mhb
15/02/2005
Il semble y avoir effectivement un effort en cours pour “transformer” la situation irakienne qui consisterait a admettre la “politisation” du probleme en entamant des “negociations” avec la branche politique d Al Quaeda (si elle existe !!) et des autres groupes insurges .
C est tout au moins une idee qui commence a faire son chemin dans les think tanks (avant de s incruster par le processus bien connu de la manipulation des medias et de la mise en condition des groupes politiques occidentaux)
Cet article doit etre pris pour ce qu il est, c.a.d plus une preparation “de nouveaux concepts” - et apparemment acheve remarquablement son but.
Car si on relit un peu l histoire qui a suivi la projection du film et surtout l identite des instigateurs de cette projection en 2003, on s apercoit quer la raison principale de l interet du film a l epoque par les “specialistes” qui l ont alors vu et etudie avait plus avoir avec les “lecons” d O - qui lui aussi etait “conseiller” de Fort Bragg - et s est toujours rendu disponible pour relater son experience dans cette fameuse nataille.
C aurait peur etre ete moins sanglant si au lieu de commencer par le “Methode d’O” les lecons de Trinquier avaient ete etudiees en premier.
C est ce que Richard Sale ne dit pas car ce serait encore remettre sur le tapis la question de la torture qui comme chacun sait est un tres mauvais livre de Henri Alleg qui heureusement a ete supprime
en son temps et ne fait pas partie des lectures du Pentagone.
Amazigh
16/02/2005
Quelques précisions à propos du film “la Bataille d’Alger”
1) Le réalisateur est bien Gillo Pontecorvo. Mais l’âme du film, à la fois acteur principal du film et co-scénariste est Yacef Saadi, chef de la Zone autonome d’Alger et à ce titre responsable des opérations militaires ;
2) Le bon général Aussaresses a été envoyé par Pierre Messmer alors ministre de la Défense, porter la bonne parole de la lutte antiguerrilla aux forces speciales américaines à Fort Bragg en 67. Le livre de Trinquier y a bien été étudié. Cerise sur le gâteau, le film de la Bataille d’Alger y a été projeté par le même Aussaresses quelques mois après sa sortie aux gens de Fort Bragg.
3) Un principe de la guerrilla qui a été ignoré est celui-ci : “Frapper le traître avant de frapper l’ennemi”. Ce qui explique les “exactions” commises par le FLN contre sa propre population. N’ayant pas de relais au sein de la population, l’ennemi voit ses sources de renseignements et de “séduction” taries.
4) La guerre de guerrilla est d’essence politique. Trinquier l’avait compris. Il avait compris aussi qu’une victoire militaire est absolument inutile. Si le bras armé du FLN a été vaincu militairement, la tête politique - le GPRA, gouvernement provisoire de la république algérienne, en exil à Tunis - lui, se portait comme un charme et était l’interlocuteur exclusif des autorités françaises. Le FLN avait pris soin soit d’éliminer ses concurrents (MNA de Messali, Bellounis) soit de les “absorber” (Centralistes du MTLD dissident, une partie agissante du parti communiste algérien).
5) Le terrorisme - surtout urbain - en tant qu’instrument de lutte est l’arme du pauvre. Les réseaux de poseurs de bombes à Alger étaient constitués essentiellement de femmes qui utilisaient des couffins et autres sacs à main pour transporter les bombes. Ainsi, quand on demanda à Larbi Ben M’Hidi (dirigeant du FLN arrêté en 57 par Aussaresses et pendu par ses soins) pourquoi il utilisait cette tactique il répondit : “Donnez-nous vos avions, nous vous donnerons nos couffins”.
6) La mise en place de réseaux contre-terroristes pour étouffer un mouvement de guerrilla est inopérante ou a une portée limitée si les têtes politiques qui inspirent cette guerrilla restent à l’abri. Toujours en Algérie, mais lors de la décennie de terrorisme islamiste, les militaires algériens ont créé et inspiré des réseaux islamistes Canada Dry destinés à créer des dissidences et de la surenchère au sein des groupes authentiquement FIS ; mais surtout, ils ont ciblé en priorité les dirigeants politiques de ces groupes qu’ils ont soit purement et simplement assassinés soit mis sous étroite surveillance à l’étranger pour ceux qui s’étaient exilés, soit “retournés” pour ceux qui avaient goût pour le pouvoir et l’argent.
MHB
16/02/2005
L auteur de l introduction du livre de Trinquier (Bernard Fall) etait aussi un “adviser” a Fort Bragg mais a rapidement ete remercie pour ses “explications” qui ne correspondaient pas a ce que la “direction” voulait entendre.
Auteur de “La rue sans joie” Bernard Fall, toujours a la recherche de “l explication” est mort dans l explosion d une mine sous sa jeep dans la campagne vietnamienne.
Un brillant analyste de la situation il etait devenu un personnage embarassant par ses explications du conflit qui ne concordaient pas avec la politique suivie et considere comme trop “gauchisant” par certains. Meme ses meilleurs amis sur place quii etaient sensibles a ses “explications: n ont pu lui assurer son poste a Fort Bragg.
Retrospectivement c est bien dommage.
Amazigh
16/02/2005
Je rebondis sur le commentaire de mhb concernant l’approche politique du problème irakien par des “négociations”. Pour négocier, il faut d’abord un (des) interlocuteur(s) et une plate-forme politique. Les deux manquent en Irak ou plutôt non, ils n’en manque pas, il y en a trop !
Puisqu’on faisait un parallèle entre l’Algérie et l’Irak, restons-y un instant. Dans les premiers mois voire les deux premières années qui ont suivi le déclenchement de l’insurrection en Algérie, les autorités françaises avaient le plus grand mal a identifier “l’ennemi” soit pour l’abattre soit pour négocier avec lui. On a dit les pires âneries à l’époque : certains voyaient Nasser derrière les insurgés, d’autres les communistes, et les plus allumés (Bigeard) parlaient de croisade pour sauver l’Occident chrétien. Le FLN était pourtant parfaitement identifiable et ses instances dirigeantes et exécutives parfaitement connues puisqu’elles s’exprimaient “publiquement” (Tunis, Rabat, Le Caire, Bandoeng) et leurs revendications s’en tenaient à la proclamation du 1er novembre 1954 et aux décisions du Congrès de la Soumma (Août 1956) sans jamais varier d’un pouce jusques y compris lors de la négociations des Accords d’Evian. Cela n’a pas empêché les autorités françaises et les Français d’Algérie de s’aveugler, de s’auto-intoxiquer et de fabriquer leurs propres leurres.
La même pagaille a joué en Irak. Dès les premières escarmouches, les diverses tentatives d’identification de l"ennemi” ont donné lieu aux pires élucubrations. La confusion règne jusqu’à maintenant et la “résistance irakienne” se garde bien de dévoiler ses tenants et aboutissants contrairement au FLN algérien. Alors, pour simplifier, on regroupe tout sous la même étiquette de “Terroristes” ou, quelle bénédiction ! - Al Qaida et ce providentiel polichinelle de Abu-Musab el-Zarqaoui dont on agite la marionnette opportunément (1er siège de Falluja avril 2004, 2e siège de Falluja novembre 2004, et veille des élections américaines). Ayant déjà du mal à trouver qui combattre ou séduire, on a encore plus de mal à trouver un scenario de guerre psychologique pour contrer la guerrilla et gagner la bataille des “Hearts and Minds”. Une vraie pétaudière que l’entrée en scène prévisible des dissidents Chiites de Sadr et les milices pro-américaines qui sont en train d’être constituées pour contrer les Chiites “légitimistes” de Sistani, va singulièrement compliquer. Mais qui a dit que l’Orient était simple ?
mhb
18/02/2005
Je presume que dans quelques annees on se retrouvera dans ces memes colonnes et on epiloguera sur Fallujah et la Bataille d Alger. Toutefois, en ce qui concerne l identite des interlocuteurs en Irak il faut quand meme remarquer qu en Algerie il y avait une difference entre le FLN, le GPRA, les Messalistes, les Kabyles et quelques autres aspirants.
C est tout au moins ce que je crois me rappeler de cette epoque trouble (et d une lecon rapide avec le jeune Hernu) et si leurres il y avait, les methodes brutales et expeditives employees des deux cotes - et visant les tetes - prefiguraient les seules lecons eventuellement retenues par Fort Bragg: d ou le Programme Phoenix ... et ses consequences.
Et la mise a la porte de Bernard Fall.
En revennt sur les lecons-apprises du passe il semblerait qu a Fort Bragg (qui se pose toujours en ecole professionnelle) on ait tente d ameliorer le systeme: d abord Shock and Awe et ensuite balkanisation.
Retrospectivement (que personne ne prenne ombrage de la suite qui bien sur est une extrapolation farfelue) alors que la France a quitte l Algerie (et garde le couscous) on peut se demander si l action militaire aupres des populations n aurait pas du etre menee en conjonction avec une balkanisation du pays. La triste histoire de l apres-guerre depuis 1962 n en aurait peut etre pas ete pire et l evolution aurait peut etre pu se faire dans un respect des groupes ethniques ... ou politiques.
Mais evidemment cela est de l utopie pure et simple.
En ce qui concerne l Irak il apparait bien evident que l implosion de la Yougoslavie ait ete une lecon rapidement apprise ... et qui peut servir de modele ....: il suffit de reflechir un peu et les war-games sont la pour ca (ils coutent assez cher pour meriter d etre utilises).
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