Alexis Toulet
10/04/2015
Le directeur de l’Institut Russe des Etudes Stratégiques, l’un des principaux organismes d’analyse stratégique à la disposition des autorités russes, nous livre un entretien riche, intéressant et… surprenant.
Plus exactement, il le livre au site The Saker, orthodoxe fervent, fortement pro-russe et anti-américain (les intertitres du type “Et Satan mène le bal” sont de lui). Il prêche des convaincus, en somme.
Si l’entretien est véritablement surprenant, c’est que nous ne parlons pas là d’un propagandiste de bas étage, mais d’un institut d’analyse officiel qui est une sorte de rival russe à un Rand ou un Stratfor américains. Naturellement le directeur Léonide Reshetnikov ne dit pas nécessairement exactement ce qu’il pense et le résultat des analyses de son institut… mais il est difficile de croire qu’il s’éloigne trop de l’essentiel de la vision que présente effectivement cet institut d’études au président russe.
Et cette vision est… Ouh-là !
Sans doute, la télévision russe est-elle inondée d’une propagande crue, souvent grossière, concernant Etats-Unis et Europe. Ce que dit Reshetnikov en est-il une simple “version CSP+”, dans le sens de propagande plus raffinée mais toujours avant tout un discours contrôlé et manipulateur ?
Ce que je crains, c’est qu’il s’agisse d’une vision que cet analyste en chef certes peut avoir adapté pour raison de confidentialité et un peu épicé pour meilleur impact… mais qui corresponde dans les grandes lignes et surtout dans le tableau d’ensemble à ce qui est servi en privé au président russe, au gouvernement et aux responsables militaires.
On relèvera sans doute des erreurs dans son discours. Les raccourcis sur les missiles de croisière qui devraient être réadaptés à un lancement depuis le sol et les exagérations sur la rapidité d’un déploiement de 50 000 soldats en Afghanistan ne me semblent cependant pas l’essentiel. En réalité, l’adaptation des Tomahawks au surface-surface ne serait pas longue, et un déploiement prendrait certes plus de temps mais sans changer l’argument principal. Donc qu’il s’agisse d’erreurs, ou bien d’exagérations à visée de propagande, n’est pas le plus important.
Le plus important c’est ce tableau d’ensemble, cette vision hallucinée d’un monde occidental mobilisé en secret pour l’agression majeure et définitive contre le pays. Cette idée que la menace n’est pas potentielle, n’est pas un risque de long ou même de moyen terme. Mais que la menace est là. Que la date du jour est le 21 juin 1941.
Idée qui est particulièrement dangereuse dans la direction d’une nation certes solide et bien armée, mais largement dépassée dans la plupart des mesures de la puissance par les Etats-Unis et ceux qui les suivent.
Je ne vois que deux explications, toutes deux inquiétantes :
1. Reshetnikov a raison, et non seulement les Etats-Unis sont un empire bien plus néfaste que la plupart des critiques des Etats-Unis ne l’ont compris, mais encore un empire très dangereux car engagé dans ce qui pourrait dériver vers une nouvelle guerre mondiale
2. Reshetnikov a tort, et c’est l’essentiel des élites de sécurité de Russie qui est pris par une vision à tonalité paranoïaque du danger dans lequel se trouve leur pays, non pas quelques excités ou quelques propagandistes intéressés, mais les analystes intellectuels eux-mêmes ceux qui sont chargés de fournir une vision détaillée du monde extérieur aux autorités de Russie
Aussi compréhensif envers la politique étrangère russe en Ukraine et aussi critique envers la politique américaine que je puisse être, mon sentiment va clairement vers la deuxième option.
Mais cette option n’est guère plus rassurante que l’autre…
Il serait bon de ne pas aggraver cette vision hallucinée chez les dirigeants russes.
perceval78
10/04/2015
L’on apprend donc aujourd’hui grâce au journal Sputnik, merci la presse Française, qu’un membre du renseignement Français,
a été auditionné à l’assemblée nationale le 25 Mars lien.
Le verbatim se trouve ici lien
C’est un général, ce qu’il dit est très clair : La vraie difficulté avec lOTAN, cest que le renseignement américain y est prépondérant, tandis que le renseignement français y est plus
ou moins pris en compte doù limportance pour nous dalimenter suffisamment les commanders de lOTAN en renseignements dorigine française.
LOTAN avait annoncé que les Russes allaient envahir lUkraine alors que, selon les renseignements de la DRM, rien ne venait étayer cette hypothèse nous avions en effet constaté que les Russes navaient pas déployé de commandement ni de moyens logistiques, notamment dhôpitaux de campagne, permettant denvisager une invasion militaire et les unités de deuxième échelon navaient effectué aucun mouvement.
La suite a montré que nous avions raison car, si des soldats russes ont effectivement été vus en Ukraine, il sagissait plus dune manuvre destinée à faire pression sur le président ukrainien Porochenko que dune tentative dinvasion..
Nous comprenons donc, que nous sommes embarqués dans une organisation l’OTAN, qui peut déclencher une guerre suite à des informations données par le protectorat Américain, il est temps de ré-écouter ce qu’en disait le Grand Général lien.
mumen
10/04/2015
Je n’ai rien lu d’aussi fort depuis longtemps…
Bertrand Arnould
12/04/2015
Mon problème, c’est que je souffre des mêmes hallucinations et ce depuis pas mal de temps déjà, j’ai même une hypothèse pour compléter les suppositions de Rechetnikov sur ce qui constitue le gouvernement secret qui est à la manuvre derrière les états unis, qui avec israël ne sont que des pièces sacrifiables quand il le sera jugé utile, je ne déballerai pas cette hypothèse, cela serait trop long, laborieux et inutile car cela fait partie des choses auxquelles l’on arrive que par soi-même.
Merci à Philippe Grasset de nous avoir dégotté cette perle, grâce à cela je me sens moins seul, si vraiment pas plus rassuré cependant pour l’avenir matériel de mes enfants
François Jéru
13/04/2015
2013, le 10 déc.
” Un « mall » très luxueux dans une grande capitale, doté de boutiques de luxes qui sadressent à une consommation qui monte en gamme, va subir des coupures délectricité. LInde, le Brésil, la Russie illustrent très bien ce type de problèmes.”
http://www.bsi-economics.org/index.php/macroeconomie/item/227-pays-emergents-ralentissement-ordre-structurel
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