jc
21/09/2019
Je suis content de lire les propos d' Alastair Crooke concernant l'empathie, propos repris par PhG, car c'est la définition que Thom donne de l'intelligence: "L'intelligence est la faculté de s'identifier à autre chose, à autrui". C'est une définition limpide (et il est intéressant de la confronter à celle de Wikipédia).
L'empathie se décline en sympathie (le chat, prédateur a de la sympathie pour la souris) et en antipathie (la souris, proie, a de l'antipathie pour le chat). Je crois qu'il faut qualifier cette empathie de basique, car partagée par l'homme avec une bonne partie des animaux.
Voici comment Thom voit le fonctionnement du psychisme pour les animaux tels que le chat. Selon Thom le cycle de prédation (Thom parle de lacet de prédation) se déroule comme suit. Au début du cycle le chat est repu: il est au repos et il est lui. Puis vient l'appétit, choc affectif qui e déforme la figure de régulation du moi du chat, choc affectif qui a pour effet de décentrer son "moi" sur une souris virtuelle (il se met virtuellement dans la peau d'une souris, il est virtuellement sa proie car il désire plus sa proie que lui-même), et qui déclenche une action réflexe, celle de se mettre en quête d'une souris réelle. Lorsqu'il la perçoit par l'un de ses sens (deuxième choc affectif) il la prend en chasse puis le choc affectif de la capture déclenche une cascade d'actions réflexe (ingestion, digestion, somnolence, endormissement, rêve, puis réveil par la faim) qui bouclent le cycle. Thom associe ce cycle à la catastrophe "fronce". Mais il y a une autre sorte d'empathie (déclinée en principe en sympathie mutelle chez les humains), c'est l'attirance sexuelle, beaucoup plus complexe, que Thom associe aux catastrophes "ombilic" (elliptique, hyperbolique et parabolique¹).
J'ajoute que, toujours pour Thom, le psychisme de toute société, considéré comme une entité -c'est-à-dire suprahumainement pour Guénon, cf. le chapitre "Principe d'individuation" de "Le règne…"-, est celui d'un animal. En fait c'est en partie pour souligner ce point que j'ai détaillé le cycle de prédation animale selon Thom (l'autre partie étant de faire ressortir les "mots-clé" "catastrophes thomiennes" et "choc affect qui déforme la figure de régulation du "moi" du chat): la plus belle civilisation humaine reprend très vite ses réflexes animaux si ses besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits (famine par exemple). Peut-être le cycle traditionnel des civilisations décrit par Guénon s'explique-t-il par analogie avec le cycle de prédation décrit ci-dessus? Un psychisme pour les civilisations?
Citations thomiennes complémentaires:
1: "C'est la faculté pour l'observateur de se mettre dans la peau des choses qui serait à l'origine des grands progrès scientifiques."
2: "Le dédain pour la théorie qui se manifeste dans les milieux d'expérimentateurs a sa source dans l'attitude analytique-réductionniste ; or pour découvrir la bonne stratégie, il faut s'identifier à l'un des facteurs permanents du système. Il faut en quelque sorte entrer « dans sa peau ». Il s'agit là presque d'une identification amoureuse. Or comment pourrait-on aimer ce qu'on a, préalablement, cassé de manière irréversible ?
Toute la science moderne est ainsi fondée sur le postulat de l'imbécillité des choses."
Je suis tous les jours un peu plus convaincu que la véritable intelligence c'est effectivement l'empathie. Il importe selon moi prioritairement de faire évoluer l'éducation pour détecter les gens véritablement intelligents. Ça ne se fera pas à coup de QCM (questions à choix multiples) corrigées par une intelligence artificielle. Pour Thom, en mathématiques rien ne vaut la géométrie pour évaluer l'intelligence d'un élève: s'il est clair qu'une intelligence artificielle est capable d'évaluer l'aptitude d'un élève à l'algèbre élémentaire, je ne suis pas du tout convaincu qu'il en aille de même pour la géométrie.
Thom: "C'est parce que la mathématique débouche sur l'espace qu'elle échappe au décollage sémantique créé par l'automatisme des opérations algébriques."
Quant à évaluer la véritable intelligence d'un élève en sciences du vivant, Thom en doute très fortement:
"Rien de plus facile que de concevoir une machine qui calcule, voire même qui pense, qui médite. Mais une machine qui souffre et qui jouit, ça c'est tout à fait impossible à imaginer."
Remarque pour le fun: François Cavanna, rédacteur en chef de "Charlie" (ou "hara-kiri"), ayant gagné haut la main, en direct à la TV, un test de QI devant un parterre de sur-diplômés répondtai à l'animateur qui lui demandait comment il avait fait: "C'est très simple, il suffit de se mettre dans la peau du con qui a posé les questions". François Cavanna avait compris ce qu'était la véritable intelligence.
¹: (Prudemment je rappelle d'abord la citation thomienne suivante: "La voie de crête entre les deux gouffres de l'imbécillité d'une part et le délire d'autre part n'est certes ni facile ni sans danger, mais c'est par elle que passe tout progrès futur de l'humanité".)
On dit parfois qu'un rapport sexuel réussi envoie au septième ciel. Un choc affectif engendre une onde de choc d'autant plus importante que le choc initial est important, onde qui se propage dans le circuit nerveux. Les tirs de bombes atomiques, par exemple sur l'atoll de Bikini, engendrent une onde de choc qui se développe sous forme du hélas bien connu champignon atomique. La septième et dernière catastrophe élémentaire est la catastrophe ombilic parabolique appelée parfois catastrophe champignon.
Thom: "On sait le rôle étendu que Freud a attribué au symbolisme sexuel (dans les rêves notamment); il faut bien admettre que si les formes géométriquement dynamiques représentant les processus sexuels se rencontrent dans tant d'objets de la nature animée ou inanimée, c'est parce que ces formes sont les seules structurellement stables dans notre espace-temps à réaliser leur fonction fondamentale comme l'union des gamètes après transport spatial. On pourrait presque affirmer que ces formes préexistent à la sexualité, qui n'en est peut-être qu'une manifestation génétiquement stabilisée." (SSM, 2ème ed. p.97)
On sait que les princes du simulacre ont détourné l'attention du bon peuple en lançant la mode du bikini. Ils n'avaient peut-être pas pensé qu'ils n'effaceraient pas ainsi complètement la trace de ces barbares essais: la catastrophe champignon est également appelée catastrophe phallus impudicus… (SSM, 2ème ed., p.190)
Romain
08/10/2019
La Lybie était peut-être la dernière (ou presque) intervention militaire directe du BAO contre un état constitué?
Déjà, l'Iran est visiblement très difficile à attaquer (les couts matériels, humains et politiques paraissent difficiles à absorber, même pour une éventuelle administration Neocon post-Trump). Au-delà, les pays militairement de 3ème plan comme le Venezuela deviennent aussi plus difficiles à attaquer grâce aux alliances naturelles des pays menacés avec la Russie ou la Chine. Qui reste-t-il qui vaille une campagne militaire directe et que les USA puissent attaquer en paix ? Quelques pays d’Afrique, du Pacifique ou d'Amérique du Sud ?
Même les stratégies de déstabilisation par proxy (tentée en Syrie avec le succès que l’on connait) ne devraient pas pouvoir fonctionner dans beaucoup de pays (type Myanmar ou encore Venezuela) car la méthode est désormais connue et la Russie et/ou la Chine interviendraient très probablement. D'ou cette douce hypothèse, la Lybie était-elle la dernière?
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