pierre
10/02/2011
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Adler, BHL et Finkielkraut anxieux face à la perspective dune Egypte démocratique
Tout le monde devrait se réjouir de la contestation du régime répressif de Moubarak en Égypte. Mais la joie de voir la mise en place d’une véritable démocratie dans ce grand pays arabe est gâchée par une sombre perspective : la prise du pouvoir par les Frères Musulmans. Mais alors que The Economist qui nest pas précisément un organe islamo-gauchiste se réjouit dune révolte pacifique, populaire et séculière, trois des principaux intellectuels médiatiques français sont heureusement là pour mettre en garde les naïfs qui stupidement sont toujours prêts à applaudir à la chute des dictateurs.
Dans le Figaro des 29 et 30 janvier, Alexandre Adler est le premier à tirer la sonnette d’alarme dans sa chronique intitulée « Vers une dictature intégriste au Caire ? » dans laquelle il qualifie au passage Mohamed El Baradei, l’une des figures de proue de l’opposition à Moubarak de « pervers polymorphe ».
Alain Finkielkraut prend le relais dans Libération du 3 février. Il se demande si Mohamed El Baradei sera « l’homme de la transition démocratique ou lidiot utile de l’islamisme » et doute de la possibilité de l’instauration d’un régime démocratique en Égypte à cause des Frères musulmans. Selon lui, il y avait une tradition démocratique en Europe de lEst mais il doute quil y en ait une en Egypte. Cest faux et stupide à la fois. Seule la Tchécoslovaquie avait été une démocratie avant linstauration du communisme en Europe de lEst. Et il est curieux dexiger le préalable dune tradition démocratique pour une nation qui veut justement faire chuter une dictature. Dans Le Point (dont la couverture est sobrement intitulée « le spectre islamiste »), BHL avoue sa crainte de voir les fondamentalistes bénéficier de la chute de Moubarak avec la perspective d’une Égypte qui suivrait l’exemple iranien.
Ces trois intellectuels relaient en fait les craintes israéliennes face au changement politique en Égypte. Ce qui est assez amusant c’est que les mêmes qui ont dénoncé pendant des lustres l’absence de régimes démocratiques dans le monde arabe s’inquiètent désormais de la possibilité qu’il en existe. Cela ferait tomber leur argument de « Israël la seule démocratie du Proche-Orient » qu’ils psalmodient. Mais surtout cela pourrait signifier la mise en place de régimes moins accommodants avec Israël. Or cest leur principale pour ne pas dire unique préoccupation.
Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’ils soient passés complètement à côté de la révolution tunisienne ; ils n’ont ni soutenu la révolte populaire comme ils ont pu le faire pour l’Iran, (la Tunisie nest pas hostile à Israël donc on ny soutient pas les revendications démocratiques) ni ne se sont inquiétés de ses conséquences comme ils le font pour l’Égypte (la Tunisie na pas un rôle clé au Proche Orient).
Ils font un parallèle entre la mise en place d’un régime répressif islamiste en Iran après 1979 et ce qui pourrait se produire en Égypte. Comparaison n’est pas raison ; si le régime des mollahs a pu simposer en Iran, c’est en grande partie du fait des craintes d’interventions extérieures américaines (et du précédent Mossadegh) et face à l’agression à partir de 1980 de Saddam Hussein, à l’époque soutenu unanimement par le monde occidental. Le sentiment de menace extérieure a largement servi le régime iranien pour se maintenir en place. C’est d’ailleurs une règle générale qui ne vaut pas que pour l’Iran.
Curieusement nos trois vedettes médiatiques qui s’inquiètent fortement de l’arrivée au pouvoir d’un mouvement intégriste religieux n’ont jamais rien dit contre le fait qu’en Israël un parti de de cette nature soit membre depuis longtemps de la coalition gouvernementale. Le parti Shass un parti extrémiste religieux (et raciste) est au pouvoir en Israël avec un autre parti d’extrême droite celui-ci laïc et tout aussi raciste, Israel Beiteinu. Ces deux partis alliés au Likoud essaient d’ailleurs de restreindre les libertés politiques et mettent une très forte pression sur les différentes O.N.G. de défense de droits de l’homme sans que nos trois intellectuels s’en émeuvent particulièrement.
Les Frères musulmans peuvent-ils prendre seul le pouvoir ? C’est fortement improbable pour ne pas dire impossible. Un gouvernement auquel éventuellement participeraient les Frères musulmans pourrait lever le blocus sur Gaza. Il ne se lancerait pas dans une guerre contre Israël du fait du rapport de forces militaires largement favorable à Israël sans parler de l’appui stratégique américain. Ce qui pourrait se produire par contre, c’est quun autre gouvernement égyptien soit moins accommodant avec l’actuelle coalition de droite et d’extrême-droite au pouvoir en Israël. Mais est-ce si grave qu’un pays démocratique d’une part ait une politique indépendante et dautre part ne laisse pas carte blanche à un gouvernement de droite et d’extrême-droite ?
Les masques tombent. Nos trois intellectuels dénoncent un éventuel extrémisme en Egypte mais soutiennent celui au pouvoir en Israël. Ils critiquent labsence de démocratie dans le monde arabe mais sémeuvent dès quelle est en marche. Leur priorité n’est pas la démocratie mais la docilité à l’égard d’Israël, fut-il gouverné avec l’extrême droite.
Morbihan
10/02/2011
Quels que soient les “media” que j’écoute - que je regarde (avec mes oreilles) - partout, c’est la même langue de bois.
J’écoutais, ce soir (jeudi 10/02/2011), Nicolas Demorange sur Europe 1. Les “experts” qu’il a fait intervenir sont d’une nullité crasse: leur discours les amène à considérer que les USA gèrent (en français, au pluriel; en anglo-saxon…) au mieux la “crise” égyptienne. Pour notre bien et celui d’Israël. Quid du “bien” des égyptiens? C’est comme si nous glosions sur le monde autour d’une galette des rois, sans même laisser les miettes aux premiers concernés…
Je suis désemparé:enfant, nourri par Spirou (les histoires de l’oncle Tom et, surtout, Buck Danny) la vision du monde que j’avais était pro-américaine, qui plus est teintée de Coca-Cola. Ce revirement est déchirant; non, cet éveil est violent, plus que déroutant.
Quand donc comprendrons-nous que nous n’avons PAS LE MOINDRE DROIT de juger, à leur place, ce qui est bon, pour les Egyptiens. Pour les Tunisiens. Pour tous les autres. Dont les Français.
Et quand je subodore ce que Baraque Oh Bas Ma a dû faire pour évincer le Rafale au Brésil, mais, bordel, quand nos gouvernants vont-ils se réveiller?
Enfin, quand je lis ce qu’écrit Basquiat sur l’automatisation et ses conséquences problables, je crains qu’il ait raison moi qui, informaticien, aurai contribué à transformer des milliers d’emplois, dans l’illusion que j’étais qu’il s’en créerait au moins autant d’autres pour les remplacer.
Je ne pense pas à gauche, tant je pense que l’individu peut avoir son point de vue, mais j’espère ne pas confondre individu et égoïsme.
Pierre Robes-roule
10/02/2011
Le fameux livre de Jean Raspail, le camp des saints vient d’être réédité. Il n’est pas impossible que l’histoire que Raspail nous a raconté se réalise, comme se réalise - toujours- un prophétie, une vraie. Il y avait ce soir, dans les rues du Caire, plusieurs millions d’égyptiens. Imaginons que demain, armés d’une seule pierre, ces égyptiens prennent la route de l’est, franchissent le canal, traverse le Sinai et viennent attaquer, munis de cette seule pierre, le voisin, l’ennemi héréditaire, symbolisant tout, le génie comme l’arrogance : Israël. Que faire ? C’est exactement la question que pose Jean Raspail et qui pourrait bien se poser, très vite, à Israël. Que faire ? Lénine a posé pas mal de bonnes questions, n’est-ce pas ?
Qui se souvient de la marche verte, organisée par Hassan II (un roi qui avait un profond sens de l’histoire) pour reconquérir le Sahara occidental. Ce fut un demi succès.
Les Peuples sont des volcans en sommeil. Quand ils mettent en irruption, cela peut être le plus beau des spectacles comme la plus destructrice des catastrophes…..
Enfin, chez nous, le monde moderne faisait son spectacle à la télé. L’acteur Sarkozy est franchement médiocre. Il n’est pas à la hauteur du drame. J’espère au moins que mon petit Charles Péguy, là où il se trouve, aura bien rigolé.
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