jc
08/02/2019
NB cite NdB (Louis de Bonald):
"« Le sol n'est pas la patrie de l'homme civilisé ; il n'est pas même celle du sauvage, qui se croit toujours dans sa patrie lorsqu'il emporte avec lui les ossements de ses pères. Le sol n'est la patrie que de l'animal ; et, pour les renards et les ours, la patrie est leur tanière. Pour l'homme en société publique, le sol qu'il cultive n'est pas plus la patrie, que pour l'homme domestique la maison qu'il habite n'est la famille.L'homme civilisé ne voit la patrie que dans les lois qui régissent la société, dans l'ordre qui y règne, dans les pouvoirs qui la gouvernent, dans la religion qu'on y professe, et pour lui son pays peut n'être pas toujours sa patrie. »
Je n'ai rien lu de NdB et donc ne connais pas le contexte de cette citation; citation que j'interprète donc comme telle.
(Droit du sol, droit du sang. Un ethnologue comme Emmanuel Todd serait intarissable sur le sujet.) Je pense au contraire de LdB que le sol fait partie intégrante de l'homme civilisé; parce qu'un homme civilisé est d'abord un homme, et parce que l'homme est d'abord un animal*. Je crois à un "effet saumon" valable pour tous les animaux, et donc en particulier pour l'homme: à la naissance une individuation qui est une séparation (coupure du cordon ombilical pour les mammifères), en fin de vie un retour à l'unité primordiale (pour moi retour à la matrie, à l'indifférenciation, à l'ambiguïté primordiale).
PhG s'est exprimé à ce sujet (la nostalgie…) -et, il me semble, en ce sens- dans la conclusion du tome II de "La Grâce de l'Histoire"** (et s'exprimera sans doute encore dans le tome III).
Je crois que ce droit à une fin de vie sur son lieu de naissance ou sur la terre de ses ancêtres, droit bafoué par la globalisation qui impose la libre circulation des capitaux et des "biens" et donc in fine la circulation forcée des individus, irait à contresens de l'actuelle déstructuration du monde, à contresens de l'actuelle contre-civilisation.
*: Thom: "Le pied est une excroissance de la terre dans l'animal."
**: p.414 et suivantes.
*: Cf. l'article "Le désenchantement de Dieu"
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