Jean-Paul Baquiast
02/10/2013
Si l’on admet (ce qui reste à prouver) que les populations, y compris en Europe, ont besoin de rêves pour exister, demandons nous ce que pourrait être le nouveau rêve capable de remplacer l’américain dream. Non seulement en Amérique mais en Europe et en France, ou ce rêve est encore très puissant.
Rêver à l’effondrement de l’Amérique ne serait pas suffisant car quid ensuite? Rêver à la science et à la Singularity? Seules des minorités pourraient le faire. Rêver plus prosaïquement à un retour d’une société euro-russe telle qu’au 18e/19e siècles? pourquoi pas mais…
Le vrai rêve sera celui qui anime déjà une partie du monde, y compris certains dans nos banlieues: le djihad et l’accès au paradis d’Allah. Me trompe-je? Si oui, merci pour moi.
Andros
02/10/2013
En réponse à M. Baquiast : ce rêve américain était un échappatoire hors du terrible quotidien des deux Révolutions Industrielles. De Karl May au western spaghetti, il parlait d’une terre meilleure que celle qui se trouvait partout où notre regard se portait.
Aujourd’hui, le regard se porte sur les écrans électroniques et, chose curieuse, il ne s’agit plus d’un échappatoire mais d’une partie intégrante du quotidien. On sait bien qu’on habite une tour moche, mais on aura bien fait progresser son personnage dans un univers virtuel. Les drames passionnels sont plus intenses car permanents, même kaléidoscopiques grâce aux réseaux sociaux.
De ce même fait, le vécu est toujours ressenti, mais finalement moins important que pour d’autres générations.
Et l’Amérique ? Elle est venue à nous, avec ces immenses banlieues pavillonnaires, et nous y sommes même mieux lotis, par rapport à la misère culturelle et économique du Nouveau Monde. Dans toute conversation badine sur les USA, on en vient toujours à admettre que la Sécu n’y existe pas alors qu’ici on n’y prête même pas attention.
Donc, le Rêve Américain est maintenant partout, le rêve aussi -non pas en tant qu’espoir, mais en tant que fonction cérébrale particulière, au sens propre donc ! - toujours à portée de main dans la poche ou le sac.
Quant au Jihad, il est à se demander ce qu’il en restera une fois les subventions de ces rois nègres du Golfe Persique taries.
Car, soit dit en passant, il me paraît inconcevable que les immenses fortunes liées à l’extraction du pétrole brut aient été laissées à la libre disposition de quelques locaux, intégralement redevables à l’Occident depuis l’éviction des Hachémites de la Mecque (1924) et à jamais dépourvu de quelque moyen de pression que ce soit.
Vu que les pétrodollars s’en retournent dans le système bancaire mondiale, il faudrait se demander si cela ne représente pas une manne librement utilisable, sans surveillance d’un Congrès ou de quelle autorité que ce soit, pour nombre de coups tordus, bizarrement toujours à l’encontre de l’Islam in fine.
Finalement, cette séquence psycho-politique commencée le 11/09/01 ne serait-elle pas , au contraire du réveil où l’on se rend compte que l’on a rêvé, le déchirement d’un voile de faux bon sens, d’une normalité suspecte, pour se réveiller dans un monde où c’est justement l’inimaginable (ou plutôt l’inimaginé) qui règne ?
Dans cette perspective, ceux qui s’intéressent aux conspirations, en quête de la Vérité (autre “Rêve” qui a fait bouger l’humanité), ne seraient-ils pas plus proche non pas des faits en eux-mêmes mais de la manière d’évoluer dans un monde pétri de rêve manufacturé (“L’ère de la communication”) ?
ludovic pradere
04/10/2013
L’histoire nous apprend qu’un empire assoit sa domination d’abord economiquement, puis politiquement et enfin psychologiquement. Elle nous enseigne aussi qu’il perd ces attributs de domination dans le meme ordre : economique, militaire puis culturel.
La chine est devant les USA economiquement, nous assistons a la fin de l’hegemonie militaire US, son primat culturel tient encore mais sa chute suivra inevitablement.
La Chine ne prendra sa place que si elle a une vocation imperialiste, ce dont je ne suis pas sur. Sinon, le regne US sera suivi par une periode de multilateralisme, ou d’anarchie selon le point de vue, jusqu’a ce qu’un nouvel empire emerge.
La seule chose qui change c’est le tempo. Notre technologie raccorcit distances et temps. Mais la dynamique de l’histoire demeure.
Alexis Toulet
04/10/2013
L’hypothèse que le gouvernement américain fasse effectivement défaut sur sa dette le 18 octobre n’est guère considérée vraiment réaliste par la plupart des commentateurs attitrés. Ce n’est peut-être pas tout à fait un “cygne noir” (un événement totalement inattendu parce que le modèle dominant d’interprétation de la réalité en exclut la possibilité même), mais enfin il est d’un gris très foncé.
Cependant, même si le scénario le plus probable reste que le fameux plafond de l’endettement fédéral soit une fois encore remonté à temps, le scénario alternatif n’est pas si invraisemblable qu’il n’y paraît. J’ai publié sur Noeud Gordien une petite exploration de trois raisons, trois aspects de la situation qui pourraient y conduire :
- Des Républicains qui n’ont rien à perdre ?
- Deux partis qui ont d’ailleurs toutes les raisons de camper sur leurs positions…
- Crise du “shutdown” : une opportunité pour des décisions audacieuses ?
La troisième pourra paraître irréaliste à qui est comme moi lecteur de longue date de Philippe Grasset, puisqu’elle suppose des dirigeants américains qui se conduiraient comme des hommes d’Etat, avec réalisme et audace à la fois. Mais enfin dans le chaudron de possibilités et de forces qui bout à Washington et autres lieux, on ne peut tout à fait exclure une surprise… Et dans le cas où les dirigeants américains cacheraient bien leur jeu (Mark Twain : “Je me demande parfois si le monde est dirigé par des gens intelligents qui se moquent de nous ou par des imbéciles qui y croient vraiment”), ce “shutdown” serait effectivement une très belle occasion d’être audacieux…
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