Martin Gaël
19/01/2009
A propos de l’Etat d’Israel se laissant bouffé par les mafias, il faut lire Programmer le désastre et la stratégie du choc. l’un est de michel warschawski et l’autre de naomi klein.
On comprend mieux ce qu’il se passe actuellement là bas.
Dedef
20/01/2009
(article de l’hebdomadaire financier américain Barron’s) | JDF HEBDO | 03.01.2009 | Journal des Finances n° 6318 Barron’s
Il y a dix ans de cela, les soupçons de James Hedges .
En 1997, il a rencontré Bernard Madoff à New York.
Barron’s : Vous avez naguère décliné une possibilité d’investissement dans le fonds de Bernie Madoff. Qu’est-ce qui vous posait problème ?
Jim Hedges : Je suis allé rencontrer Madoff en 1997, et j’ai passé deux heures avec lui dans ses bureaux. Il a eu un comportement avec moi à des années-lumière du rapport traditionnel et des genres d’accès que j’avais eus jusqu’à présent aux managers de fonds. On m’a dit qu’il était rare pour lui de s’entretenir avec quiconque pendant une telle durée de temps, et qu’il était perturbé par cette procédure. Pendant tout l’entretien il a adopté un ton froid et laconique, et n’a fourni aucune information spontanément. Il fallait lui tirer les vers du nez pour obtenir une réponse à la moindre question. Pendant tout l’entretien il est resté distrait, à regarder les gens dans la salle de marché par les vitres de son bureau.
Notez bien que j’étais venu pour faire un investissement potentiel de plusieurs milliards de dollars pour le compte de familles et d’institutions haut placées, en tant que représentant d’une clientèle d’un renom exceptionnel. S’il y avait quelqu’un devant qui déballer ce qu’il avait dans le ventre, c’était moi et pas un autre. Ce que tout ça m’a montré, c’est qu’il s’agissait d’une escroquerie, point final. Ça m’a fait une impression marquante. Année après année, j’ai averti de nombreuses personnes : « Fuyez Madoff comme la peste ! »
Qu’est-ce qui vous a déplu dans l’entretien initial?
Nous avons un questionnaire de due diligence [Ndlr : vérification préalable] dont nous nous servons comme modèle pour tout investissement. Il est important : environ 40 pages de facteurs sur lesquels nous devons être rassurés. Ce questionnaire couvre la stratégie de trading mise en oeuvre par la direction, le back-office, le mécanisme d’évaluation pour le portefeuille, les modes de rémunération du manager, le système de contre-pouvoir, les questions de gouvernance, et toute une série d’autres facteurs. Avec Madoff, nous avions à peine dépassé la page 1 que les sonnettes d’alarme se sont déclenchées. Concernant la stratégie elle-même, quand je lui ai demandé de m’expliquer sa stratégie d’investissement, quelque chose ne collait pas. Sa stratégie ressemblait à celle de Long Term Capital Management (un fonds spéculatif qui n’existe plus), où l’on dit qu’on va accumuler les gains, dans le monde entier, par le biais d’opportunités d’arbitrage. Son idée selon laquelle il allait obtenir du marché des gains gratuits, sans risque en principal, ne tenait pas debout. L’un des aspects les importants quand on investit dans un fonds est d’avoir des attentes réalistes. Le client et le manager du fonds s’en tiennent aux mêmes attentes. En voyant le taux de rendement qui était proposé, je me suis tout de suite dit que sa régularité et sa prévisibilité le rendaient trop beau pour être vrai. Je n’ai vu aucune corrélation entre la stratégie et la façon dont il distribuait les rendements. J’ai eu la sensation que les rendements semblaient, pour utiliser une expression inventée par moi-même et d’autres, « faits à la chaîne ». Que la conjoncture soit bonne ou mauvaise, un rendement caractérisé par une telle prévisibilité et par si peu d’écart ne correspond pas à la réalité.
Quels ont été pour vous les autres sujets d’inquiétude?
Je me souviens parfaitement d’avoir fait de grands gestes pendant la réunion, avant de dire - pour vous donner un chiffre approximatif, il y avait dans les 50 à 75 traders derrière sa vitre, dans la salle de marché : « Alors qu’est-ce qu’ils font ces gars-là ? » Parce qu’avant d’investir avec qui que ce soit on veut rencontrer le chef, le sous-chef, voir qui prépare le plat. J’ai essuyé un refus pour cette demande.
« Nous ne permettons jamais aux investisseurs de rencontrer nos équipes » : voilà ce que Madoff m’a dit. J’ai poursuivi : « Parlons de l’évaluation du portefeuille. Qui détient les titres ? »
Il m’a répondu : « C’est nous qui détenons les titres. » Il n’y avait pas de conservateur global, pas de courtier de premier ordre. Ca ne se passe jamais comme ça dans un vrai fonds.
Je lui expliqué que nous avions l’habitude de regarder trois à cinq ans d’états financiers audités pour les fonds.
Il m’a répondu : « On ne fournira pas d’audit. » J’étais là comme représentant d’une famille de milliardaires, alors m’entendre dire que je ne pourrais pas avoir accès à un élément qu’il était absolument correct et approprié de demander, je n’en croyais pas mes oreilles.
Et là, nous en arrivons à une question qui représente pour moi une énorme alerte rouge. On m’avait fait état d’une rumeur, à l’époque, selon laquelle il y avait 15 milliards de dollars d’actifs gérés chez Madoff. Ces actifs ont toujours été un sujet drapé d’un épais mystère. Quand j’ai posé des questions concernant ces actifs et que je me suis ouvertement fait éconduire, on était en train de quitter le domaine des alertes rouges pour entrer dans celui où on se dit : « Ce type-là a quelque chose à cacher. »
Comment est-ce possible que des consultants en fonds spéculatifs réputés, tels que Tremont Capital, aient pu soutenir des investissements dans le fonds de Madoff avec tous ces signaux d’alarme ? A quoi pensaient donc Tremont et tous les autres ?
J’étais loin d’être le seul à tirer les conclusions auxquelles je suis arrivé au sujet de Madoff. Madoff représente l’escroquerie qui s’est révélée au grand jour, avec toutefois beaucoup de partenaires complices. Ce genre de dispositif nécessite de telles attitudes. Je pense que les vérifications préalables menées à son sujet par les investisseurs étaient défaillantes, ou bien on leur a menti, à moins qu’aucune vérification n’ait été conduite, mise de côté peut-être au profit d’une relation avec un initié.
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