'est-à-dire l'organisation dans le cas des sociétés).
"Le logos existe seulement dans cette zone où règne le danger, mais celui-ci peut être conceptualisé, et donc traité en fonction de connaissances antérieures et, du même coup, neutralisé."
Ai-je rassuré? (J'ai oublié de rappeler que pour Thom les sociétés ont un psychisme comparable au psychisme animal (qui réagit essentiellement à la faim, à la peur et au sexe).
¹: http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41
²: Je rappelle que pour Thom les sociétés ont un psychisme comparable au psychisme animal (qui réagit essentiellement à la faim, à la peur et au sexe.
Olivier le verseau
02/04/2020
Le monde du spectacle en phase « hystérique »
Le monde est spectacle permanent .Il suffit de s’asseoir, regarder et écouter.
Sans passion. Sans affectivité.
Les discours de Trump et ses acolytes.
Le Macron et son panache.
Les journaleux et journaleuses
et tout les restes en mode "turbo"...
Il se produit souvent chez l'auditeur, le lecteur, pourtant averti,comme une sidération, une prostration.
Chaque seconde sur la planète est ponctuée d'une annonce morbide.
Le temps du présent infini est advenu.
Il est vrai que l'apocalypse a ses peintres et que la toile est prête…
Et moi dans mon petit reculé de la France profonde, je me demande à quelle sauce je vais être dégusté ou comment je vais pouvoir m'échapper de la marmite bouillonnante du Système en fusion ?
Dans ces cas là on dit que Dieu reconnaît les siens…au diable donc les autres! (rires en coulisses)
jc
03/04/2020
Il y a dans AL un article intitulé "La notion de programme en biologie" pp.141 à 161. Licité par ma citation thomienne favorite, il est très tentant de le lire (ou le relire) en remplaçant "biologie" par "sociologie". Je reproduis ici le fragment¹ du paragraphe "Du bon usage des catastrophes!" qui traduit en langage thomien la métaphore de mon précédent commentaire;
"Resterait à s'expliquer l'inventivité manifeste dont a fait preuve, à diverses reprises, l'évolution biologique. Il faut penser que la plupart des innovations -apparentes- sont dues à des déformations, des plicatures de caractéristiques organisatrices comme dans l'exemple ci-dessus. qu'une telle structure devienne instable [configuration en plateau-col] (pour des raisons internes ou externes), elle aura tendance à explorer tout son environnement fonctionnel (au sens mathématique et biologique à la fois), et dans cet ensemble de virtualités, elle adoptera celle qui semble la plus prometteuse."
¹: Je reproduis ici le fragment "lamarckien acquis->inné" qui le précède immédiatement:
"Comment expliquer ce processus d'apprentissage [des configurations désirables, prégnantes selon la terminologie thomienne]? Un darwinien orthodoxe dira que seuls subsistent les systèmes pour lesquels cette adaptation est suffisamment réalisée… Mais chez les animaux supérieurs, nous savons parfaitement qu'il y a apprentissage par l'affectivité, les choix malheureux conduisent à la douleur, les choix heureux au bien-être. À la sélection par la mort a succédé la sélection par l'affectivité. L'affectivité peut donc être vue comme une rétroaction du flux final ramifié sur la dynamique de commande des pré-programmes. Et je n'ai jamais compris pourquoi ces effets de rétroaction ne pourraient être transmis héréditairement (au niveau des modes de stimulation du génome, sinon sur la composition de l'ADN lui-même), ce que nie la biologie moléculaire classique."
Schlachthof 5
03/04/2020
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