Didier Favre
18/07/2021
Ce passage sur Nietzsche me stupéfie. Il y décrit des gens se sachant bons en ne considérant que leurs sentiments. C'est la seule source de leur savoir. Cette source les rends parfaits à leurs yeux. Ils ne peuvent plus créer car ils sont parfaits et haïssent passionément les créateurs qui leur imposeraient l'existence de nouvelles idées ou objets. Ils ne peuvent plus observer la réalité car elle leur dirait leurs limites. Cette dernière est leur construction. Cela fait d'eux des tyrans de la pire espèce, des religieux bien-pensants dans le pire sens du terme.
J'ai déjà lu tout cela ailleurs et dans un passé bien plus récent que celui de Nietzsche.
Les derniers hommes sont woke.
jc
20/07/2021
Taguieff : "« Face à Nietzsche, que faire ? C’est-à-dire que penser ? Non pas être “pour ou contre Nietzsche”, alternative partisane, mais penser avec et contre Nietzsche. ». J'ose ce que Taguieff a sans doute osé penser, mais n'a pas pensé oser : "Être à la fois -je n'ose dire en même temps- “pour ou contre Nietzsche” et/ou "pour et contre Nietzsche".
René Thom a une conception de la logique qui diffère beaucoup de celle des modernes ("Avant Frege, il y a eu Boole, et c'est le début de la catastrophe."). Dans sa propre conception le "et" et le "ou" sont une seule et même conjonction de coordination, l''un se distinguant de l'autre par le franchissement d'un seuil : en deçà le "ou", au delà le "et". Après avoir fait remarquer au lecteur que le processus par lequel l'esprit arrive à lier en une forme unique une agrégation d'objets distincts est "le problème classique des mixtes -cf. le sophiste de Platon- que la logique moderne a cru pouvoir écarter à la faveur d'une reconstruction ensembliste de l'univers, reconstruction dont nous avons vu le caractère irréel et délirant;", Thom propose un modèle dynamique des mixtes : "Ce modèle pourrait peut-être rendre compte du fait, a priori surprenant pour notre mode de pensée façonné par des millénaires de logique, qu'il existe des langues où le les emplois de "ou, "et" sont pris en charge par une seule et même conjonction, la distinction ultérieure se faisant par l'adjonction d'adverbes du type : un seul, resp. tous les deux (1)." (1) [note de Thom] Une langue samoyède, cf. R. Jakobson, Essai de linguistique générale, Paris, Éditions de Minuit, p.82.".
En consultant Wikipédia on apprend que : "Le terme de samoyède vient du russe самоед (samoyed), traduit par l'étymologie populaire comme signifiant « qui se mange soi-même » (сам, sam → soi-même ; ед, ed → manger)". (Je rappelle que 1. pour Thom l'assertion de nature translogique "Le prédateur affamé est sa propre proie" -qu'il associe à la catastrophe "fronce"- est à la base de l'embryologie animale; 2. pour Héraclite "Lharmonie suprême est l'harmonie des contraires".)
Taguieff : "Face à Nietzsche, il faut penser librement. Tâche redoutable.". Thom : "(...) la mathématique est la fille de la liberté humaine. Elle en est peut-être le plus splendide rejeton.". Badiou : "L'ontologie c'est la mathématique." (Je suis d'accord avec Badiou sur ce point, quoique je préfère nettement l'ontologie "à la Thom" que l'ontologie "à la Grothendieck/Badiou").
Devant l'étrangeté du titre j'ai consulté l'étymologie du mot "complot" dans le wikitionnaire : "Pierre Guiraud (...) propose pour com-peloter le sens premier de « mettre ensemble des petits bouts de corde en les serrant autour d’eux ». Les trois sèmes dominants de cette reconstruction, « assemblage », « étroitement serré » et « recouvert donc caché », définissant la nature propre d’un complot, lui permettent de valider son hypothèse.". De com-ploter à com-manger il n'y a qu'un petit pas, celui qui consiste à ce que la tête de pelote, ivre de sa chair bleue, en ingurgite l'étincelante queue.
Je n'ai rien lu de Nietzsche.
Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier