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Article : Notes sur la proximité du Mal (dde.crisis)

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petrus

perceval 78

  04/01/2013

Mal ou meute?

serge laurent

  06/01/2013

Transformer la Meute Globale, le systeme,  en incarnation du mal me semble très exagère. C’est retourner les cliches du systeme contre lui meme, empire du mal toi meme en quelque sorte. Sortons plutôt des absolus totalitaires et contentons nous d’aboyer joyeusement au milieu des hurlements sinistres des loups de la meute. Le mal c’est un concept manichéen risible pour un rhéteur. On connait la chanson mensongère de la propagande, qui dit “rallie toi en tout aux chefs de la meute, tu lutteras contre le mal contre une part de la charogne”. Ce n’est pas ainsi que l’on convainc les hommes nobles et les vulgaires veulent leur livre de chair.

Références ?

mumen

  06/01/2013

Mr Grasset, j’ai parfois (rarement il est vrai tant j’apprécie votre lecture des faits) du mal avec votre vocabulaire et les peut-être libertés que vous prenez avec lui.

Dans le cas du Mal, c’est à chaque fois trop gros pour moi. Cette fois, je prend la plume.

Le couple Bien / Mal n’est pas un archétype, ce n’est pas un couple notionnel universel : c’est un couple qui a été forgé - inventé - par les babyloniens zoroastristes, en dérivant la dualité naturelle de l’ordre et du désordre.

Le couple Bien / Mal est une invention culturelle et opportuniste dont, par exemple, les chinois se sont passés. Cette pseudo-dualité est sans doute la première grande invention rationnelle (rationnelle parce que simplifiant l’appréhension du réel pour le rendre prévisible), moment clé de la civilisation méditerranéenne pré-religieuse, touchant la métaphysique qui est à contrario quelque chose de foncièrement irrationnel (sans démonstration ni prévision possibles).

Quand je vous lis, justifiant in fine la dramatique situation actuelle par le Mal tout court, je me retrouve insatisfait comme je le suis avec la lecture d’Arendt à la suite du procès de Nuremberg (Mal Banal, Mal Absolu), car je me retrouve en face d’une personne qui me donne l’impression de n’avoir plus de mots ni de concept pour exprimer ce dont elle témoigne et qui emploie ce qui lui reste de réflexes de son enfance innocente - mais éduquée - quand tout était simple : tout ce qui est Bien est ici, tout ce qui est Mal est là. Une régression à mes yeux, donc, quand on considère l’équilibre, la fraîcheur et la puissance de vos études habituelles.

De plus, employer, comme vous le faites, les notions de Bien et de Mal sans les étayer de votre propre explication du monde, implique que le sens que vous retenez de ces notions est celle qui est historiquement retenue par notre époque, à savoir le sens chrétien. L’usage de la croyance en Dieu et des textes bibliques, ne semble généralement pas votre habitude ; feriez-vous une exception pour le Bien et le Mal ?

Pour ma part, ce couple de mots n’a aucun sens intrinsèque et n’a désormais d’intérêt qu’historique (au sens socio-psycho-économico-etc…). Si l’on approche - c’est un gros travail - ce qu’implique cette fabuleuse / monstrueuse ruse éducative historique (méta-méta-méta-historique?), on tombe forcément sur toute une famille de monstres systémiques indéboulonnés, tel le fait que la femme, la gauche (senestre), le négligé, etc, soient au mieux simplement dépréciés systématiquement, au pire des émanations du mal et autres joyeusetés qui sont encore au fondement de préjugés tenaces de nos civilisations évoluées.

Je pense que, la religion chrétienne ayant été officiellement séparée de l’état, la modernité capitaliste a cessé d’employer une telle notion manipulatrice trop connotée, pour se réapproprier en ses fondements, en sa métaphysique inaudible (celle du “Nous Croyons que Nous ne Croyons en Rien”, que “Tout est Relatif”), l’origine historique de la célèbre pseudo dualité : l’ordre et le désordre. Cette réappropriation quelque millénaires plus tard, s’accompagne désormais du nihilisme qui fait du désordre, comme du mal auparavant, ce qui doit être éradiqué.

C’est à dire que, sans se référer au Bien et au Mal, on conserve désormais l’état d’esprit du message chrétien qui à présidé au fait que, dans la dualité en général, un seul côté est désirable et que l’autre est éradiquable.

C’est cela qui dessine le paradigme moderne, jamais officiellement remis en cause parce que jamais exprimé pour ce qu’il est, au fondement de nos actes et politiques : de l’ordre, de l’ordre, de l’ordre.

Je pense que cette maladie psychologique racine est nettement plus puissante comme fondement réflexif sur le quotidien, que la pseudo dualité du le Mal et du Bien, qui est volonté hégémonique de description absolue du monde, paire de mots valise creux et dépassés dont le sens varie en fonction de la Personne, de la Révélation, du Livre, de l’interprétation du livre…

mumen

? une réponse chez Joseph de Maistre ...

Francis Lambert

  06/01/2013

Joseph de Maistre-Les Soirées de Saint-Petersbourg :
« D’autres cyniques étonnèrent la vertu, Voltaire étonne le vice. Il se plonge dans la fange, il s’y roule, il s’en abreuve ; il livre son imagination à l’enthousiasme de l’enfer qui lui prête toutes ses forces pour le traîner aux limites du mal… Quand je vois ce qu’il pouvait faire et ce qu’il a fait, ses inimitables talents ne m’inspirent plus qu’une espèce de rage sainte qui n’a pas de nom. Suspendu entre l’admiration et l’horreur, quelquefois je voudrais lui faire élever une statue… par la main du bourreau. »

NB: plus clair ce n’est pas publié, mais c’est peut-être dû à ma maladresse et je respecte trop la qualité de ce blog pour ne pas y voir de la bienveillance.
Evidemment je ne suis pas “Maistrien”, plutôt “Voltairien”.